Israël en guerre - Jour 534

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A contre-courant de son extrême-gauche, le programme démocrate vante le soutien à Israël

Un positionnement tempéré par la promotion d'un état palestinien et par des critiques de la politique israélienne en Cisjordanie - en contraste avec l'appui inconditionnel à l'État juif apporté par les républicains, avec une foule galvanisée à Milwaukee

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Des partisans regardent le candidat démocrate à la présidence américaine Joe Biden aux abords du lieu de la convention démocrate, au dernier jour de cette dernière, au Chase Center de Wilmington, dans le  Delaware, le 20 août 2020 (Crédit : Carolyn Kaster/AP)
Des partisans regardent le candidat démocrate à la présidence américaine Joe Biden aux abords du lieu de la convention démocrate, au dernier jour de cette dernière, au Chase Center de Wilmington, dans le Delaware, le 20 août 2020 (Crédit : Carolyn Kaster/AP)

MILWAUKEE, Wisconsin — Le parti Démocrate a promu, mardi, un programme qui vante le soutien apporté par l’administration Biden à Israël. Ce faisant, il s’est clairement placé à contre-courant des efforts qui ont pu être livrés par une minorité d’extrême-gauche qui, au sein de la formation, a réclamé qu’un positionnement plus agressif soit adopté à l’encontre de l’État juif.

Plusieurs activistes progressistes avaient pris, la semaine dernière, des initiatives visant à convaincre le Comité national démocrate d’ajouter une clause sans précédent dans la plate-forme du parti, une disposition qui rejetait le soutien à Israël. Déjà à ce moment-là, un proche de Biden avait indiqué au Times of Israel que ces efforts seraient vains et que le programme reflèterait le positionnement adopté par le président américain à l’égard de l’État juif, qui comprend notamment la nécessité de maintenir l’assistance sécuritaire américaine.

Ce manifeste préparé en amont des élections de 2024 a d’ores et déjà été approuvé par la commission ad hoc au sein du Comité national démocrate. Il sera officiellement adopté lors de la convention du parti qui aura lieu le mois prochain à Chicago.

Le programme est déterminant pour les membres du parti – à fort enjeu, il a souvent entraîné des querelles internes lors de son élaboration. Il reste toutefois non-contraignant et il est généralement largement oublié une fois que la convention est terminée.

Les Accords d’Abraham

La section qui est consacrée au Moyen-Orient, dans le programme de 2024, est beaucoup plus détaillée qu’elle ne l’était il y a quatre ans et une grande partie évoque principalement la guerre qui oppose actuellement Israël au Hamas à Gaza. Biden a aussi dorénavant un bilan à mettre en avant et il bénéficie de suffisamment d’espace pour mettre l’accent sur les politiques qu’il a lui-même avancées au cours de son mandat.

La section commence par souligner les efforts qui ont été livrés par le président en faveur d’une plus grande intégration au Moyen-Orient, avec pour objectif de renforcer la coalition anti-Iran.

Le programme précédent ne mentionnait pas le sujet, les responsables de Biden ayant pris leurs fonctions en évitant de seulement prononcer le nom des Accords d’Abraham qui avaient été négociés par l’administration Trump.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le Prince Faisal bin Farhan, à droite, reçoit le secrétaire d’État américain Antony Blinken au secrétariat du Conseil de Coopération du Golfe, à Ryad, le 29 avril 2024. (Crédit : Evelyn Hockstein/Pool/AFP)

Une approche que la Maison Blanche des démocrates avait abandonnée après plusieurs mois – et le programme note dorénavant que Biden a ordonné à son équipe de continuer à développer les Accords d’Abraham par le biais d’un accord de normalisation qui serait conclu entre Israël et l’Arabie saoudite.

« En tant que signe tangible de ce processus de normalisation, le président Biden a aidé à négocier le tout premier accord dans le secteur de l’aviation civile entre Israël et l’Arabie saoudite, un accord qui a ouvert l’espace aérien saoudien aux avions civils israéliens, créant un Moyen-Orient plus intégré et plus connecté au niveau économique », dit le programme.

Si Biden avait espéré signer un accord de normalisation entre Jérusalem et Ryad au cours de son premier mandat, des sources du Congrès américain ont confié au Times of Israel, la semaine dernière, que la fenêtre de négociation de l’administration américaine, en ce qui concerne l’accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, était dorénavant fermée – en amont des élections du mois de novembre. Ces deux responsables ont précisé qu’il n’y avait plus suffisamment de temps, avant le scrutin, pour que le sénat procède aux audiences qui seraient nécessaires pour approuver les garanties dont a besoin l’Arabie saoudite.

