Israël en guerre - Jour 566

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"Les démocraties libérales sont prises en tenaille par Trump et Poutine"

À Buchenwald, camp libéré il y a 80 ans, l’art pour faire vivre le devoir de mémoire

La comédienne Hiam Abbass et le metteur en scène français Jean-Baptiste Sastre réunissent de jeunes Français et Allemands pour adapter "l'Ecriture ou la vie"

L'inscription sur le fronton du camp de Buchenwald, sur laquelle est écrit : "À chacun ce qu'il mérite." (Crédit : Paul Paul Pugliese)
L'inscription sur le fronton du camp de Buchenwald, sur laquelle est écrit : "À chacun ce qu'il mérite." (Crédit : Paul Paul Pugliese)

Parce qu’il faut trouver « une manière de parler de l’histoire pour en tirer les leçons », un projet artistique réunissant de jeunes Français et Allemands est dimanche l’un des temps forts des cérémonies marquant les 80 ans de la libération du camp de concentration de Buchenwald.

Käthe Lange, étudiante en art dramatique à Berlin, est l’une des interprètes de la pièce originale, tirée de l’œuvre de l’écrivain espagnol Jorge Semprun, qui sera créée sur le site même de l’ancien camp nazi, dans le centre de l’Allemagne.

Un projet d’autant plus important, dit à l’AFP la jeune femme de 20 ans, qu’elle a « l’impression qu’on parle de moins en moins » de l’histoire de la Shoah.

En adaptant « l’Ecriture ou la vie », récit autobiographique de Semprun sur sa déportation à Buchenwald, le metteur en scène français Jean-Baptiste Sastre et la comédienne franco-palestinienne Hiam Abbass, née en Israël, ont travaillé avec une trentaine de jeunes de 18 à 25 ans sur la mémoire des camps de la mort et sa transmission aux jeunes générations.

Hiam Abbass in 'The Syrian Bride' by Eran Riklis. (photo credit: Courtesy)
Hiam Abbass dans La Fiancée syrienne d’Eran Riklis. (Crédit : autorisation)

Se retrouver dans ce camp « nous a fait apprendre des choses sur l’histoire de l’Holocauste » selon une vision que « l’école ne nous a pas forcément donnée », confie Jamel Boujamaoui, ouvrier de 20 ans, originaire de Clichy-sous-Bois, près de Paris.

L’AfD contre la repentance

Quelque 56 000 détenus ont péri à Buchenwald, de faim, de froid, de maladie, ou après avoir été exécutés, et plus de 20 000 au camp de Mittelbau-Dora, « annexe » de Buchenwald destinée à la fabrication de missiles V2.

Parmi eux, des milliers de Juifs, mais aussi des Roms, des opposants politiques au régime d’Hitler, des homosexuels ou des prisonniers de l’Union soviétique.

Des visiteurs traversent le site mémorial de l’ancien camp de concentration nazi de Mittelbau-Dora, près de Nordhausen, dans le centre de l’Allemagne, le 21 septembre 2023. (Crédit : Ronny Hartmann / AFP)

Après la libération en janvier 1945 du camp d’extermination d’Auschwitz – dans l’actuelle Pologne – par les troupes soviétiques, Buchenwald est le premier camp à avoir été libéré en Allemagne lors de l’avancée des troupes américaines, qui ont atteint le site le 11 avril 1945.

L’ancien lieu de terreur et d’exactions, situé près de Weimar, est aujourd’hui un Mémorial dont les responsables s’alarment de la tentation révisionniste croissante et de la remise en cause par le parti d’extrême droite AfD de la culture de repentance sur les crimes du IIIe Reich.

« Les certitudes des décennies d’après-guerre (…) sont devenues fragiles. Les démocraties libérales sont prises en tenaille par Trump et Poutine. Et en Allemagne, l’AfD répand notoirement le révisionnisme historique », observe Jens-Christian Wagner, historien et directeur de la Fondation des mémoriaux de Buchenwald et de Mittelbau-Dora.

Dans la région de Thuringe, où se trouve le camp, l’AfD est arrivé en tête des élections régionales l’an dernier. Et la formation nationaliste a doublé son score aux élections législatives allemandes de fin février, se classant deuxième derrière les conservateurs.

Elon Musk, à gauche, serre la main du président américain Donald Trump lors de la finale du championnat de lutte de la NCAA, le 22 mars 2025, à Philadelphie, en Pennsylvanie. (Crédit : AP/Matt Rourke)

Lors de la campagne pour ce scrutin, l’AfD avait convié le milliardaire américain Elon Musk, proche de Donald Trump, qui a déploré l’accent mis en Allemagne sur le passé et le souvenir du génocide contre six millions de juifs perpétrés par les nazis.

« Les enfants ne devraient pas être coupables pour les péchés de leurs grands-parents », avait-il lancé lors d’une intervention par visioconférence.

« Je me souviens de tout »

Albrecht Weinberg, rescapé de la Shoah, sent progresser cette banalisation assurant rencontrer « des gens qui n’ont jamais pensé, ou n’ont jamais parlé de ce que leurs grands-parents ont fait pendant la Seconde Guerre mondiale en Europe ».

En janvier, M. Weinberg a rendu sa décoration de l’Ordre du Mérite en Allemagne pour protester contre l’adoption d’une motion parlementaire sur l’immigration avec les voix de l’extrême droite.

Le survivant de la Shoah Albrecht Weinberg, âgé de 99 ans, pose avec une photo de (G-D) lui, son frère Diedrich et sa sœur Friedel à son domicile de Leer, en Allemagne, le 30 décembre 2024.(Crédit : FOCKE STRANGMANN / AFP)

« Je me souviens de tout », assure à l’AFP ce centenaire qui vit aujourd’hui en Allemagne. « Tout. Mon arrestation, mon transfert dans le train avec 60, 70, 80 personnes dans un wagon ».

D’abord détenu à Auschwitz en Pologne, il a ensuite été déporté à Mittelbau-Dora.

Illustration du défi que représente la mort des derniers témoins, il est dimanche le seul survivant de ce camp allemand à assister aux commémorations. Les rescapés du camp de Buchenwald seront au nombre de neuf alors qu’ils étaient plus de 300 lors des commémorations de l’année 2005.

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