« Affamés, décharnés et souffrants » : voilà à quoi ressemble un « crime contre l’humanité » – Herzog
Un groupe de victimes évoque la Shoah ; l'envoyé allemand condamne "l'insupportable" parade des rescapés Eli Sharabi, Or Levy, Ohad Ben Ami de 491 jours "d'enfer"

Le président Isaac Herzog a déclaré que l’état des trois otages décharnés libérés samedi représente « ce à quoi ressemble un crime contre l’humanité ». Les familles des victimes du Hamas les a quant à elles comparé aux images des rescapés de la Shoah, affirmant que cela souligne l’urgence de mener à bien le cessez-le-feu et l’accord sur la libération des otages.
Ohad Ben Ami, Eli Sharabi, et Or Levy étaient clairement émaciés et fragiles lorsque le groupe terroriste les a relâchés au bout de seize mois de captivité.
De nombreuses familles, qui assistaient à la scène depuis Israël, ont fondu en larmes lorsque les trois hommes ont été exhibés par les terroristes à Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, avant d’être remis à la Croix-Rouge.
Herzog a écrit sur le réseau social X que « le monde entier doit regarder directement Ohad, Or et Eli, qui reviennent après 491 jours d’enfer, affamés, émaciés et souffrants, exploités dans un spectacle cynique et cruel par d’ignobles meurtriers. Nous sommes réconfortés par le fait qu’ils sont ramenés vivants dans les bras de leurs proches ».
« La conclusion de l’accord sur les otages est un devoir humanitaire, moral et juif », a exhorté le président.
Steffen Seibert, ambassadeur d’Allemagne en Israël, a également critiqué la macabre cérémonie organisée par le groupe terroriste palestinien du Hamas pour la libération des otages, dont la maigreur est douloureuse.

« C’est à peine supportable de voir ces otages émaciés obligés de donner des interviews à un ‘reporter’ du Hamas », a-t-il écrit sur X.
« Les exhiber de la sorte est un autre crime terrible commis par les terroristes », a ajouté Seibert. Ohad possède la double nationalité allemande et israélienne.
La cheffe de la diplomatie allemande a aussi fustigé samedi le Hamas pour avoir exhibé les trois otages israéliens libérés, dont l’Israélo-Allemand Ohad Ben Ami, dans le cadre du cinquième échange contre des prisonniers palestiniens.
« Il est (…) insupportable que le Hamas montre encore une fois les trois hommes en public, même au dernier moment, et les force à donner des ‘interviews' », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, tout en se félicitant de leur libération, sur le réseau social Bluesky.
La libération de samedi, la cinquième de la première phase de l’accord de libération des otages, est survenue alors que certaines familles d’otages craignaient que l’accord n’échoue avant la deuxième phase, laissant des dizaines d’otages en captivité.
Le Forum des familles des otages et disparus a exhorté à la libération immédiate du reste des otages israéliens après la diffusion d’images montrant les trois hommes souffrant de malnutrition et de faiblesse.

« Les horribles images d’Ohad, d’Eli et d’Or révèlent le bilan dévastateur de 491 jours de captivité dans les geôles du Hamas », indique le forum.
« Ce sont des hommes qui ont enduré l’enfer lui-même. Ce sont des crimes contre l’humanité. »
« Ces images troublantes montrent au monde entier la réalité désespérée à laquelle sont confrontés tous les otages encore détenus à Gaza. Elles évoquent les images horribles de la libération des camps en 1945, le chapitre le plus sombre de notre histoire. Nous devons faire sortir TOUS LES OTAGES de cet enfer », poursuit le communiqué du forum.
« Il ne faut plus attendre – la deuxième phase de l’accord pour les otages doit être mise en œuvre immédiatement. »

Le Conseil d’octobre, qui représente les familles directement touchées par l’assaut barbare et le pogrom perpétrés par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, a déclaré que les photos des trois otages libérés depuis Gaza « font écho aux photos des survivants de la Shoah et constituent un nouveau rappel du pire échec de l’histoire de l’État et de la nécessité de mener une enquête approfondie sur cette affaire ».
« Les familles d’Eli, d’Or et d’Ohad ont également besoin de réponses », a déclaré le groupe dans un communiqué.
« Comment se fait-il que des citoyens aient été enlevés d’Israël vers la bande de Gaza ? Pourquoi a-t-il fallu près de 500 jours pour les récupérer ? Et comment se fait-il qu’aujourd’hui encore, des otages vivants soient détenus dans des conditions inhumaines dans des tunnels ? »
Le groupe a réitéré sa demande de création d’une commission d’enquête d’État sur le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d’Israël, au cours duquel plus de 1 200 personnes ont été tuées et 251 autres ont été enlevées et emmenées de force à Gaza, déclenchant la guerre.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est jusqu’à présent opposé à la création d’une telle commission.
Les anciens otages sont confrontés au pire à leur retour
Deux des otages qui ont été libérés samedi sont revenus auprès de familles détruites.
Au cours du pogrom perpétré par le Hamas, les terroristes ont assassiné l’épouse d’Eli, Lianne, 48 ans, et leurs deux filles, Noiya, 16 ans, et Yahel, 13 ans. Les terroristes ont abattu le chien de la famille, puis l’ont prise en otage dans leur mamad – abri anti-atomique – avant de mettre le feu à la maison dans le kibboutz Beeri.
Eli, 52 ans, ignorait, jusqu’à sa libération, que sa femme et ses filles avaient été tuées.
Vendredi, Haaretz a publié une interview de son frère Sharon, qui a raconté avoir dit à Netanyahu qu’il cherchait un volontaire pour raconter à Eli ce qui s’était passé parce qu’il ne s’en sentait pas capable.
Le frère d’Eli, Yossi, 53 ans, a lui aussi été enlevé ce jour-là. Israël a par la suite confirmé sa mort, l’armée israélienne ayant déclaré qu’elle pensait qu’il avait été tué à la suite d’une frappe militaire israélienne. Son corps devrait être restitué lors de la troisième et dernière phase de l’accord.
Or, 34 ans, a été capturé par un poseur de bombes en bord de route après avoir assisté au festival de musique Nova, dans la région de Reïm, tandis que sa femme Eynav, 32 ans, a été assassinée.

Leur fils Almog, âgé de trois ans, a été pris en charge par des proches. On ignore si Or était au courant, en captivité, de l’assassinat de sa femme.
Ohad a été enlevé à Beeri. Sa femme, Raz Ben Ami, a également été enlevée, puis libérée dans le cadre d’un cessez-le-feu d’une semaine en novembre 2023. Leurs filles ont mené une campagne acharnée pour obtenir leur libération.
On estime que 73 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 34 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Le Hamas a jusqu’à présent libéré 21 otages – civils, soldats et ressortissants thaïlandais – au cours d’un cessez-le-feu qui a débuté en janvier. Il avait précédemment libéré 105 civils au cours de la semaine de trêve de la fin novembre 2023, et quatre otages avaient été libérées avant cela.

Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 40 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par Tsahal.
Le groupe terroriste palestinien détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que le corps d’un soldat de Tsahal tué en 2014. Le corps d’un autre soldat de Tsahal, également tué en 2014, a récemment été récupéré à Gaza lors d’une opération militaire israélienne secrète.