Aides réduites pour la cinémathèque de Tel-Aviv dues au festival du cinéma de la Nakba ?
La ministre de la Culture vise la Cinémathèque en raison de l'événement de 3 jours montrant des films palestiniens et internationaux
La ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Miri Regev, a affirmé qu’elle souhaiterait retirer les fonds destinés à la Cinémathèque de Tel-Aviv sur son prochain festival de la Nakba (la catastrophe) – le terme palestinien désignant la création en 1948 de l’État Israël.
Le festival, prévu du 4 au 6 décembre pour sa troisième édition, traite des conséquences pour les Palestiniens de la victoire d’Israël sur les pays arabes en 1948, de la création de l’État Israël et de la question controversée du retour en Israël de réfugiés palestiniens. Les films des cinéastes palestiniens et internationaux seront projetés à la Cinémathèque ainsi qu’au Théâtre arabe-hébreu de Jaffa.
Regev a exigé dimanche de savoir si les films contreviennent à l’article 3b de la loi sur le budget de base, a rapporté le quotidien Haaretz.
« Ceux d’entre nous qui sont chargés des caisses publiques ne peuvent pas fermer les yeux s’il y a une peur, même légère, qu’une loi soit violée en Israël », a déclaré Regev.
« Il est de notre responsabilité et de notre pouvoir de faire en sorte que les fonds publics ne soient pas utilisés pour une incitation contre l’Etat. »
Selon une déclaration du ministère de la Culture, un comité interne pourvu en personnel par les membres du comité de révision des films soutenus par le ministère observera les films, déterminera s’ils enfreignent la loi et transmettront leurs découvertes au responsable de la direction de la culture, qui consultera alors le conseiller juridique du gouvernement.
Les deux présenteront leurs conclusions à la ministre Regev et au directeur général du ministère, après lequel décidera s’il faut demander au ministère des Finances de faire respecter la loi.
Le Trésor peut retirer le financement de n’importe quelle institution qui paye pour un travail qui encourage à la provocation ou au racisme, ou soutient une campagne contre l’État d’Israël. Ceci inclut la représentation de la Fête de l’Indépendance ou le jour de la création de l’État d’Israël comme un jour de deuil.
Liat Rosenberg, la responsable de l’organisation à but non lucratif « Zochrot » (« se Rappeler » en hébreu), qui produit le festival, a déclaré en réponse : « Cela ressemble à une autre tentative parmi d’autres … de garder les sujets de la Nakba et du droit au retour en dehors de l’agenda public. Si ce n’était pas un sujet si douloureux et difficile, je suppose que les tentatives du ministre auraient l’air ridicules. Mais je pense que le public votera avec ses pieds et, plutôt que les efforts pour réduire au silence le sujet, j’émets une invitation réelle et sincère à la Ministre Regev et aux autres ministres à regarder les films et à essayer d’écouter profondément les voix émanant d’eux. »
Dans un avis publié à l’intention des institutions culturelles en septembre, dans la perspective de l’exercice 2016, le ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports a attiré l’attention sur les clauses légales relatives au financement du ministère.
Ce n’est pas la première fois que la Cinémathèque de Tel-Aviv se met à dos le ministère de la Culture en raison d’un festival du cinéma sur la Nakba et du droit au retour. L’année dernière, l’institut a fait face à une menace semblable de l’ancienne ministre Limor Livnat.
Plus tôt dans l’année, le procureur général Yehuda Weinstein a mis son veto à un plan de Regev visant à stopper le financement du théâtre Al-Midan de langue arabe, après sa production d’ « Un Temps Parallèle, » une pièce basée sur la vie de Walid Dakaa, qui a tué un soldat israélien.