Après l’échec de la « loi des rabbins », un élu Shas avance la nomination de rabbins municipaux
Le ministre Malkieli n'estime pas que le parti haredi ait renoncé à faire passer le projet de loi mais il y a un consensus sur le fait qu'il ne peut pas être adopté par la Knesset
Le ministre des Affaires religieuses, Michael Malkieli, a demandé une liste de représentants pour siéger dans les commissions de sélection des rabbins municipaux, ce qui laisse penser que son parti ultra-orthodoxe, Shas, a renoncé – au moins temporairement – à faire passer un projet de loi controversé qui aurait accru son influence sur le processus de nomination.
Malkieli a lancé le processus suite aux retards causés par le désir du Shas de ne pas choisir de nouveaux rabbins avant l’adoption de la « loi des rabbins », a rapporté le site d’information Ynet, déclarant que le parti ne pensait plus qu’il serait possible de faire avancer le projet de loi au sein du plénum de la Knesset.
Une lettre du 28 août envoyée à Malkieli par le Grand Rabbinat, dont le Times of Israel a pu consulter une copie, évoque la nomination de représentants aux commissions de sélection dans 48 municipalités distinctes, y compris Jérusalem, Tel Aviv et Haïfa.
Contacté par le Times of Israel, un porte-parole du ministre a déclaré que Malkieli ne faisait que suivre la loi existante, affirmant que son « initiative est de faire respecter la loi ».
Interrogé sur le fait de savoir si Shas avait donc renoncé à la loi, le porte-parole a répondu qu’il ne le pensait pas, « mais il est entendu qu’il n’est pas certain qu’elle soit adoptée ».
Les porte-parole du Shas et du député Erez Malul, qui est à l’origine du projet de loi, n’avaient pas répondu aux demandes de commentaires mercredi après-midi concernant les implications de la décision de Malkieli de faire avancer le processus de sélection des rabbins municipaux.
A copy of a letter sent to Malkieli by the Chief Rabbinate, seen by The Times of Israel, shows representatives being appointed to selection committees in 48 separate municipalities, including Jerusalem, Tel Aviv, and Haifa. pic.twitter.com/9ewz03e8cG
— Sam Sokol (@SamuelSokol) August 28, 2024
Le rabbin Seth Farber, directeur du groupe de défense ITIM, qui s’oppose au projet de loi, a déclaré que son organisation était « satisfaite que la loi ait été mise de côté – du moins pour l’instant ».
« Toutefois, nous restons préoccupés par le fait que le ministre de Shas utilisera son influence pour manipuler les municipalités afin qu’elles nomment des rabbins à des postes à vie », a déclaré Farber.
La première version de la loi aurait permis la création de centaines d’emplois financés par des fonds publics pour les rabbins orthodoxes, tout en donnant au Grand Rabbinat un droit de regard considérable sur la nomination de tous les nouveaux rabbins municipaux, inversant ainsi les changements institués en 2022 par le gouvernement précédent.
Les détracteurs du projet de loi ont affirmé qu’il profiterait au parti Shas en fournissant des emplois à ses apparatchiks et en renforçant le droit de regard du Grand Rabbinat orthodoxe à la fois sur la nomination des rabbins et sur leur mode de fonctionnement.
Après avoir été bloqué en juin par deux parlementaires du Likud, le parti ultra-orthodoxe a ensuite proposé une version plus limitée du projet de loi, qui visait à accorder à Malkieli le pouvoir d’allouer des fonds supplémentaires aux conseils religieux locaux dans tout le pays.
Le projet de loi aurait modifié la loi sur les Affaires religieuses, qui régit le montant de la contribution du gouvernement et des municipalités aux budgets des organismes qui fournissent des prestations religieuses communales au niveau des villes et des conseils régionaux.
Le projet de loi stipulait que le ministre des Affaires religieuses serait autorisé, avec l’accord du ministre des Finances, à payer « les dépenses salariales et les postes au-delà de ce qui est stipulé » dans la loi.
Cependant, l’avancement de cette législation a été bloqué à maintes reprises dans le cadre d’un conflit permanent avec le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui a déclaré qu’il continuerait à la retarder jusqu’à ce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu lui accorde une plus grande influence sur le déroulement de la guerre menée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Au début du mois, lors d’une session spéciale du plénum à mi-parcours, Ben Gvir a torpillé pour la troisième fois la loi sur les Affaires religieuses soutenue par le Shas, reprochant au parti ultra-orthodoxe d’avoir prétendument bloqué son inclusion dans un forum ministériel de haut niveau traitant du conflit.
Le porte-parole de Ben Gvir n’avait pas répondu à une demande de commentaire mercredi.
Le député Matan Kahana (HaMahane HaMamlahti), prédécesseur de Malkieli au poste de ministre des Affaires religieuses, a exprimé son scepticisme quant à l’abandon définitif de la mesure par Shas.
« Qui a dit qu’ils abandonnaient définitivement ? Peut-être ont-ils réalisé qu’en attendant, ils devaient travailler avec le système existant », a-t-il déclaré au Times of Israel.
« Ce qui empêche Shas de promouvoir la loi sur les rabbins, qui modifie complètement le mode d’élection des rabbins des villes, c’est la querelle avec Ben Gvir. Ils comprennent que Ben Gvir ne les laissera pas adopter cette loi. C’est pourquoi ils ont probablement décidé de commencer à nommer des rabbins avec l’aide des règlements qui ont été modifiés lorsque j’étais ministre des Affaires religieuses », a-t-il poursuivi.
« Même si le parti Shas a moins de contrôle sur le choix du rabbin pour chaque lieu, je suis heureux qu’ils aient compris qu’il est plus important que des rabbins soient nommés plutôt que d’être nécessairement [affiliés au Shas]. Il convient de noter que, même selon les règles en vigueur aujourd’hui, ils ont une influence considérable sur le processus, c’est pourquoi je ne comprends pas pourquoi ils ont tant tardé. »