Israël en guerre - Jour 347

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À une veillée organisée pour le retour des otages, beaucoup fustigent le gouvernement

Avihaï Brodtz a installé son piquet devant le ministère de la Défense à Tel Aviv et prévoit d'y rester jusqu'au retour des captifs

Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.

Avihaï Brodtz, dont la femme et les trois enfants ont été enlevés par des terroristes à Gaza, protestant devant le ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 14 octobre 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/FLASH90)
Avihaï Brodtz, dont la femme et les trois enfants ont été enlevés par des terroristes à Gaza, protestant devant le ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 14 octobre 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/FLASH90)

Des centaines de personnes se sont jointes samedi à une veillée devant le ministère de la Défense à Tel Aviv, organisée par un homme dont la femme et les trois enfants sont retenus en otage par des terroristes à Gaza, et de nombreuses personnes présentes sur les lieux ont dénoncé le gouvernement qu’elles considèrent comme responsable de la catastrophe.

Les assaillants du groupe terroriste palestinien du Hamas qui ont envahi les communautés du sud samedi dernier ont tué plus de 1 300 personnes et en ont pris 150 à 200 en otage à Gaza, dont des bébés, des jeunes enfants, des femmes et des personnes âgées.

De nombreuses personnes présentes à la manifestation tenaient des pancartes sur lesquelles figuraient les noms et les photos des personnes disparues ou retenues en otage à la suite de l’assaut massif.

D’autres brandissaient des drapeaux israéliens, tandis que d’autres encore arboraient des pancartes indiquant que le Premier ministre Benjamin Netanyahu était responsable des échecs dévastateurs qui ont conduit à l’attaque et l’appelaient à démissionner.

Avihaï Brodtz, qui a survécu au massacre du kibboutz Kfar Azza, mais dont la femme Hagar et les trois enfants – Ofri, Yuval et Oriya – ont été enlevés par des terroristes, a commencé la veillée devant le quartier général de l’armée aux premières heures du samedi matin, et a promis d’y rester jusqu’à ce que les personnes enlevées soient ramenées en Israël.

« Je me suis engagé dans l’armée et j’ai servi en tant que réserviste, j’aime mon pays », a déclaré Brodtz aux journalistes. « Je ne suis en colère contre personne, mais je souhaite simplement un changement de politique – la première chose à faire est de libérer les femmes et les enfants (…). Je pense qu’il n’y a aucun doute, ni de notre côté ni du leur, sur le fait que c’est la première chose à faire. »

Des parents d’Israéliens enlevés par le Hamas manifestant devant le ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 14 octobre 2023. (Crédit : Dana Reany/Protest organizers)

Selon le site d’information Ynet, Brodtz s’est dit étonné du soutien qu’il a reçu depuis son arrivée au ministère de la Défense.

« J’ai commencé avec mon chien et mon frère qui m’ont conduit ici. Si je pouvais pleurer, je pleurerais maintenant, mais je n’ai pas encore digéré tout ce qui s’est passé », a-t-il déclaré.

« Nous sommes une seule nation. J’ai toujours su que nous étions une nation, mais ce qui se passe ici dépasse tout ce dont j’aurais pu espérer », a-t-il ajouté. « L’amour qui existe dans ce pays est contraire à ce qui se passe au sein du gouvernement, du moins en partie, et je veux corriger cette distorsion entre les dirigeants et le peuple, nous unir et mettre fin aux différences qui nous séparent. »

« Je n’ai jamais fait de politique et je ne veux pas en faire », a-t-il déclaré. « J’espère que tout le monde reviendra et que vous ne me reverrez plus jamais. »

Les manifestants ont collé des affiches représentant les visages des personnes prises en otage sur un mur à l’extérieur du ministère, une tactique de sensibilisation qui a également été utilisée par des groupes israéliens à l’étranger.

Des affiches montrant les personnes prises en otage par les terroristes de Gaza collées au mur, aux abords du ministère de la Défense à Tel Aviv, le 14 octobre 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/FLASH90)

Monica Levy, dont le cousin Mapal Adam, 25 ans, a été l’une des quelque 260 personnes tuées lors du festival de musique Supernova à Reim, a déclaré que Netanyahu et son gouvernement étaient plus intéressés par leur propre survie que par la gouvernance.

« Je veux que Benjamin Netanyahu et tous ses collaborateurs rentrent chez eux parce qu’ils ont abandonné les habitants du sud et qu’ils ne s’intéressent pas à la vie de ces derniers, mais sont plutôt obsédés par la petite politique », a déclaré Levy, 62 ans, originaire de Tel Aviv.

« Il veut juste sauver sa peau et il est prêt à nous sacrifier tous », a déclaré Levy, elle-même survivante d’un attentat à la bombe perpétré en 1994 dans un bus de Tel Aviv.

Monica Levy avec un panneau disant « Démissionnez » lors d’un rassemblement en solidarité avec les otages enlevés par le Hamas, à Tel Aviv, le 14 octobre 2023. (Crédit : Carrie Keller-Lynn/Times of Israel)

Alors que la manifestation a pris de l’ampleur tout au long de la journée, quelques échauffourées mineures ont éclaté entre les manifestants et la police.

Certains manifestants ont scandé « Va en prison, Bibi ! » et « Pars ! ». Dans la foule, on pouvait lire sur des pancartes : « Bibi, tu as du sang sur la tête ! « Bibi, tu as du sang sur les mains », « Nous avons été abandonnés », « Rendez les otages immédiatement » et « Il n’y a pas de confiance, démissionnez ».