De Gaza à la solution à deux États

Sur la guerre à Gaza plus spécifiquement, le programme établit que les États-Unis « soutiennent fortement Israël dans son combat contre le Hamas » tout en vantant les progrès réalisés par Biden dans la possible finalisation d’un accord de cessez-le-feu qui permettrait aux otages conservés en captivité à Gaza de recouvrer la liberté.

Le document de 80 pages établit que Biden et sa vice-présidente Kamala Harris « ont la conviction qu’un État d’Israël fort, sûr et démocratique est vital pour les intérêts des États-Unis. Leur engagement en faveur de la sécurité d’Israël, de son avantage militaire qualitatif, de son droit à l’auto-défense et du protocole d’accord signé en 2016 (qui portait sur une enveloppe de 3,8 milliards de dollars en aides sécuritaires) reste inébranlable ».

La plate-forme démocrate condamne « sans ambiguïté » le pogrom du 7 octobre – et les violences sexuelles à grande échelle qui avaient été commises, ce jour-là – et les États-Unis disent vouloir voir le Hamas « vaincu ».

La vice-présidente américaine Kamala Harris, deuxième à droite, discute avec Amit Soussana, au centre, avant la projection du film « Screams Before Silence, » à la Maison Blanche, à Washington, le 17 juin 2024. (Crédit : AP Photo/Susan Walsh)

Le document note aussi la visite qui avait été effectuée par Biden au sein de l’État juif quelques jours seulement après le massacre – cela avait été le premier déplacement d’un président américain sur le sol israélien en temps de guerre – et il souligne que les États-Unis ont défendu Israël devant les Nations unies.

Dans le programme, le comité de rédaction de la plate-forme met aussi l’accent sur le soutien apporté par Biden à l’enveloppe d’aides à destination d’Israël et de l’Ukraine – une enveloppe qui comprenait 17 milliards de dollars en assistance sécuritaire en direction de Jérusalem et un milliard de dollars d’aides humanitaires pour Kiev.

Le programme évoque aussi les efforts livrés par le président américain pour soulager la crise humanitaire à Gaza – reconnaissant que le meilleur moyen d’y mettre un terme serait la conclusion de l’accord de cessez-le-feu actuellement en pourparlers. Biden a déclaré, la semaine dernière, qu’Israël et le Hamas avaient accepté le cadre d’un potentiel accord et qu’ils œuvraient dorénavant à régler les différends.

Le document explique que la proposition de cessez-le-feu qui est soutenue par Biden permettra aux États arabes de prendre part à la reconstruction de Gaza « d’une manière qui ne permettra pas au Hamas de se réarmer ».

« Ce qui créerait les conditions nécessaires pour un avenir meilleur pour les Palestiniens, pour un avenir d’auto-détermination, de dignité, de sécurité et de liberté avec, à terme, la fondation d’un état qui sera le leur – en contradiction avec l’ancien président Donald Trump, qui refuse de soutenir les aspirations politiques des Palestiniens », ajoute la plate-forme qui souligne son soutien à une solution à deux États – une solution qui n’est désormais que rarement revendiquée par les membres du parti républicain.

Composite photo de l’ex-président Donald Trump, candidat Républicain à la présidence, à gauche, et le président Joe Biden lors d’un débat présidentiel organisé par CNN, jeudi 27 juin 2024, à Atlanta. (AP/Gerald Herbert)

Alors qu’il lui était demandé lors du débat qui l’opposait à Biden, le mois dernier – un débat en vue des élections présidentielles – s’il soutenait l’établissement d’un état palestinien, Trump avait apporté une réponse volontairement vague.

La solution à deux États n’est guère soutenue non plus à Jérusalem.

Le vice-ambassadeur israélien aux États-Unis, Eliav Benjamin, a expliqué mardi aux membres du parti républicain, à l’occasion d’un discours qui a eu lieu en marge de la Convention nationale du parti à Milwaukee, dans le Wisconsin, que « les discussions portant sur la solution à deux États ne sont pas des discussions que les Israéliens, quels qu’ils soient, souhaitent avoir actuellement… en particulier alors que le 7 octobre est encore si proche ».

