USA : « Conversations incroyablement positives » sur la vente de F-35 aux EAU
Morgan Ortagus du Département d'Etat a révélé aux médias émiratis l'existence de pourparlers pour fournir des avions F-35 dans le cadre de l'accord de normalisation avec Israël

La porte-parole du Département d’Etat américain, Morgan Ortagus, a déclaré mercredi que des « conversations incroyablement positives » étaient déjà en cours concernant la fourniture aux Emirats arabes unis d’avions de chasse F-35 d’élite et d’autres matériels militaires après l’accord de l’Etat du Golfe visant à normaliser ses relations avec Israël.
« Nous savons qu’il y a d’autres accords à formaliser entre les EAU et Israël, mais vous avez fait le premier pas et je ne doute pas que les autres vont se mettre en place, et c’est l’une des raisons pour lesquelles le secrétaire [Mike] Pompeo est ici », a déclaré Mme Ortagus à l’agence de presse Emirates News Agency, WAM, dans une interview à Abu Dhabi, en référence à la visite de Pompeo aux EAU mercredi.
« En ce qui concerne les F-35 ou tout autre matériel ou infrastructure militaire, je ne cesse de rappeler qu’il est important de savoir que les relations militaires et de sécurité entre les EAU et les États-Unis sont solides et existent depuis des décennies. Depuis la guerre du Golfe, les États-Unis ont vendu des avions et du matériel militaires, des F-16 entre autres, aux Émirats arabes unis », a déclaré Mme Ortagus.
« Ce n’est pas une nouvelle relation, c’est une relation sophistiquée que nous avons depuis des décennies », a-t-elle déclaré. « Il y a diverses discussions sur les éléments matériels, et les avions, et d’autres choses qui sont sur la table ».
La semaine dernière, le quotidien Yedioth Ahronoth a rapporté que les Etats-Unis prévoyaient de vendre la cinquième génération d’avions de chasse furtifs F-35 aux EAU dans le cadre d’un accord de normalisation récemment annoncé entre Jérusalem et Abu Dhabi. Alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rapidement démenti ce rapport comme étant une fausse nouvelle, le président américain Donald Trump et d’autres hauts fonctionnaires américains ont confirmé par la suite que Washington envisageait effectivement de vendre l’avion aux EAU et que l’accord de normalisation avait été un facteur important dans cette décision.
Indiquant en outre que la vente de F-35 était – au moins aux Emirats – liée à l’accord de normalisation, des responsables émiratis ont déclaré lundi soir au site d’information Walla qu’une séance de photos prévue avec des responsables israéliens, émiratis et américains avait été annulée à la lumière des commentaires publics de Netanyahu contre la vente.
Bien que les responsables israéliens aient indiqué que Jérusalem considère l’acquisition par les EAU du F-35 – un des avions opérationnels les plus avancés au monde – comme un pas de trop, l’agence de renseignement du Mossad aurait fait pression pour qu’Israël vende ses propres armes de pointe à Abou Dhabi depuis des années, malgré l’opposition du ministère de la Défense, qui craint que la technologie militaire ne finisse entre les mains de l’Iran ou d’autres nations ennemies.

Selon l’article du Yedioth, dans un effort pour améliorer les relations avec les EAU suite à une tentative d’assassinat embarrassante et ratée à Dubaï en 2010, le Mossad – avec l’approbation de Netanyahu – a encouragé les ventes d’armes au pays du Golfe, y compris des munitions classifiées et de haute précision, ainsi que des outils technologiques puissants comme le logiciel Pegasus de piratage téléphonique développé par la société de cyber-intelligence NSO Group.
Le ministère de la Défense, qui est légalement tenu d’approuver toutes les ventes d’armes à des pays étrangers, a fait part de ses préoccupations concernant ces ventes aux EAU, car l’Iran maintient une importante présence de renseignements dans le Golfe, mais les a finalement autorisées à la lumière des demandes du Mossad, selon le rapport.
Les États-Unis sont légalement tenus de maintenir l’avantage militaire d’Israël au Moyen-Orient – connu officiellement sous le nom de Qualitative Military Edge, ou QME – bien que cela n’ait pas toujours empêché Washington d’approuver des ventes d’armes avancées aux pays de la région. Israël n’a pas de droit de veto sur les ventes d’armes américaines, mais les États-Unis prennent leur décision sur la base des évaluations du Pentagone concernant la puissance militaire israélienne et la manière dont de tels accords pourraient l’affecter.
Ainsi, au fil des ans, les États-Unis ont accepté de vendre les F-35 à la Turquie malgré l’opposition d’Israël, bien que cela ait ensuite été rendu sans objet après l’achat par Ankara du système de défense antimissile S-400 à la Russie malgré l’opposition farouche des Américains, ce qui a incité Washington à annuler le contrat des F-35.
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