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Yahadout HaTorah ne bloquera pas le budget si la loi sur l’exemption des Haredim passe

Le parti ultra-orthodoxe fait pression pour reporter le vote du budget jusqu'à ce que la loi soit adoptée, puis change de cap, demandant le rétablissement des aides pour les crèches

Des militants ultra-orthodoxes allongés sur le trottoir au milieu d'affrontements avec la police lors d'une manifestation contre l'enrôlement des Haredim dans l'armée israélienne, devant un bureau de recrutement, à Tel HaShomer, le 5 août 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Des militants ultra-orthodoxes allongés sur le trottoir au milieu d'affrontements avec la police lors d'une manifestation contre l'enrôlement des Haredim dans l'armée israélienne, devant un bureau de recrutement, à Tel HaShomer, le 5 août 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Le parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah a semblé faire marche arrière, du moins temporairement, en menaçant de faire dérailler les négociations sur le budget du gouvernement lundi après-midi – quelques heures après avoir exigé que le gouvernement reporte une réunion du cabinet sur la question et adopte d’abord le projet de loi exemptant les Haredim étudiant en yeshiva du service militaire.

Selon la Douzième chaîne, les principaux rabbins qui définissent la politique de Yahadout HaTorah ont demandé à la direction du parti de se concentrer, dans l’intervalle, sur la question des subventions aux crèches pour les enfants des étudiants ultra-orthodoxes, à la suite du refus du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

La procureure générale Gali Baharav-Miara avait ordonné fin août l’arrêt des aides, arguant que le gouvernement n’avait pas le droit de financer des subventions pour la garde d’enfants d’étudiants en yeshiva qui ont l’obligation d’effectuer leur service militaire mais ne le font pas. Cette question est un point sensible pour la communauté des Haredim, qui compte généralement des familles nombreuses, mais dont les revenus sont très souvent faibles.

En juin, la Haute Cour de justice avait statué qu’il n’y avait pas de base juridique à la pratique de plusieurs dizaines d’années consistant à exempter les ultra-orthodoxes de l’appel sous les drapeaux. Un projet de loi visant à réglementer la question est actuellement bloqué à la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, dont le président, le député Yuli Edelstein (Likud), a déclaré qu’il ne serait adopté que si les parlementaires parvenaient à un « large consensus » sur la question.

Dans une indication manifeste du changement de direction du parti, Yahadout HaTorah a annoncé que le député Yisrael Eichler avait préparé un projet de loi qui stipule que, si un seul membre de la famille est actif, cela permettrait à la famille de bénéficier d’une garderie financée par l’État pour les jeunes enfants.

Dans une déclaration, le parti a exigé que la coalition fasse passer le projet de loi par les trois lectures nécessaires pour qu’il fasse force de loi le plus rapidement possible.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le ministre du Logement Yitzhak Goldknopf (à droite) arrivant à la rencontre hebdomadaire du cabinet au bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 27 septembre 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Netanyahu avait précédemment assuré aux Haredim qu’il parviendrait à s’accorder sur un cadre pour le projet de loi d’exemption de l’armée avant que le cabinet ne vote sur le budget de l’État ce jeudi, quelques jours seulement après l’ouverture de la session d’hiver de la Knesset après deux mois de congés.

Cependant, quelques jours avant cette échéance, aucun progrès n’avait été signalé, ce qui a conduit le président de Yahadout HaTorah, le ministre du Logement et de la Construction Yitzhak Goldknopf, à exiger que Netanyahu reporte la discussion au sein du cabinet afin de traiter la question du projet des exemptions militaires en premier.

Cependant, Netanyahu et le ministre des Finances Bezalel Smotrich ont insisté lors de la réunion du cabinet de lundi sur le fait que « le budget de l’État doit être adopté à temps, conformément aux principes du budget qui ont déjà fait l’objet d’un accord », a indiqué le bureau du Premier ministre.

Au début du mois, Goldknopf avait menacé de quitter la coalition si le projet de loi d’exemption n’était pas adopté avant que le budget de l’État pour 2025 ne soit soumis à approbation. La sortie de Yahadout HaTorah de la coalition ne renverserait pas le gouvernement mais le rendrait extrêmement vulnérable, avec une simple majorité de 61 sièges sur les 120 que compte la Knesset.

Si le budget n’est pas adopté avant le 31 mars, le gouvernement sera dissous et des élections législatives anticipées seront organisées.

Abordant la question lors de la réunion hebdomadaire des factions de son parti, HaTzionout HaDatit, à la Knesset, Smotrich a fustigé ce qu’il a qualifié de « déclarations irresponsables de la part de responsables de la coalition qui menacent de s’opposer au budget de l’État tant que la loi sur la conscription n’aura pas été approuvée ».

