Yannick Jadot fustige la course à l’extrême droite
Le candidat écologiste a dénoncé "une sorte de concours Lépine du racisme, de l'antisémitisme, du révisionnisme, de la haine, des pulsions de mort"

Alors que la bataille se poursuit à l’extrême droite entre Marine Le Pen et Eric Zemmour, Yannick Jadot, crédité autour de 5 à 8 %, a dénoncé dimanche « une sorte de concours Lépine du racisme, de l’antisémitisme, du révisionnisme, de la haine, des pulsions de mort ». « Ça ne peut pas être notre récit national », a-t-il martelé, au lendemain de deux meetings des candidats RN et Reconquête!, respectivement à Reims et Lille.
Pour expliquer que la droite et l’extrême-droite soient en tête des sondages, il a mis en avant la disparition des services publics, « après des quinquennats et des quinquennats ». « Vous enlevez la Poste, la gare, les commerces de proximité, c’est 5-10 points pour l’extrême droite. C’est l’insécurité économique, l’insécurité sociale » qui sont en cause, selon lui.
Par rapport au candidat insoumis Jean-Luc Melenchon, qui le précède à gauche dans les intentions de vote, le candidat EELV a expliqué : « J’ai une différence avec Jean-Luc Mélenchon, je veux gouverner ce pays ».
« On sera le seul projet qui s’aligne sur l’exigence des scientifiques de ne pas dépasser 1,5 degré de réchauffement », a-t-il affirmé.
Yannick Jadot est du même avis que la candidate socialiste Anne Hidalgo sur la nécessité d’un débat : « Notre démocratie en a besoin. On ne va pas dans cette campagne simplement comparer combien il y a de nazis chez Zemmour et combien il y a de nazis chez Marine le Pen ».

Alors que plusieurs centaines de manifestants antiracistes ont manifesté dans les rues de Lille, avec quelques tensions et tirs de gaz lacrymogènes, le candidat d’extrême droite, face à 6 000 partisans chauffés à blanc au Grand Palais de Lille, a tenu un discours axé sur le pouvoir d’achat pour « donner l’espérance » que « la France du travail attend » selon lui.
Alors qu’Eric Zemmour a répété qu’il supprimerait la redevance pour financer la télévision publique, une journaliste de la chaîne privée TF1/LCI s’est fait « cracher au visage » par un partisan du candidat Reconquête!.
Une manifestation de 1.100 personnes opposées à la venue du candidat Reconquête! dont 200 de l’ultra-gauche, selon la police, a eu lieu un peu auparavant, émaillée de tensions. Les forces de l’ordre ont eu recours sporadiquement à des tirs de gaz lacrymogène face à plusieurs dizaines d’invidus vétus de noir. Six personnes ont été interpellées et un policier a été blessé à la main, selon les autorités.
Les manifestants, à l’image de Christian, un retraité de 68 ans, ont regretté que « les gens soient sourds ou aveugles » face à des idées qu’ils jugent dangereuses.
Une autre manifestation de 500 personnes, dont la maire PS de la ville Martine Aubry et des membres de SOS Racisme, avait eu lieu plus tôt dans le calme pour « dire non à la haine ».

Dans un duel à distance, Marine Le Pen a tenu à marquer ses différences, à Reims, avec Eric Zemmour, indiquant avoir un « projet travaillé, réfléchi, complet ». Mais elle a surtout attaqué Emmanuel Macron, qu’elle affronterait au deuxième tour, responsable selon elle de la « régression » d’une France « polytraumatisée », « abandonnée » et « ensauvagée ».
La candidate d’extrême droite, qui a édulcoré son discours en renonçant à sortir de l’euro ou à supprimer la double nationalité, admet qu’Eric Zemmour la « recentre ». Samedi, elle a suggéré à son rival de « faire le ménage » dans son mouvement, après l’avoir accusé de « communautarisme » et d’attirer dans sa campagne des « catholiques traditionalistes », des « païens et quelques nazis ».
« Eric Zemmour devrait faire le ménage dans son mouvement », a affirmé devant des journalistes la candidate à l’Elysée du Rassemblement national, en citant le mouvement d’ultradroite les Zouaves, accusé d’avoir agressé des militants de SOS Racisme au meeting de M. Zemmour à Villepinte le 5 décembre.
Ses propos ont suscité quelques remous en interne, alors elle a rappelé qu’elle-même était catholique et qu’il y avait « des catholiques traditionalistes (au RN) mais pas organisés en chapelles pour peser sur le projet ».
Seul léger incident à noter, l’irruption de deux Femen, torses nus et scandant « Le Pen fasciste, pas féministe », rapidement maîtrisées par la sécurité.

Plus d’une centaine de personnes avaient manifesté plus tôt aux cris « Dehors l’extrême droite, Le Pen, Zemmour & Co » ou encore « R-Haine dehors ». Sur Twitter, le député LFI Alexis Corbière a fustigé « le robinet des idées d’extrême droite ouvert sans interruption » sur « toutes les chaînes d’informations ».
Eric Zemmour, pour M. Arrougé, est « un sous-fifre de Macron ». « On se demande s’il n’a pas été mis là pour diviser », ajoute Ghislaine. Quant aux élus RN partis chez Eric Zemmour, « ce sont des traîtres », dénoncent des militants RN.
La salle s’est ensuite échauffée aux cris de « on est chez nous » quand l’eurodéputé Jean-Lin Lacapelle a présenté les mesures contre l’immigration et quand l’ancien magistrat Jean-Paul Garraud a promis de « rayer l’islamisme de la carte de France ».
Parmi les messages de soutien, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a salué chez la candidate un « grand guerrier expérimenté ».
A distance de la réunion, quelque 130 manifestants de gauche ont protesté « contre le fascisme ». « Tous ces discours se banalisent de plus en plus, le danger est là », estime Annette Léger, 68 ans, retraitée de Génération.s à Reims.