YaHadout HaTorah scindé en deux partis… pour l’instant
Degel Hatorah et Agudat Yisrael ont officiellement fait scission, précisant que cette rupture est "procédurale" et n'empêchera pas une présentation commune au scrutin d'avril
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Alors que les partis de tous les horizons politiques semblent opter pour des schismes ces derniers jours, la formation Yahadout HaTorah a annoncé mercredi matin qu’elle se scindait en deux. Elle a toutefois souligné que cette scission relevait de la « procédure » et qu’elle n’empêcherait pas ses composantes aujourd’hui divisées de se présenter ensemble au cours des élections du mois d’avril.
Dans un courrier envoyé à la présidente de la Commission de la chambre de la Knesset, Miki Zohar, mercredi matin, Yahadout HaTorah a indiqué que conformément à un accord conclu avant les élections précédentes, les deux factions séparées – Degel HaTorah et Agudat Israel, qui représentent respectivement les Juifs ashkénazes des communautés lituaniennes non-hassidiques et hassidiques – allaient se séparer officiellement.
S’exprimant lors d’une session de la commission, initialement organisée pour officialiser la scission de la Liste arabe unie, le chef de la faction Degel HaTorah, le député Moshe Gafni, a néanmoins souligné que la scission ultra-orthodoxe n’était pas définitive.
« Cette requête de séparer les factions… est une initiative procédurale connue, pré-arrangée entre les factions, sans aucune signification quant à la manière dont nous nous présenterons aux prochaines élections », a-t-il dit.
Un porte-parole de la formation a expliqué au Times of Israel que cette initiative permettait aux deux mouvements de recevoir leurs fonds publics électoraux séparément au lieu de conjointement.
Dans le scrutin de 2015, Agudat Yisrael représentait 60 % de la liste électorale de YaHadout HaTorah, et les candidats de Degel Hatorah les 40 % restants. Cela s’est traduit dans les résultats par quatre sièges pour l’un et deux pour l’autre, respectivement.
Les deux factions ultra-orthodoxes se sont présentées séparément lors du scrutin municipal du mois d’octobre, appuyant des candidats différents dans différentes villes au cours de campagnes souvent acrimonieuses. Surprenant un grand nombre d’observateurs au sein de la communauté ultra-orthodoxe, Degel HaTorah s’est largement imposé devant Agudat Yisrael, remportant presque deux fois plus de sièges municipaux dans le pays que son rival.
Certains, dans la faction lituanienne, ont appelé depuis à changer le ratio entre les deux partis sur la liste nationale unie.
Indépendamment de la séparation de mardi, des informations livrées au début de la semaine ont laissé entendre que Yahadout HaTorah était en pourparlers avec la formation ultra-orthodoxe Shas – dont la base électorale est largement constituée de Juifs ultra-orthodoxes du Moyen-Orient, ou séfarades – pour une possible fusion.
Cette initiative serait soutenue par un grand nombre de rabbins, dont notamment Chaim Kanievsky, le chef de la communauté lituanienne considéré comme proche du ministre de l’Intérieur Aryeh Deri, qui dirige Shas.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait également soutenu cette alliance et proposé de servir d’intermédiaire entre les deux parties avec pour objectif de former un bloc de droite solide après les élections.
Considéré dans le passé comme un parti susceptible de changer la donne dans la politique israélienne, Shas a remporté 10 sièges à la Knesset ou plus entre 1996 et 2015, où il est tombé à sept suite à la mort de son leader spirituel de longue date, le rabbin Ovadia Yosef. Des sondages récents ont établi que le Shas pourrait rassembler quatre à cinq sièges, juste au-dessus du seuil électoral minimum permettant d’entrer à la Knesset.
Ce seuil électoral pourrait également entraîner des problèmes pour les factions aujourd’hui distinctes de la Liste arabe unie, qui a officiellement fait scission lors de la réunion de commission de mercredi, vingt-quatre heures après que le député arabe israélien vétéran Ahmad Tibi a annoncé que son Mouvement arabe pour le renouveau rompait les liens avec l’alliance de la Liste arabe unie, ce qui indique que la formation pourrait se présenter de façon indépendante aux élections.
La liste arabe unie avait été formée au mois de janvier 2015 après que la Knesset a revu le seuil électoral à la hausse, augmentant de 2 % à 3,5 % le pourcentage des votes qu’un parti doit remporter pour obtenir un siège. La liste arabe unie – coalition de communistes, de nationalistes palestiniens, de musulmans religieux et de féministes – avait remporté 13 sièges lors du scrutin du mois de mars 2015 à la Knesset, devenant l’un des plus importants groupes de l’opposition.