70 % des Juifs laïcs se sentent menacés par le gouvernement Netanyahu – Étude
Selon cette enquête de l'IDI, 60 % des Israéliens de gauche s'attendent à une émigration accrue ; une majorité déplore les concessions faites aux alliés de la ligne dure

Une importante majorité des Juifs israéliens laïcs ont le sentiment que leur mode de vie est menacé par le nouveau gouvernement de la ligne dure et la plus grande partie des Israéliens de gauche prédisent une émigration accrue du pays, a fait savoir une enquête rendue publique mercredi.
Le sondage a aussi révélé qu’une majorité des Israéliens considérait que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a mal géré les négociations en faisant des concessions excessives à ses alliés d’extrême-droite et ultra-orthodoxes.
Le Voice Index mensuel de l’Institut israélien de la Démocratie (IDI) a réalisé une enquête d’opinion auprès d’un échantillon national représentatif en interrogeant les sondés sur le gouvernement conservateur de droite de Netanyahu, qui a été investi la semaine dernière et qui est largement considéré comme le plus extrémiste de toute l’Histoire du pays.
Les membres du gouvernement – et les accords de coalition qui ont été conclus – prévoient des changements radicaux et fondamentaux avec notamment un remaniement et un affaiblissement de l’autorité du système judiciaire, un projet d’annexion de la Cisjordanie, l’abandon de lois anti-discrimination et la légalisation des événements où hommes et femmes sont séparés. La nouvelle coalition a accordé des pouvoirs sans précédent à des personnalités extrémistes qui revendiquent des idéologies racistes, homophobes et misogynes.
Alors qu’il leur était demandé s’ils étaient inquiets face à une éventuelle incapacité à conserver le mode de vie qu’ils favorisent en raison du pouvoir croissant de certains groupes de la société israélienne, 70 % des Juifs laïcs ont répondu par l’affirmative.
Alors que d’éminentes personnalités de l’opposition ont appelé à des mouvements de protestation massifs contre le gouvernement et que de nombreuses entreprises – financières et autres – de nombreux activistes et professionnels de divers domaines ont dénoncé les politiques qu’il veut mettre en place, 64 % des sondés ont indiqué qu’il était probable qu’une vague de manifestations ait lieu bientôt.

35 % ont déclaré qu’ils s’attendaient à une émigration accrue en réaction à ce gouvernement de la ligne dure, selon l’enquête. Parmi ces 35 %, 60 % des électeurs de gauche, 45 % des électeurs du centre et 25 % des électeurs de droite.
D’autres mesures visant à signaler le mécontentement, comme une révolte fiscale ou le refus de se soumettre au devoir de réserve au sein de l’armée, ont été considérées comme plus improbables parmi l’ensemble des groupes.
L’enquête d’opinion a révélé qu’une majorité d’Israéliens estiment que la nouvelle coalition affaiblira le statut international d’Israël, à 51 %. 29 % pensent, pour leur part, qu’elle l’améliorera et 9 % affirment que la position d’Israël dans le monde ne changera pas.
48 % des personnes interrogées ont aussi dit qu’elles pensaient que le statut civil des arabes se dégraderait ; 22 % ont estimé qu’il s’améliorerait et 15 % ont indiqué qu’il ne subirait pas de répercussion. Aucune question similaire n’a été posée concernant la place des femmes ou des membres de la communauté LGBT, dont un grand nombre ont exprimé de sérieuses préoccupations.

Par ailleurs, 60 % des 601 Israéliens sondés pensent que Netanyahu a « mal » ou « très mal » conduit les pourparlers de coalition, tandis que 32 % ont estimé qu’il les avait gérées de manière « excellente » ou « très bonne ».
L’enquête a montré que les opinions étaient logiquement divisées autour des lignes partisanes – un résultat prévisible – même si une minorité assez importante des électeurs du Likud de Netanyahu (38 % et des électeurs de HaTzionout HaDatit (36 %) notaient négativement le Premier ministre.
Dans une question similaire, 62 % des personnes interrogées ont déclaré que le Likud avait fait trop de concessions à ses partenaires de coalition – avec 60 % des électeurs du Likud et au moins 85 % des électeurs de chaque parti juif de centre-gauche. Seulement 26 % des sondés ont fait savoir qu’ils étaient en désaccord avec cette affirmation.
Par ailleurs, trois-quarts des personnes interrogées ont dit que l’influence des ultra-orthodoxes sur la politique nationale était trop importante par rapport à ce que représente cette communauté dans la population, contre 19 % qui ont indiqué être en désaccord.
Concernant trois autres groupes – les femmes, les Arabes et la communauté LGBT – la majorité des sondés (entre 55 % et 57 %) ont dit penser que leur influence politique était plus faible que la part de population qu’ils constituent aujourd’hui.
Ce sondage a été réalisé via internet et par téléphone entre le 26 et le 28 décembre auprès de 601 Israéliens hébréophones et de 150 Israéliens arabophones, constituant un échantillon représentatif de la population adulte de l’État juif. La marge d’erreur est de 0,359 %. Il a été réalisé par le Centre Viterbi pour l’opinion publique et la recherche politique au sein de l’Institut israélien de la Démocratie, et le travail d’enquête a été mené par l’Institut Midgam.