Yahadout HaTorah menace de renverser le gouvernement s’il n’obtient pas 1 Md de NIS pour les yeshivot
Le chef du parti haredi, Yitzchak Goldknopf, exige une action "immédiate" sur la question pour s'assurer le soutien de son parti au budget de l'État

Le ministre du Logement Yitzchak Goldknopf, chef du parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, a menacé vendredi de s’opposer au budget de l’État pour 2025, ce qui ferait tomber le gouvernement, à moins que celui-ci n’alloue plus d’un milliard de shekels de fonds de coalition aux yeshivot.
Il s’agit de la deuxième menace de Goldknopf en moins d’une semaine, et la dernière d’une série d’ultimatums de la part des Haredim qui ont tous été rejetés jusqu’à présent.
Dans une lettre adressée au secrétaire du Cabinet, Yossi Fuchs, publiée par Ynet, Goldknopf se plaint que, bien que le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, lui aient récemment promis ces fonds, ils ne figurent pas dans la liste des fonds de la coalition qui doit être approuvée par le cabinet dimanche matin.
Goldknopf a appelé Fuchs à rectifier le tir « immédiatement » afin de garantir son soutien au budget à la Knesset.
Le budget de l’État pour 2025 doit être adopté avant la fin du mois de mars, faute de quoi le gouvernement tombera automatiquement, ce qui déclenchera des élections législatives anticipées.
Selon la chaîne publique Kann, le cabinet devrait approuver dans les prochains jours un financement de 1,3 milliard de shekels pour le budget des yeshivot destiné aux ultra-orthodoxes. En réponse au reportage de Kann, le chef de l’opposition Yaïr Lapid a accusé le gouvernement de « corruption », qualifiant les fonds éducatifs haredim de « butin ».

La semaine dernière, la station de radio ultra-orthodoxe Kol Haï a rapporté que Netanyahu et Smotrich avaient offert aux partis haredim de la coalition des concessions sur le budget de l’État pour 2025 afin d’obtenir leur accord pour le report de l’adoption d’une loi exemptant du service militaire les ultra-orthodoxes étudiant en yeshivot.
Selon le reportage, Netanyahu et Smotrich ont proposé aux partis haredim une augmentation de 15 % des budgets des réseaux scolaires ultra-orthodoxes, ainsi qu’un financement supplémentaire pour les enseignants de maternelle, dans le cadre du plan gouvernemental Ofek Hadash (Nouvel Horizon).
Crise de l’enrôlement
La dernière menace de Goldknopf contre le budget intervient quelques jours seulement après qu’il a averti qu’il renverserait le gouvernement s’il n’approuvait pas une loi excluant largement les ultra-orthodoxes de la conscription dans l’armée israélienne avant l’adoption du budget de l’État.
Selon un article paru mercredi dans le quotidien Hamodia, affilié au mouvement hassidique de Goldknopf, le chef du parti Yahadout HaTorah s’est plaint lors d’une réunion de faction à la Knesset qu’un projet de loi consacrant les exemptions militaires des étudiants en yeshiva aurait dû être adopté il y a longtemps, mais que le gouvernement Netanyahu a donné à plusieurs reprises des « excuses » et reporté son avancement.
« Nous avons deux options : soit ils reportent le projet de loi sur la conscription et nous nous dirigerons vers des élections cet été, soit ils insistent sur le projet de loi sur la conscription avant le budget et que le gouvernement termine son mandat », a insisté Goldknopf.
Tout en avertissant que le parti ne prendrait aucune décision finale avant d’avoir obtenu des conseils de ses dirigeants rabbiniques, Goldknopf a déclaré que le projet de loi sur l’enrôlement devrait être considéré comme prioritaire pour la poursuite du gouvernement, et qu’il devrait « être clairement indiqué au grand public » que, s’il n’est pas adopté avant le budget, le projet de loi sur l’enrôlement « ne sera jamais promulgué ».
Selon la presse israélienne, lors de la réunion hebdomadaire du cabinet la semaine dernière, Netanyahu a indiqué que le budget serait adopté en premier. En réponse, Goldknopf aurait demandé de manière rhétorique pourquoi son parti restait au gouvernement.
Le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a critiqué dimanche le parti Yahadout HaTorah.
« Les combattants donnent tout, les réfractaires reçoivent tout », a écrit Liberman sur X.
« Le gouvernement émet 400 000 ordres en direction des réservistes et donne en même temps un milliard de shekels aux yeshivot, en plus de l’important budget qu’elles ont déjà reçu », a-t-il déploré, ajoutant que « le gouvernement du 7 octobre achète la paix politique aux dépens des combattants ».
En juin, la Haute Cour de justice a statué que le gouvernement devait enrôler les ultra-orthodoxes étudiant en yeshiva dans l’armée, car il n’existait plus de cadre juridique permettant de poursuivre la pratique, vieille de plusieurs décennies, qui consistait à leur accorder des exemptions générales du service militaire.

