Après un clash à la Knesset, Halevi promet de défier la Défense sur la conduite de la guerre
L'élu, qui dit s'attendre à être réintégré à la commission des Affaires étrangères dans les semaines à venir, critique la campagne du gouvernement qui "n'est pas assez agressive"

Le député Amit Halevi (Likud) a critiqué mercredi la stratégie du gouvernement à Gaza, affirmant que ses plans sont insuffisants pour vaincre le Hamas. Il a également dénoncé l’attitude du ministre de la Défense, Israel Katz, envers la commission de la Knesset chargée de superviser les affaires militaires, qualifiant son comportement « d’inapproprié ».
Halevi s’est entretenu avec le Times of Israel quelques jours après avoir été exclu de la puissante commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset. Il avait voté contre une mesure visant à élargir les pouvoirs du gouvernement pour ordonner la mobilisation d’urgence des réservistes de Tsahal. Il a réitéré ses critiques, affirmant que la dernière offensive militaire à Gaza, l’opération « Chariots de Gédéon », ne permettra pas à Israël de « vaincre totalement le Hamas ».
Le député critique de longue date les résultats militaires obtenus depuis le début du conflit. L’an dernier déjà, il affirmait que l’armée israélienne surestimait les pertes infligées au Hamas.
« Pour vaincre [le Hamas], nous avons besoin d’un plan, d’un plan original, qui nous permette de prendre le contrôle effectif des ressources, de la population et du territoire de Gaza », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que tant que le Hamas contrôleral’approvisionnement en nourriture et en énergie dans l’enclave, il conservera la capacité de recruter des hommes armés.
Si les hauts responsables de la coalition affirment que la nouvelle opération vise à la prise de territoires par Israël et à la « conquête » de la bande de Gaza, Halevi dit que, d’après les informations transmises aux députés, « même avec cette opération, le Hamas conservera le contrôle sur non pas toute la population, non pas toute la terre, non pas toutes les ressources – mais une partie des ressources, une partie de la terre, et une partie de la population. C’est une perspective inacceptable ».
Il dit avoir eu espoir que le changement de ministre de la Défense et de chef d’état-major modifierait la manière dont Israël mène des opérations dans la bande, mais, selon lui, « Le nouveau programme reproduit les mêmes erreurs, les mêmes échecs », a-t-il déclaré.

« Cette opération est plus puissante : plus d’armes, plus de puissance de feu. Mais il ne s’agit pas de quantité. Il s’agit de qualité et de vision stratégique. »
Halevi a voté contre l’élargissement des pouvoirs du gouvernement en matière de mobilisation d’urgence dimanche, expliquant que « après 20 mois d’échec opérationnel au prix d’un lourd tribut en vies humaines », il était de sa « responsabilité… de s’assurer que Tsahal a tiré les leçons nécessaires avant de voter en faveur de l’envoi de soldats sur le champ de bataille ».
Malgré les garanties avancées par la coalition, il estime que la stratégie actuelle permettra au Hamas de continuer « à recevoir de l’aide et à contrôler une large zone et une grande partie de la population. L’ennemi ne sera donc pas vaincu ».
Lors de la réunion au cours de laquelle il a voté contre la motion du gouvernement, qui a finalement été adoptée à la suite de son départ de la commission, Halevi a également eu un échange tendu avec le ministre de la Défense, qu’il a accusé d’avoir agi de manière « inappropriée ».
Interrogé au sujet de la réunion, dimanche, de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, Halevi a dit que Katz l’avait « engueulé et qu’il s’était moqué de lui » en criant : « Vous ne comprenez rien ».
« Il y a une règle en politique. Quand on n’a pas de réponses, on élève la voix », a expliqué Halevi.
« Je pense qu’un ministre de la Défense ne doit pas se contenter de répondre aux députés, il doit aussi se poser des questions lui-même. Pourquoi ne s’inquiète-t-il pas du fait qu’à la fin de cette opération, le contrôle du territoire, de la population et des ressources ne soit pas entre nos mains ? »

Selon les médias israéliens, Katz aurait sévèrement critiqué Halevi lors d’une discussion interne, au sein du Likud, consacrée à son opposition à l’extension de l’autorité du gouvernement en matière de mobilisation des réservistes. Il l’aurait accusé de répandre une « diffamation du sang » contre les commandants de Tsahal et l’aurait comparé à Yair Golan, figure de gauche, qui a accusé cette semaine le gouvernement de tuer des bébés à Gaza « pour le plaisir ».
« Comme cela a été clairement indiqué à la commission, le plan Chariots de Gédéon, même en cas de succès, laissera au Hamas le contrôle d’une partie du territoire, de la population et de l’aide humanitaire. Il n’inclut pas de stratégie d’encerclement avant l’entrée des troupes, contrairement à ce qu’ont proposé dix anciens généraux de division dans le “plan des généraux” », a écrit Halevi mardi.
Halevi pourrait bientôt retrouver son siège à la commission, le président de la coalition, Ofir Katz, lui ayant assuré que sa suspension était « temporaire » et ne durerait qu’environ deux semaines. Le député affirme qu’il poursuivra sa ligne indépendante si nécessaire.

« Je ne lèverai pas la main pour soutenir un programme militaire qui ne mène pas à la victoire », a-t-il promis.
Halevi s’est également exprimé sur le projet de loi relatif à l’enrôlement des ultra-orthodoxes, actuellement réexaminé par le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, Yuli Edelstein (Likud). Il s’est dit favorable à un texte incluant des sanctions contre les réfractaires, tout en doutant que suffisamment de jeunes haredim puissent être enrôlés à temps pour combler les besoins en effectifs de Tsahal.
La « priorité absolue » de la coalition doit être la guerre, a-t-il déclaré. Tout le reste « devrait être secondaire ».