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Washington va déclarer trois groupes « antisémites » ; l’ADL en désaccord

L'Anti-Defamation League a déclaré que qualifier Amnesty International, Human Rights Watch et Oxfam d'antisémites "n'est ni exact ni utile à la lutte contre l'antisémitisme"

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo s'exprime lors d'une conférence de presse, le 31 mars 2020, à Washington. (AP Photo/Andrew Harnik, Pool)
Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo s'exprime lors d'une conférence de presse, le 31 mars 2020, à Washington. (AP Photo/Andrew Harnik, Pool)

L’Anti-Defamation League a vivement critiqué une décision américaine qui viserait à déclarer « antisémites » plusieurs grands groupes internationaux de défense des droits de l’homme.

Dans un article publié mercredi, le site d’information Politico a déclaré que cette désignation s’appliquerait à Amnesty International, Human Rights Watch et Oxfam.

Critiquant cette décision, l’Anti-Defamation League a déclaré que cela politiserait les efforts de lutte contre l’antisémitisme.

« Nous croyons fermement que ces organisations sont cruciales pour assurer une société civile solide et des protections démocratiques dans le monde entier », a déclaré l’ADL, tout en reconnaissant qu’il y avait un « désaccord important » entre elle et les trois groupes sur la politique d’Israël.

L’ADL a déclaré que qualifier ces groupes d’antisémites « n’est ni exact ni utile à la lutte contre l’antisémitisme ».

Le membre démocrate du Congrès du Michigan Andy Levin, qui travaillait pour Human Rights Watch, a également critiqué cette décision.

« Critiquer la politique d’Israël n’est pas de l’antisémitisme. Je le sais parce que je le fais par amour pour un pays que je veux faire prospérer », a-t-il déclaré sur Twitter.

Il a également déclaré que les groupes visés « font un travail essentiel, souvent dangereux, pour protéger les droits de l’homme ».

Andy Levin, Démocrate du Michigan, arrive pour participer à des briefings réservés aux élus à Capitol Hill à Washington, le 15 novembre 2018. (AP Photo/Carolyn Kaster)

Des informations sur cette décision ont été communiquées juste avant une conférence internationale sur l’antisémitisme, à laquelle ont participé le secrétaire d’État Mike Pompeo, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres fonctionnaires et analystes. La conférence portait sur la haine en ligne et mettait l’accent sur l’antisémitisme de gauche et le terrorisme islamique ainsi que sur l’activisme anti-Israël.

Si aucun intervenant ne s’est concentré uniquement sur l’antisémitisme d’extrême droite, des responsables, dont Benjamin Netanyahu et d’autres, ont toutefois mentionné les néo-nazis comme étant un danger pour le peuple juif.

« L’antisémitisme contemporain se nourrit de ses précurseurs plus traditionnels, se concentrant souvent sur l’État d’Israël, qui pour l’antisémite moderne est la manifestation du Juif collectif », a déclaré Netanyahu.

« Aujourd’hui, des personnes ayant des programmes politiques opposés peuvent néanmoins se retrouver unies dans la haine d’Israël et du peuple juif. Le néo-nazi, le révolutionnaire d’ultra-gauche, le militant islamiste ne sont peut-être d’accord sur rien d’autre, mais ils partagent tous une haine commune envers nous et cette haine inonde Internet », a-t-il ajouté.

L’ADL, la plus importante organisation juive de lutte contre l’antisémitisme, ne faisait pas partie des intervenants.

L’envoyé spécial des États-Unis pour la surveillance et la lutte contre l’antisémitisme, Elan Carr, intervient devant la Conférence des présidents à Jérusalem, le 21 février 2019. (Matty Stern|/ Ambassade des États-Unis à Jérusalem)

L’article de Politico, qui cite deux responsables, indique que les groupes seront visés par une déclaration sous la forme d’un rapport de l’envoyé spécial américain pour la surveillance et la lutte contre l’antisémitisme, Elan Carr, qui pourrait être publié dès cette semaine.

Cette déclaration mentionnerait le soutien supposé ou perçu des groupes de défense des droits de l’homme au mouvement anti-Israël de boycott, désinvestissement et sanctions, indique l’article de Politico.

Israël a longtemps accusé les groupes de défense des droits de l’homme de partialité, ciblant injustement Israël et d’appliquer à l’État juif des normes plus élevées que celles d’autres pays en ce qui concerne le traitement des Palestiniens.

L’année dernière, le ministre des Affaires stratégiques de l’époque, Gilad Erdan (aujourd’hui ambassadeur d’Israël aux Nations unies), a menacé d’interdire l’accès d’Israël à Amnesty International en raison d’un rapport appelant des sites web comme Airbnb, Booking.com, Expedia et TripAdvisor à boycotter les annonces dans les implantations israéliennes en Cisjordanie.

Sur cette photo prise le 17 janvier 2016, Moshe Gordon pose aux abords de sa maison d’hôtes dont il fait la publicité sur le site star de partage Airbnb dans l’implantation de Nofei Prat, en Cisjordanie. (Crédit : AP Photo/Tsafrir Abayov, File)

« Amnesty International, cette organisation hypocrite qui parle au nom des droits de l’homme, agit en faveur d’un boycott des Israéliens dans le cadre d’une campagne de délégitimation antisémite », avait déclaré Erdan à l’époque.

L’année dernière également, Israël a expulsé le directeur local de Human Rights Watch pour son soutien présumé au mouvement BDS contre Israël.

Le département d’État et l’ambassade israélienne à Washington n’ont pas réagi à ces annonces.

L’article Politico a suscité des critiques de la part des responsables américains et les organisations de défense des droits de l’homme ont nié avec véhémence le caractère antisémite de leurs activités.

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