Washington : Des policiers racontent l’assaut du Capitole
Mike Fanone a été frappé et il a fait une crise cardiaque. Daniel Hodges a été écrasé contre une porte et battu et un émeutier a tenté de lui arracher un œil
Trois agents de la police de Washington ont raconté les moments très pénibles pendant lesquels ils ont défendu le Capitole au cours de la prise d’assaut de l’institution par des partisans du président Donald Trump qui tentaient d’empêcher la certification de la victoire de Joe Biden aux élections présidentielles, le 6 janvier.
Ces émeutes particulièrement violentes ont entraîné quatre morts parmi les partisans de Trump. Un policier a été mortellement frappé avec un extincteur. Trump avait demandé à ses soutiens de défiler vers le Congrès et de « se battre à mort » pour « sauver » le pays et pour empêcher le président-élu Joe Biden de faire son entrée à la Maison Blanche, le 20 janvier.
« Cela a été simplement le chaos absolu. Avec un combat brutal, moyenâgeux », a déclaré Mike Fanone, du Département de la police métropolitaine, aux médias américains. Fanone a été frappé par les émeutiers qui ont utilisé un taser pour le neutraliser, provoquant une crise cardiaque modérée. Il est actuellement en train de se rétablir.
« De manière assez ironique, j’ai été agressé à l’aide d’un thin blue line flag [drapeau arborant une étroite ligne bleue], » a raconté Fanone en évoquant l’emblème de la police, qui est habituellement employé par les conservateurs.
« On m’a enlevé mon badge, on m’a arraché ma radio, on m’a arraché l’un de mes chargeurs de munition. Et ces types tentaient d’attraper mon arme et ils scandaient : ‘Tuez-le avec son arme’, » a-t-il ajouté.
« A ce moment-là, je me suis dit : ‘Mais comment est-ce que je vais réussir à survivre à cette situation ?’, » a-t-il continué.
Il a expliqué avoir réfléchi à utiliser son arme à feu mais qu’il avait renoncé, craignant que la foule ne parvienne à le désarmer et ne lui tire dessus.
« J’ai commencé à me dire que peut-être, je pouvais en appeler à l’humanité de quelqu’un et j’ai commencé à crier que j’avais des enfants. Et ça a semblé fonctionner », a poursuivi Fanone. Un certain nombre de manifestants ont pris sa défense avant que d’autres policiers ne parviennent à l’ex-filtrer.
A ceux qui lui sont venus en aide, Fanone a dit « merci mais, vous savez, allez vous faire f… – vous n’aviez pas à être là ».
Pour sa part, Daniel Hodges, agent de police, est devenu tristement célèbre pour des images où il apparaissait écrasé contre une porte et hurlant de douleur alors que les émeutiers envahissaient le Capitole.
« Ils disaient qu’on était des traîtres, ils nous hurlaient dessus, ils nous disaient de nous souvenir de notre serment et finalement, ils nous ont attaqués », a dit Hodges. « Ils nous ont attaqués. A coups de poing, tentant de voler nos équipements, à coups de pied, en nous poussant ».
Plus tard, alors qu’il s’efforçait d’empêcher les intrus de pénétrer dans un couloir allant vers le bâtiment, il s’est trouvé écrasé contre une porte par la foule qui tentait d’entrer.
« A ce moment-là où j’étais dans ce couloir, bloqué, j’ai essayé de faire de mon mieux pour les empêcher de passer et j’ai utilisé mon corps pour le faire », a-t-il déclaré. « Mais malheureusement, à ce moment-là, mes bras se sont retrouvés coincés. J’ai été incapable de me défendre ».
Un individu a alors essayé de lui arracher un œil et un autre l’a frappé avec sa propre matraque.
« Sur la vidéo, vous voyez bien quelqu’un qui tente de m’arracher mon masque à gaz, qui arrive aussi à m’arracher ma matraque et qui me frappe avec », a-t-il noté. « Pour ma part, je luttais contre les gaz lacrymogènes qui m’étouffaient et je ne disposais clairement plus de toutes mes forces », a précisé Hodges.
« Cela a été l’une des trois reprises où je me suis dit ce jour-là : Eh bien, peut-être que c’est arrivé pour moi. Peut-être que c’est la fin ».
Finalement, les policiers – avec parmi eux Fanone (c’était avant que lui-même ne se fasse agresser) – ont pu lui venir en aide et sont parvenus à le mettre en sécurité.
« Les émeutiers avaient avec eux du gaz poivré, cette sorte spéciale de produit qui est habituellement utilisé contre les ours. On m’en a aspergé au visage à de multiples reprises, ça maintient les yeux fermés », a commenté Christina Laury, une policière. « On voyait les agents se précipiter à l’étage inférieur pour trouver de l’eau et se nettoyer les yeux, ils essayaient d’ouvrir les yeux pour pouvoir à nouveau voir ».
« A la seconde où ils réussissaient à garder les yeux ouverts, ils revenaient pour essayer d’empêcher ces individus d’entrer », a-t-elle continué. « Je me souviens des barres de métal que ces types balançaient en notre direction. Ils nous aspergeaient de gaz poivré et de gaz lacrymogène ».
La présidente de la Chambre Nancy Pelosi a expliqué vendredi que le général à la retraite Russel Honore, qui avait coordonné la réponse à l’ouragan Katrina, superviserait un réexamen immédiat du dispositif de sécurité au Capitole américain suite aux émeutes meurtrières survenues la semaine dernière.