Arrestation de plusieurs leaders: l’opposition dénonce des « arrestations politiques »
Shikma Bressler, Kalanit Sharon, Rotem Perelman-Farhi ont été arrêtées lors des manifestations nationales, dont au moins deux pour "troubles à l'ordre public," selon la police
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Plusieurs dirigeants et membres importants du mouvement de protestation contre la réforme du système judiciaire du gouvernement Netanyahu ont été arrêtés au cours des manifestations nationales de jeudi, notamment Shikma Bressler, Kalanit Sharon, Rotem Perelman-Farhi et Moshe Radman.
Ces arrestations ont conduit plusieurs personnalités de l’opposition et des politiciens à accuser la police de procéder à des « arrestations politiques », bien que les forces de l’ordre aient insisté dans au moins deux cas sur le fait que les arrestations avaient été effectuées en raison de « troubles à l’ordre public ».
Bressler a été arrêtée lors d’une manifestation à la jonction de Binyamina, devant l’usine d’armement Rafael près d’Or Akiva, Sharon à Tel Aviv, et Perelman-Farhi à Haïfa.
Ces arrestations ont eu lieu au cours de la « journée nationale de paralysie » qui se déroule jeudi dans tout le pays contre le paquet de réformes radicales du gouvernement, lors de rassemblements qui ont donné lieu à des actes de désobéissance civile, y compris le blocage de grandes autoroutes.
Bressler, physicienne et chercheuse à l’Institut des Sciences Weizmann, est l’une des fondatrices et dirigeantes du mouvement des Drapeaux noirs, formé contre le précédent gouvernement de Benjamin Netanyahu en 2020. Elle a rapidement été libérée.
Elle a été l’une des principales voix des dernières manifestations anti-gouvernement, jouant souvent le rôle de maîtresse de cérémonie lors de manifestations de masse rue Kaplan, à Tel-Aviv.
מעצר של ד״ר שקמה ברסלר שוורצמן ממובילות המחאה, בהפגנת עובדי רפאל בצפון pic.twitter.com/NXbUDQ04Ss
— Tal Schneider טל שניידר تال شنايدر (@talschneider) March 23, 2023
Elle et d’autres personnes, dont des employés de l’entreprise d’armement public Rafael Advanced Defense Systems, ont réussi à bloquer la Route 4 pendant environ une heure.
Selon la police, des milliers de personnes ont participé à la manifestation, mettant en réel danger les automobilistes et les manifestants eux-mêmes. Les policiers ont déclaré la manifestation illégale.
La police a eu recours à des méthodes de dispersion de la foule pour dégager la route, et 12 manifestants ont été arrêtés, dont Bressler, pour trouble à l’ordre public et interférence avec un officier de police dans l’exercice de ses fonctions.
Bressler a été emmenée au poste de police de Zevulun à Haïfa, mais a été relâchée peu de temps après à la condition de quitter la zone de la manifestation.
La vidéo de l’arrestation de Bressler la montre emmenée par la police vers une voiture de patrouille alors que les manifestants scandaient « Honte ! » .
S’adressant à une foule de sympathisants à l’extérieur du poste de police, Bressler a déclaré qu’elle ne blâmait pas la police pour la situation difficile dans laquelle elle s’était retrouvée.
« Je tiens vraiment à remercier la police, aussi étrange que cela puisse paraître. Il est clair pour nous tous qu’un pays démocratique a besoin d’une force de police forte, et nous n’avons pas d’autre force de police. Ils ont été placés dans une situation impossible et notre tâche est de veiller à ce qu’Israël reste une démocratie », a déclaré Bressler.
L’ancien Premier ministre Ehud Barak a écrit sur Twitter que son arrestation était un exemple de « dictature en action ».
« Dans un pays normal, Shikma Bressler recevrait le Prix Israël. Dans l’État de Netanyahu et de [Itamar] Ben Gvir, elle est arrêtée telle une criminelle de droit commun. C’est la Hongrie et la Pologne sous stéroïdes. Un gouvernement honteux. La démocratie l’emportera sur vous », a écrit sur Twitter Merav Michaeli, la cheffe du parti Avoda.
L’Institut Weizmann a également déclaré qu’il « condamnait fermement l’arrestation honteuse de Dr. Shikma Bressler » et que « l’arrestation d’une figure centrale des manifestations [anti-gouvernement] au cours d’un rassemblement pacifiste soulève des soupçons de considérations non pertinentes quant à son arrestation ».
Perelman-Farhi, associée du cabinet d’avocats Epstein Rosenblum Maoz et cheffe de file du mouvement de protestation à Haïfa qui a participé aux manifestations hebdomadaires de Tel Aviv, a été arrêtée à Haïfa au cours de rassemblements auxquels des milliers de personnes ont participé, selon la police.
Une vidéo de son arrestation la montre emmenée par des policiers.
La police a déclaré qu’elle avait été arrêtée pour trouble à l’ordre public. Elle n’avait pas encore été libérée à l’heure où ces lignes ont été écrites.
עורכת דין רותם פרלמן פרחי ממובילות מחאת העם חיפה נעצרת בהפגנה במת״מ. תיפגש עם ד״ר שיקמה ברסלר לתכנון המשך השבוע???? pic.twitter.com/OPv1U7jPBz
— Michal Porat (@drmichalporat) March 23, 2023
Kalanit Sharon, une dirigeante du mouvement de protestation Pink Front, a été arrêtée à Tel Aviv.
בוקר של מעצרים פוליטיים: ההשתלטות המוחלטת של פוליטיקאים על מערכות השלטון המקצועיות. עשרות נעצרו כי הם מתנגדים להפיכה המשטרית. חשוב לזכור: תל אביב יפו תישאר דמוקרטית ועצמאית. עיר שתיאבק על זכותו של כל אזרח להגיד את דעתו ולא משנה מהי. ????המעצר המזעזע של כלנית שרון @KalanitSharon pic.twitter.com/AOzL1cHHvA
— ציפי ברנד (@BrandZippi) March 23, 2023
La députée Naama Lazimi (Avoda) a dénoncé l’arrestation de Sharon sur Twitter.
« Ils essaient de nous faire taire. Nous ne les laisserons pas faire ! Nous n’aurons pas de dictature ici », a écrit Lazimi.