« Toute personne s’opposant au budget ‘en assumera les conséquences’ », a averti Smotrich, qui a appelé les dirigeants haredim à « agir réellement pour contribuer à l’effort de guerre et recruter plusieurs milliers de membres de la communauté ultra-orthodoxe au sein de Tsahal et des forces de sécurité ».

Smotrich a également déclaré à ses collègues que son parti ne soutiendrait pas une version du projet de loi d’exemption qui n’annonce pas un « changement significatif » dans la politique d’enrôlement dans l’armée pour les ultra-orthodoxes.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, chef du parti HaTzionout HaDatit, dirigeant une réunion de sa faction, à la Knesset, à Jérusalem, le 28 octobre 2024. (Crédit : Oren Ben Hakoon/Flash90)

S’immisçant dans la mêlée, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a adopté une approche différente, arguant que les Haredim doivent servir mais que « je ne pense pas que la coercition aidera ».

Des grondements se sont également fait entendre au sein du parti de Netanyahu, le député Moshe Saada ayant déclaré que lui et son collègue du Likud, Dan Illouz, voteraient contre le projet de loi d’exemption, auquel s’oppose également le ministre de la Défense Yoav Gallant, tandis que le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, Edelstein, a déclaré au quotidien Yedioth Ahronoth qu’il « ne changeait pas de position ».

« La loi doit être une vraie loi qui répond pleinement aux besoins de Tsahal », a-t-il insisté, ajoutant qu’il était « déterminé à ne faire passer qu’une vraie loi ».

Gallant a déclaré que la question des exemptions de conscription pour les soldats ultra-orthodoxes n’est pas une question politique, mais une question de sécurité.

Interrogé sur le projet de loi soumis par le gouvernement dont il fait partie, Gallant a répondu qu’il s’y opposait.

« Ce n’est pas une question politique. C’est une question de sécurité et de morale », a-t-il déclaré.

« Depuis que je me suis opposé à la première lecture [du projet de loi], la situation s’est aggravée. Nous avons davantage de fronts ouverts, plus de soldats blessés et, à ma grande tristesse, plus de soldats tombés au combat », a ajouté Gallant.

« Nous avons besoin de plus de soldats, de plus de combattants. »

Le ministre sans portefeuille Gideon Saar s’est également prononcé contre le projet de loi, déclarant aux journalistes présents à la Knesset qu’il ne soutiendrait qu’un projet de loi « qui apporte des changements significatifs à la situation actuelle et répond aux besoins de Tsahal ».

Abordant la question lors de la réunion hebdomadaire des factions de son parti Yesh Atid, le chef de l’opposition Yaïr Lapid a insisté sur le fait que « la honte doit cesser » et a promis de lutter contre le projet de loi « embarrassant ».

Il a accusé le gouvernement de trahir les membres des forces armées avec une « loi sur les tire-au-flanc ».

Ailleurs dans l’opposition, le leader du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a demandé « une loi claire : une nation, un projet », tandis que le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a appelé à une ébauche de service militaire qui « imposera des sanctions personnelles à quiconque n’est pas inclus dans les quotas d’exemption et ne sert pas ».

Des Juifs ultra-orthodoxes se heurtant à la police lors d’une manifestation contre l’enrôlement des Haredim étudiant en yeshiva dans l’armée israélienne, devant la base militaire de Mihve Alon, dans le nord d’Israël, le 14 août 2024. (Crédit : David Cohen/Flash90)

Les tensions intra-coalition de lundi sont survenues le lendemain du jour où un autre parti ultra-orthodoxe de la coalition, le Shas, a boycotté un vote sur plusieurs projets de loi au sein de la commission des Lois pour protester contre l’incapacité du gouvernement à faire avancer le projet de loi sur l’exemption des étudiants en yeshiva.

« Nous nous abstenons de voter en raison de l’incapacité du gouvernement à adopter des lois importantes pour le Shas en particulier et le public ultra-orthodoxe en général », a déclaré le ministre du Travail Yoav Ben-Tzur (Shas), cité par des médias israéliens.

« Nous ne pouvons pas continuer à faire comme si de rien n’était, alors que nous ne recevons rien du gouvernement », a-t-il estimé, ajoutant que son parti n’excluait pas de voter contre la coalition à l’avenir.

Alors que la presse israélienne a rapporté que le Shas et Yahadout HaTorah étaient tous deux impliqués dans le boycott, une source a déclaré au Times of Israel que seul le Shas avait refusé de voter avec le reste de la commission.

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