« Le résultat du 7 octobre ne peut pas être la mise en place d’un état palestinien indépendant. Et ce ne sera pas le cas. Oui, nous cherchons un moyen d’aller de l’avant, également au profit des Palestiniens – et avant tout sur le plan économique. Nous travaillons sans relâche là-dessus et nous continuerons à le faire » a dit le diplomate israélien.

Ce positionnement a aussi été exprimé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et par d’autres députés de la droite de l’échiquier politique, mais il est particulièrement notable émanant d’un membre du corps diplomatique qui n’est pas lui-même un politicien.

Le président Isaac Herzog, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Galant et le chef d’état-major Herzi Halevi lors d’une cérémonie d’État marquant le dixième anniversaire de l’Opération Bordure protectrice au cimetière du mont Herzl à Jérusalem, le 16 juillet 2024. (Crédit : Shalev Shalom/POOL)

L’Iran et l’antisémitisme

Le programme démocrate évoque aussi les tensions entre Israël et le Hezbollah, maintenant que « le peuple libanais mérite de vivre dans un Liban indépendant et souverain, sans la mainmise du [groupe terroriste] soutenu par l’Iran. »

« A cet égard, l’administration est également déterminée à faciliter une solution diplomatique qui viendra mettre un terme aux hostilités actuelles, le long de la frontière entre Israël et le Liban, une solution qui garantira que les familles libanaises et israéliennes pourront retourner chez elles », continue le document.

Il répète le positionnement adopté par le parti sur la question de Jérusalem, estimant qu’elle sera à régler « pendant les négociations de statut final » et ajoutant que la ville sainte « doit rester la capitale d’Israël, une ville indivisible et accessible aux personnes de toutes les confessions ».

Il répète également l’opposition du parti au mouvement Boycott, Divestment, and Sanctions (BDS) ainsi que toutes les initiatives prises « pour singulariser de manière inéquitable Israël et ôter au pays toute légitimité ».

Sur l’Iran, la plate-forme s’enorgueillit des ripostes militaires qui ont pris pour cible les proxies de la république islamique et elle se vante de la coalition de 20 pays qui a été mise en place par Biden face aux rebelles Houthis, qui continuent leurs attaques en mer Rouge.

Elle rappelle également l’autre alliance qui avait été formée par Biden pour aider à déjouer les frappes iraniennes aux missiles et aux drones qui avaient pris pour cible Israël, au mois d’avril. Elle déplore la décision qui avait été prise par Trump de quitter l’accord sur le nucléaire conclu avec la république islamique – un retrait qui, selon elle, a amené Téhéran à accélérer son programme nucléaire et qui serait ainsi « en capacité de produire suffisamment de matière de qualité militaire pour fabriquer une bombe » dans quelques semaines.

Des explosions dans le ciel de Jérusalem, lors d’une attaque iranienne contre Israël, le 14 avril 2024. (Crédit : AFPTV/AFP)

« Le président Biden reste engagé en faveur d’une solution diplomatique tout en restant totalement ferme sur le fait que jamais l’Iran ne pourra être autorisée à développer des armes nucléaires », selon le document.

Le programme évoque aussi la promesse électorale que le président actuel avait faite, avant les élections de 2020, de ne jamais tolérer les formes de haine et notamment la haine antisémite.

Il souligne que c’est son administration qui, pour la toute première fois dans toute l’Histoire des États-Unis, a choisi de mettre en place une stratégie de lutte contre l’antisémitisme – un antisémitisme qui s’est intensifié depuis le pogrom du 7 octobre.

« Dans le cadre de la stratégie mise en place pour lutter contre l’antisémitisme, l’administration a établi clairement, et par écrit pour la toute première fois, que le Title VI du Civil Rights Act de 1964 interdit certaines formes de discriminations antisémites, islamophobes et autres dans les programmes et dans les activités qui sont financés au niveau fédéral », est-il écrit dans le programme, qui ajoute que Biden a d’ores et déjà commencé à prendre des initiatives visant à lutter contre la haine anti-juive sur les campus.

Les sujets d’Israël et de l’antisémitisme sont beaucoup plus évoqués dans la plate-forme du parti démocrate que dans celle des républicains – elle a été approuvée cette semaine – mais il est difficile de dire si les leaders démocrates passeront autant de temps à souligner le soutien apporté par Biden à Israël lors de leur Convention qui se tiendra le mois prochain.

