Antisémitisme : La Maison Blanche répond aux critiques d’une républicaine
Lauren Boerbert avait estimé que la stratégie de lutte contre la haine anti-juive de l'administration Biden était dirigée contre les conservateurs
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
La Maison Blanche a riposté vendredi à une membre républicaine située à l’extrême-droite du Congrès qui avait tenu des propos qui avaient suscité la controverse. Elle avait déclaré que l’administration Biden voulait « s’en prendre aux conservateurs » avec sa nouvelle stratégie de lutte contre l’antisémitisme.
La représentante Lauren Boebert avait partagé, sur Twitter, un post consacré à la stratégie qui établissait que « Biden déclare que les agences du gouvernement américain prendront plus d’une centaine d’actions déterminées et sans précédent pour ‘lutter contre la haine’ et contre l’antisémitisme ». Dans son partage, Boebert avait écrit que « quand on dit ce genre de choses, ça veut dire qu’on va s’en prendre aux conservateurs ».
« C’est une tactique qui est directement sortie du manuel de l’URSS », avait-elle ajouté.
Interrogé vendredi sur la publication de Boebert, Andrew Bates, attaché de presse à la Maison Blanche, a déclaré au Times of Israel que la membre du Congrès « est dans l’erreur ».
« L’antisémitisme n’est pas conservateur – c’est le mal », a-t-il continué.
« Le président Biden défend une valeur américaine fondamentale qui va au-delà de la politique et qui est épousée à la fois par les libéraux, par les conservateurs et par les indépendants : celle que nous sommes plus grands que l’antisémitisme et que la haine », a-t-il poursuivi.
When they say stuff like this, they mean they want to go after conservatives.
Their tactics are straight out of the USSR's playbook. https://t.co/bnICe9b6zO
— Lauren Boebert (@laurenboebert) May 25, 2023
En effet, la stratégie rendue publique, jeudi, par la Maison Blanche a été largement soutenue par les organisations juives et par les députés issus des deux côtés de l’échiquier politique. Seule une poignée de groupes de droite – comme la Coalition juive républicaine, l’Organisation sioniste d’Amérique et StopAntisemitism.org – ont fait part de leur désapprobation suite à l’inclusion, dans la stratégie, d’une définition de l’antisémitisme qui est prônée par les progressistes.
« Si on ressent une opposition face aux menaces de haine, c’est qu’il est grand temps de faire une introspection », a commenté Bates.
« Boebert, la membre du Congrès, devrait aussi faire une recherche sur Google sur les longs antécédents immondes de l’Union soviétique en matière d’antisémitisme. Elle pourra d’ailleurs trouver un résultat qui concerne Joe Biden qui, à l’époque, avait déclaré que les actes antisémites commis par les Soviétiques étaient ‘scandaleux’, » a-t-il précisé.
Cette stratégie sans précédent met l’accent sur plus d’une centaine d’initiatives susceptibles d’être prises par l’administration et par ses partenaires pour combattre une recrudescence alarmante de l’antisémitisme aux États-Unis.
Alors que cela fait des mois qu’elle est en préparation, la stratégie se fixe quatre objectifs de base : un renforcement de la sensibilisation et de l’éducation à l’antisémitisme – notamment sur la menace que fait planer ce dernier sur l’Amérique – et la reconnaissance des contributions apportées à travers l’Histoire par les Juifs américains ; l’amélioration de la sécurité autour des communautés juives ; le renversement d’une tendance à la normalisation de l’antisémitisme et la lutte contre les discriminations antisémites ; la construction d’une solidarité entre les différentes communautés, en plus d’une action collective pour combattre la haine.
La stratégie appelle également le Congrès, les autorités locales et celles des états, les compagnies technologiques et autres entreprises privées, les responsables religieux et autres à aider à lutter contre les préjugés et contre la haine des Juifs.
Les firmes technologiques sont appelées à afficher une « tolérance zéro » à l’encontre des contenus antisémites sur leurs plateformes. Le musée de la Shoah américain s’est engagé à lancer un centre de recherche et d’éducation. Les ligues professionnelles et les clubs sportifs devront utiliser leur influence à des fins de sensibilisation contre la haine anti-juive. Un bureau de la Maison Blanche, qui se consacre à la participation citoyenne, devra inviter des membres du public pour leur demander d’expliquer comment ils ont apporté leur soutien aux communautés différentes de celle à laquelle ils appartiennent – juives, musulmanes et autres.