Les dirigeants haredim s’opposent avec véhémence à ce que les membres de la communauté servent dans l’armée, craignant qu’ils ne soient sécularisés. La question, longtemps sensible dans le discours public israélien en raison de l’inégalité perçue créée par l’exemption générale, a pris un caractère d’urgence renouvelé alors que l’armée manque de main-d’œuvre dans un contexte de guerre sur plusieurs fronts.
Sous la pression de ses alliés ultra-orthodoxes, Netanyahu a promis à plusieurs reprises ces derniers mois une résolution rapide de la question.
Malgré les assurances du Premier ministre, un projet de loi traitant de la question de l’enrôlement est actuellement bloqué au sein de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, dont le président, le député Yuli Edelstein (Likud), a déclaré qu’il « ne produira qu’une véritable loi sur la conscription qui augmentera considérablement la base de conscription de Tsahal ».
Un historique de menaces
Goldknopf a lancé à plusieurs reprises des ultimatums liant le budget à la question de l’enrôlement, mais n’a pas donné suite.
En octobre, Yahadout HaTorah a semblé revenir sur sa menace de faire échouer les négociations sur le budget de l’État, quelques heures seulement après avoir exigé du gouvernement qu’il adopte rapidement une nouvelle loi sur la conscription.
Au lieu de cela, la direction rabbinique du parti aurait donné pour instruction à la direction du parti de se concentrer sur un projet de loi visant à contourner une décision de la Haute Cour selon laquelle un tel soutien financier est illégal dans les cas où le père devrait servir dans l’armée israélienne mais ne le fait pas.
Le parti a ensuite publiquement averti qu’il boycotterait tous les votes de la coalition si le projet de loi n’avançait pas. Cependant, en raison de l’opposition des députés de la coalition, Netanyahu a été contraint de retirer le projet de loi de l’ordre du jour de la Knesset, et Yahadout HaTorah a continué à voter avec la coalition.

En décembre, Agudat Yisrael, la faction de Goldknopf au sein de Yahadout HaTorah, a menacé de s’opposer à un projet de loi de finances essentiel, exigeant que la coalition réponde à ses demandes avant qu’elle ne recommence à voter avec elle.
Cependant, les responsables du Likud ont réussi à éviter l’opposition de deux membres d’Agudat Yisrael : les députés Yisrael Eichler et Moshe Roth se sont abstenus plutôt que de voter contre la coalition, refusant ce qui aurait été une rare victoire pour l’opposition. Yaakov Tessler (Yahadout HaTorah) a voté avec l’opposition.
Dans un élan similaire, le mois dernier, Aryeh Deri, le chef du parti ultra-orthodoxe Shas, a averti Netanyahu qu’il avait deux mois pour résoudre le statut des étudiants en yeshiva, faute de quoi « nous nous rendrons aux urnes ».
Le lendemain, le porte-parole de Shas, Asher Medina, est revenu sur cette déclaration, déclarant à la chaîne N12 que son parti « ne renverserait pas le gouvernement de droite. Il n’y a ni menace ni ultimatum ».