Affaire des sous-marins : Shay Brosh est le suspect ex-chef d’un commando naval
Le commandant entre 1987 et 1991 de l'unité d'élite Shayetet 13 a été arrêté, soupçonné d'abus de confiance et d'avoir accepté des pots-de-vin
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
L’identité de l’ancien commandant de l’unité de commando d’élite de la marine Shayetet 13 qui a été arrêté en connexion avec une enquête de corruption majeure impliquant l’achat, pour plusieurs millions de dollars, de navires de guerre à une entreprise allemande, a été livrée mardi. Il s’agit du général de brigade (de réserve) Shay Brosh.
Brosh, 65 ans, est soupçonné de fraude, d’abus de confiance et d’avoir accepté des pots-de-vin. Il a commandé l’unité Shayetet 13 entre 1987 et 1991, et a ensuite dirigé les services de renseignement de la marine.
Brosh a quitté son poste en septembre 1997 après l’échec d’une mission au cours de laquelle 11 soldats de commando ont été tués dans une embuscade tendue par le Hezbollah au Liban. Son identité, qui était initialement placée sous embargo, a été rendue publique mardi, et autorisée à la publication par la cour des magistrats de Rishon Lezion.
La police soupçonne Brosh d’avoir reçu des pots-de-vin pour exploiter ses connexions dans la marine, en utilisant une entreprise qu’il avait établie avec le témoin de l’accusation, Miki Ganor, qui se trouve au centre de l’affaire des sous-marins, surnommée Affaire 3000.
Lundi, c’est Eliezer ‘Moodi’ Sandberg, ancien ministre et proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a été désigné comme l’un des autres suspects dans cette enquête de corruption qui ne cesse de prendre de l’importance. Le même jour, la police a arrêté Rami Taib, conseiller du ministre de l’Energie Yuval Steinitz, lui aussi soupçonné dans cette investigation. Taib est soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin, de blanchiment d’argent et de conspiration en vue de commettre un crime. Steinitz n’a pas été identifié comme un suspect dans ce dossier mais il devrait témoigner devant la police.
Brosh a été arrêté dimanche en même temps que cinq autres suspects, dont David Sharan, directeur de cabinet de Netanyahu de la fin de l’année 2014 à 2016, et qui est soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin, de fraude, d’abus de confiance et de conspiration en vue de commettre un crime. Des officiers de réserve de l’armée israélienne et le conseiller stratégique Nati Mor, qui a travaillé avec plusieurs hauts responsables gouvernementaux, ont également été appréhendés.
Au cours d’une audience du tribunal, dimanche, le représentant légal de Brosh, nommé par l’Etat, a fait valoir que son client avait fondé une entreprise avec Ganor sur la base de leur amitié antérieure. A un moment, Brosh avait commencé à soupçonner que Ganor lui cachait des informations et l’écartait de certains dossiers, et il avait donc pris la décision de dissoudre ce partenariat, selon la Deuxième chaîne.
Brosh avait alors demandé une indemnisation financière pour le temps et les efforts consacrés à l’entreprise et les deux hommes avaient convenu que l’avocat David Shimron, qui est également suspect dans cette affaire, déciderait de son montant.
Brosh insiste sur sa totale innocence dans ce dossier, a affirmé son avocat, qui a ajouté que Ganor tentait de se blanchir aux yeux de la justice en vendant ses amis. La cour a néanmoins noté que les informations réunies étaient suffisantes pour soupçonner Brosh, et a décidé de prolonger sa détention de quatre jours.
Dimanche soir, l’interrogatoire, il y a deux semaines, d’Atalia Rosenbaum, ancienne vice-présidente du Conseil national de sécurité, a été rendu public. Numéro deux du Conseil de 2009 à 2010, elle a été interrogée il y a quinze jours dans le cadre de l’enquête car elle est soupçonnée d’avoir servi d’intermédiaire dans les pots-de-vin. Elle a été libérée à l’issue de cet interrogatoire mais reste soumise à des restrictions.