Yahadout HaTorah pourrait quitter la coalition en cas de nouveau confinement
Une source du parti de Yaakov Litzman déclare que la menace n'est pas partagée par le reste du parti ultra-orthodoxe, mais qu'elle a été faite pour attirer l'attention de Netanyahu

Le ministre du Logement Yaakov Litzman poursuit sa bataille publique contre la politique du gouvernement en matière de lutte contre le coronavirus et a déclaré dans une interview publiée vendredi que son parti, Yahadout HaTorah, envisagerait de quitter la coalition si un confinement national était imposé pendant les prochaines grandes fêtes.
« Les autorisations de manifestations de masse [devant la résidence du Premier ministre] parallèlement à l’ouverture de centres culturels, mais avec des restrictions continues sur les synagogues et l’interdiction de se rendre à Ouman, ont détruit la confiance du public dans le système », a déclaré M. Litzman au quotidien Hamodia.
Le journal est contrôlé par le mouvement hassidique Gur, dont Litzman est membre.
M. Litzman a déclaré que le ministre de l’Intérieur, Aryeh Deri, chef du parti ultra-orthodoxe Shas, s’était également opposé à un confinement national pendant les grandes fêtes juives, qui commenceront cette année le soir du 18 septembre et se poursuivront jusqu’à la mi-octobre.
Une source de Yahadout HaTorah a balayé la menace de Litzman, affirmant qu’elle n’avait pas le soutien du reste du parti.
« Qui est Litzman ? Il est à peine représentatif de lui-même. Dans le passé, lorsqu’il menaçait, cela valait quelque chose », a déclaré la source au quotidien Haaretz. « Il n’a consulté personne au sein de Yahadout HaTorah sur la question. »
La source a également déclaré que M. Litzman, qui était ministre de la Santé jusqu’en mai, ne proférait cette menace que pour attirer l’attention du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Il sait que lorsque vous voulez obtenir quelque chose de Netanyahu, vous devez faire preuve de force », a déclaré la source.

Cette menace survient après que Litzman a appelé en début de semaine le responsable de la lutte contre le coronavirus, Ronni Gamzu, à démissionner pour avoir tenté d’empêcher le pèlerinage hassidique dans la ville ukrainienne d’Ouman pendant Rosh HaShana.
Litzman a rapporté ce jeudi que Gamzu avait déclaré au président de l’Ukraine que « les Juifs saliront sa ville et apporteront des maladies ».
L’Ukraine a annoncé mercredi qu’elle fermerait ses frontières aux étrangers jusqu’en septembre pour freiner la hausse des contaminations par le coronavirus, empêchant les pèlerins israéliens et juifs de se rendre à Ouman pour le nouvel an juif.
Le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal a également signalé que le gouvernement allait interdire les grands rassemblements à Ouman pendant Rosh HaShana.
L’annonce de l’interdiction d’entrée est intervenue après que Gamzu a demandé au président ukrainien Volodymyr Zelensky d’empêcher le pèlerinage, craignant que le retour des pèlerins ne fasse augmenter le taux d’infection dans l’État juif.
Zelensky avait annoncé mardi que l’Ukraine « limiterait considérablement » l’entrée des visiteurs juifs à Rosh HaShana à la demande de Netanyahu, mais n’a pas précisé dans quelle mesure le pèlerinage serait limité.
Le bureau de Netanyahu a rapidement nié que le Premier ministre ait fait une telle demande, dans ce qui semblait être un effort pour apaiser ses partenaires ultra-orthodoxes.

En plus des députés de Yahadout HaTorah, le chef de la coalition Miki Zohar, un allié de Netanyahu au sein du Likud, s’en est pris mercredi à Gamzu pour avoir tenté d’empêcher les Israéliens de se rendre à Ouman pour Rosh HaShana mais sans chercher à mettre un terme aux protestations de masse contre le Premier ministre, affirmant que Gamzu était motivé par une prétendue peur des médias.
Gamzu a rejeté les critiques de Zohar, tout comme le ministre de la Santé Yuli Edelstein. Plusieurs députés se sont également portés à la défense de Gamzu.
La critique de Zohar à l’égard de Gamzu est survenue un jour après que ce dernier a juré de « tout faire » pour empêcher un grand nombre de Juifs hassidiques de s’envoler pour Ouman, et a menacé de démissionner à ce sujet.
L’Ukraine est l’un des rares pays qui autorisent actuellement l’entrée de ressortissants israéliens, malgré le taux élevé d’infection par le coronavirus dans l’État juif.
Jeudi, le mouvement hassidique Breslev a déclaré qu’il ne soutiendrait « plus jamais » Netanyahu en raison des efforts du gouvernement pour empêcher le pèlerinage à Ouman.
Cette décision a été prise alors que des dizaines de fidèles ont été retenus pendant 17 heures dans un aéroport ukrainien avant d’être autorisés à entrer, même si la décision prise mercredi à Kiev de ne pas autoriser les ressortissants étrangers à entrer dans le pays ne prendra effet que vendredi à minuit.
Ouman voit habituellement des dizaines de milliers de Juifs hassidiques se rendre sur la tombe du rabbin Nahman de Breslev pendant la fête de Rosh HaShana.

Selon la Douzième chaîne, après que les Hassidim ont retiré leur soutien, Netanyahu a dit aux principaux rabbins qu’il s’efforçait de trouver une solution pour leur permettre d’entrer en Ukraine et de se rendre à Ouman.
Des dizaines de Hassidim Breslev ont protesté contre la politique de Netanyahu en la matière à Safed, dans le nord d’Israël, jeudi, alors que le Premier ministre séjournait dans un hôtel de la ville.
Une dizaine d’autres vols en provenance d’Israël devaient arriver en Ukraine jeudi et vendredi, avant que l’interdiction d’entrée en vigueur ne prenne effet. La Douzième chaîne a indiqué que deux autres vols seraient autorisés à entrer plus tard jeudi et peut-être plus vendredi, mais qu’au moins deux vols avaient été annulés.
La Treizième chaîne a déclaré que le site de pèlerinage était déjà bondé de fidèles qui ne portaient pas de masque, ne restaient pas à l’extérieur et n’observaient pas de distanciation sociale.
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