Illustration : Des manifestants anti-Israël rassemblés sur le campus de l’UCLA, à Los Angeles, le 12 juin 2024. (Crédit : Damian Dovarganes/AP)

Même si le flanc d’extrême-gauche désireux de couper les aides apportées à Israël ne représente qu’une minorité au sein du parti, Biden n’a par ailleurs jamais hésité à critiquer la prise en charge de la guerre de la part de Netanyahu et les initiatives prises par son gouvernement dans le but d’élargir le contrôle israélien en Cisjordanie.

Ainsi, comme dans le programme précédent, le document publié mardi souligne que les démocrates s’opposent à toutes « les initiatives unilatérales » entreprises par les deux parties qui seraient susceptibles de porter atteinte à la solution à deux États. Le nouveau programme souligne que Biden est passé à l’acte dans cet objectif, sanctionnant les extrémistes israéliens qui ont commis des attaques en Cisjordanie.

Pendant ce temps, à Milwaukee

Le positionnement nuancé pour lequel ont opté les démocrates contraste fortement avec les mots prononcés lors de la Convention républicaine, où le soutien à Israël s’est exprimé sans réserve.

Lors de cette Convention, la foule a poussé des acclamations, mardi, lorsque le directeur-général de la Coalition juive républicaine, Matt Brooks, a commencé son discours en demandant aux partisans d’Israël d’applaudir.

« Si quelqu’un avait essayé de faire ça à la Convention démocrate, il aurait été hué et sorti de la scène ! Mais ici, à la Convention républicaine, nous défendons fièrement et avec force Israël ! », a dit Brooks, suscitant une nouvelle vague d’acclamations de la part des plusieurs milliers de membres du parti qui se trouvaient dans les gradins du Fisery Forum de Milwaukee, au deuxième jour de l’événement.

Le président de la CJR a promis que les républicains continueraient à chercher à obtenir le soutien des électeurs juifs lors des prochaines élections.

Le président de la Coalition juive républicaine, Matt Brooks, s’exprimant lors de la deuxième journée de la Convention nationale républicaine de 2024, au Fiserv Forum, à Milwaukee, le 16 juillet 2024. (Crédit : Andrew Caballero-Reynolds/AFP)

Les deux-tiers ou les trois-quarts des Juifs américains votent pour les démocrates – mais le parti républicain a connu une dynamique nouvelle au sein de cet électorat, ces derniers années. Et pourtant, la grande majorité des Juifs restés fidèles au parti démocrate ont suscité la colère de Trump, qui a déclaré de manière répétée qu’ils manquaient de loyauté à l’égard d’Israël et de leur foi.

Évoquant la question de l’antisémitisme croissant aux États-Unis, depuis le 7 octobre, Brooks a mis une kippa rouge où le nom de Donald Trump était écrit et il a indiqué que « le président Trump rétablira la loi et l’ordre de façon à ce que les Juifs américains puissent à nouveau porter une kippa et marcher dans les rues sans crainte ».

Brooks a vanté le bilan de Trump concernant Israël. Il a promis « de reconstruire la relation entre Israël et les États-Unis après les quatre années désastreuses du mandat de l’administration Biden. »

Brooks a critiqué avec force Biden, responsable de la mise en suspens d’une livraison de bombes de 900 kilos qui devaient être remises à Israël. Le président avait indiqué ne pas vouloir qu’elles soient larguées sur des villes densément peuplées.

Des participants à la Convention nationale républicaine écoutent le discours de Matt Brooks, président de la Coalition juive républicaine (hors-cadre) au Fiserv Forum de Milwaukee, le 16 juillet 2024. (Crédit : Andrew Caballero-Reynolds/AFP)

Trump a aussi critiqué la gestion de la guerre contre le Hamas par Israël tout en estimant que l’armée israélienne devait être autorisée « à finir rapidement le travail ».

S’exprimant devant les journalistes après son discours, Brooks a indiqué que son message s’apparentait « à un chèque en blanc donné à Israël ».

« Si vous devez bombarder le secteur, faites-le. Contentez-vous de le faire. Arrachez le pansement. Terminez le travail parce qu’il faut que le Hamas soit détruit », a dit Brooks.

« Cela prend seulement de longs mois. Tout ce que Trump dit, c’est que le temps ne joue pas pour Israël. Plus ça continuera, plus le soutien public diminuera, plus le soutien diminuera à l’international et ce que dit Trump, c’est qu’il faut faire ce qu’il y a à faire, qu’il faut terminer le travail et se retirer », a-t-il ajouté.

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