Par moments, on entendait des chants de « Honte », le refrain populaire des manifestations qui durent depuis des mois contre le plan de refonte du système judiciaire du gouvernement.

Le ministère de la Défense et le quartier général de Tsahal dans le centre de Tel Aviv, également connu sous le nom de Kirya, sont adjacents à la rue Kaplan, qui est devenue célèbre pour les manifestations de masse hebdomadaires contre le gouvernement qui s’y sont déroulées depuis le début de l’année, mais qui ont maintenant été interrompues alors que le pays se trouve en guerre contre le Hamas à Gaza.

Un manifestant pro-Netanyahu isolé a crié son soutien au gouvernement à la foule et a été rapidement éloigné des autres manifestants par la police.

Michal et Avner Caspi ont déclaré que le membre de leur famille qui a été enlevé, Alon Ohel, 22 ans, protégeait d’autres personnes au festival de musique Reim avant d’être capturé par le Hamas.

« Alon était à la fête et s’est caché dans un abri. Il faisait partie de ceux qui renvoyaient les grenades que le Hamas lançait dans les abris pour tuer les fêtards, a déclaré Michal à propos du fils de son cousin. « Un de ses amis s’est réveillé à Rambam [hôpital de Haïfa] et a dit qu’il avait vu Alon pris vivant par des terroristes », a-t-elle ajouté.

Avner a demandé au gouvernement de faire « tout ce qui est possible » pour ramener Ohel.

Michal s’est inquiétée de la politique déclarée de l’armée de bombarder des cibles à Gaza malgré le statut inconnu des otages dans la région, et a demandé « qu’ils ne bombardent pas les zones où se trouvent les kidnappés ». Rien n’indique que l’armée sait où sont détenus les otages, mais on suppose que beaucoup sont cachés dans le vaste réseau de tunnels souterrains du Hamas.

Tenant une pancarte appelant à la démission de Netanyahu, le professeur de chimie Amiram Goldblum a déclaré que le Premier ministre n’avait pas réussi à maintenir l’unité nationale et à répondre efficacement aux renseignements, contribuant ainsi à l’attaque dévastatrice du Hamas.

« Netanyahu a été averti par les responsables de la sécurité en Israël que ce qu’il faisait avec sa révolution [judiciaire] nuisait à la résilience nationale « , a déclaré Goldblum.

« Il tue toutes les possibilités d’unité dans ce pays et cela nuit immédiatement à la sécurité d’Israël », a-t-il poursuivi, accusant le Premier ministre d’ignorer également les rapports des services de renseignement – une affirmation que Netanyahu a démentie.

Plusieurs responsables égyptiens et américains ont affirmé que les services de renseignement égyptiens avaient transmis des indications sur l’intention du Hamas d’agir d’une manière ou d’une autre avant l’attentat, mais ils ont précisé que les messages n’étaient peut-être pas parvenus à Netanyahu lui-même.

Goldblum, septuagénaire, a déclaré qu’aucun membre de sa famille proche n’avait été blessé lors de l’attentat du 7 octobre, mais qu’il était venu parce qu’il s’identifiait intensément au sort des familles.

« Aucun membre de ma famille n’a été kidnappé, mais je meurs à cause de ceux qui l’ont été », a-t-il déclaré.

Amiram Goldblum demandant au Premier ministre Benjamin Netanyahu de démissionner lors d’une veillée pour les personnes enlevées à Gaza, à Tel Aviv, le 14 octobre 2023. (Crédit : Carrie Keller-Lynn/Times of Israel)

L’ancien général de l’armée Gal Hirsch, nommé par Netanyahu coordinateur des otages et des personnes disparues, a annoncé vendredi la création d’une équipe de quelque 200 officiers de réserve chargés de maintenir une interaction « personnelle et directe » avec les familles des disparus.

L’équipe est dirigée par le général de division (réserviste) Meïr Kalifi, sous l’égide du département des otages et des personnes disparues de l’armée israélienne.

Hirsch a déclaré vendredi que les membres de l’équipe rendront visite à chaque famille pour lui apporter leur soutien. « Nous avons recruté pour cette mission importante et délicate des officiers et du personnel expérimenté, qui iront à la rencontre des familles pour les aider en cette période d’incertitude », a-t-il déclaré.

Hirsch a rencontré vendredi à Tel Aviv des représentants des familles et a détaillé ce qui a été fait jusqu’à présent, y compris les activités d’une équipe de négociation et d’une équipe judiciaire, a indiqué son bureau. Quelque 500 personnes ont assisté à la réunion, dont certains des parents des personnes enlevées et disparues.

Hirsch les a informées que des efforts étaient déployés 24 heures sur 24 pour obtenir des informations et que les efforts diplomatiques avaient été élargis. Les proches ont demandé la mise en place immédiate d’un corridor humanitaire pour permettre le transfert de médicaments et faciliter les visites des médecins aux otages.

Samedi, un forum représentant les familles des disparus et des otages a déclaré avoir transmis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) des informations médicales et des médicaments utilisés par leurs proches. Un jour plus tôt, le CICR avait réaffirmé qu’il essayait d’avoir accès aux otages.

« Nous sommes de tout cœur avec les personnes qui ont perdu des membres de leur famille ou qui se font du souci pour des proches pris en otage. Nous réitérons notre appel à leur libération immédiate et nous nous tenons prêts à effectuer des visites humanitaires », a déclaré le CICR.

Le forum des familles a indiqué qu’il s’efforçait d’entrer en contact avec toutes les familles pour veiller à ce que l’information soit transmise.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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