A l’ONU, le chef de la diplomatie saoudienne réclame un État palestinien
Faisal ben Farhan a indiqué que la sécurité au Moyen-Orient "nécessite une solution équitable, globale, à la question palestinienne" et il a dénoncé les "initiatives unilatérales"
Le ministre saoudien des Affaires étrangères s’est adressé samedi à l’Assemblée générale des Nations unies dans un discours qui a clairement laissé entendre que la sécurité régionale, au Moyen-Orient, s’articulait autour « d’une solution équitable et globale » dans le cadre de la problématique palestinienne. Il a aussi semblé critiqué Israël pour « des mesures unilatérales en violation flagrante du droit international » – même s’il n’a pas mentionné explicitement le pays par son nom.
« La sécurité au Moyen-Orient nécessite qu’un coup d’accélérateur soit donné… à une solution équitable, globale, à la question palestinienne ; cette solution devra être basée sur les résolutions adoptées dans l’arène internationale et elle devra apporter une paix qui autorisera le peuple palestinien à avoir son propre État indépendant, sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale », a déclaré le prince Faisal ben Farhan, chef de la diplomatie de la monarchie sunnite.
Il a ajouté que l’Arabie saoudite « rejette et condamne toutes les initiatives unilatérales constituant une violation flagrante du droit international, des initiatives qui contribuent à l’effondrement des efforts de paix livrés aux niveaux régional et international, des initiatives qui, de surcroît, entravent la mise en œuvre de solutions diplomatiques » – faisant ici apparemment référence à l’approbation, par Israël, d’un nombre record de nouvelles constructions dans les implantations de Cisjordanie et à la légalisation récente de certains avant-postes par le gouvernement de Jérusalem.
Le royaume, a-t-il précisé, « soutient avec force tous les efforts livrés en faveur du renforcement de la sécurité et de la stabilité et en faveur d’un développement inclusif qui permettra de créer un espace favorable pour le dialogue, qui aidera à apaiser les tensions, qui amènera les États de la région à éviter toute escalade, et qui autorisera des échanges, en matière de bénéfices et d’intérêts, qui répondront aux aspirations des peuples de la région. »
Israël a, semble-t-il, envoyé un représentant diplomatique dans la salle de l’Assemblée générale pour ce discours, qui a été prononcé pendant Shabbat.
L’allocution de Ben Farhan, qui a duré 16 minutes – il n’a pas prononcé directement le nom d’Israël et il n’a pas non plus évoqué les initiatives prises dans le cadre d’un accord possible de normalisation des liens entre l’État hébreu et l’Arabie saoudite – survient alors que la perspective d’un accord de paix historique entre les deux pays est actuellement en cours de négociations. Dans ce cadre, Ryad demanderait à Israël des concessions à l’égard des Palestiniens – même si les Saoudiens ne seraient pas allés jusqu’à demander pour eux un État indépendant. La monarchie sunnite a aussi soumis des requêtes aux États-Unis, notamment la conclusion d’un nouvel accord de défense, des accords de vente d’armes importants et une coopération dans la mise en place d’un programme nucléaire civil.
Les propos tenus par le ministre saoudien, samedi, surviennent également alors qu’une série d’avancées apparemment positives ont été enregistrées ces derniers jours, avec le prince saoudien, Mohammed Ben Salmane, qui a déclaré mercredi devant les caméras de Fox News que « chaque jour qui passe » rapprochait le royaume de la normalisation des liens avec Israël et avec un discours prononcé par le Premier ministre à la tribune des Nations unies qui s’est largement concentré sur la perspective de ce pacte possible avec Ryad et son impact éventuel dans la région.
Dans son allocution de vendredi, Netanyahu a expliqué que l’État juif était « à l’aube » d’un accord historique de paix avec les Saoudiens – un accord qui, a-t-il dit, transformera le Moyen-Orient, « encouragera les autres États arabes à normaliser leurs relations avec Israël » et « renforcera les perspectives de paix avec les Palestiniens ».
Il a ensuite confié à Fox News qu’il pensait qu’une fenêtre serait ouverte au cours des prochains mois concernant cet accord tout en faisant remarquer qu’il y avait « des problèmes majeurs » posés par une proposition dont l’objectif est de permettre à Ryad d’enrichir de l’uranium.
Ryad avait envoyé une seule représentante à l’Assemblée générale lors de l’allocution toute entière de Netanyahu – ce qui a été perçu comme un autre signe de réchauffement des relations entre les deux pays.
Israël a également félicité le royaume, samedi, à l’occasion de la Journée nationale saoudienne, qui fête l’établissement de l’Arabie saoudite moderne en 1932.
Dans son discours de samedi, Ben Farhan a aussi mentionné les conflits en Syrie, au Liban, au Yémen, en Libye et au Soudan, affirmant que Ryad souhaiterait « voir la stabilité revenir dans la région » et il a noté le récent accord conclu entre le royaume et l’Iran – un accord qui avait été négocié par la Chine et qui avait rétabli les liens diplomatiques et la communication directe entre les deux pays après sept années de tensions.
L’accord, a-t-il déclaré, se base « sur le respect mutuel et sur le respect de la souveraineté, de la sécurité indépendante et de la non-interférence, en se soumettant à la charte de l’ONU et à la charte de l’Organisation de coopération islamique ».
Après sa prise de parole, Ben Farhan a rencontré le ministre des Affaires étrangères iranien, Hossein Amir-Abdollahian, en marge de l’Assemblée.
#نيويورك | سمو وزير الخارجية الأمير #فيصل_بن_فرحان @FaisalbinFarhan يلتقي معالي وزير خارجية الجمهورية الإسلامية الإيرانية حسين أمير عبداللهيان، على هامش أعمال الجمعية العامة للأمم المتحدة بدورتها الـ78. #السعودية_في_الأمم_المتحدة pic.twitter.com/aJcvs4aE6P
— وزارة الخارجية ???????? (@KSAMOFA) September 23, 2023
Un entretien qui a eu lieu quelques jours après des propos tenus par Ben Salmane pendant son entretien rare avec Fox News, la semaine dernière, qui avait dit que l’Arabie saoudite devrait se doter de l’arme nucléaire si l’Iran devait en fabriquer une.
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