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Avec la réforme judiciaire, Benny Begin pleure la disparition du Likud de son père

Par ailleurs, des ténors du Likud expliquent que Netanyahu, inquiet, pourrait accepter des compromis dans les réformes envisagées, jurant de quitter le parti s'il devait le faire

Le député Benny Begin lors d'une visite à Katzrin, au nord d'Israël, sur le plateau du Golan, le 27 avril 2022. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)
Le député Benny Begin lors d'une visite à Katzrin, au nord d'Israël, sur le plateau du Golan, le 27 avril 2022. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)

Benny Begin, le fils du fondateur emblématique du parti du Likud et ex-Premier ministre Menachem Begin, a déclaré mardi qu’il ne restait rien des aspirations nourries par son père au sein de la formation actuelle.

Begin, qui aura 80 ans le mois prochain, a participé à la manifestation massive qui a été organisée lundi aux abords de la Knesset contre le plan de refonte du système judiciaire israélien de la coalition dont le Likud est à la tête.

« Rien ne reste du mouvement Herut auquel j’avais adhéré il y a cinquante ans », a déploré Begin au micro de la radio militaire, faisant référence au prédécesseur du Likud. « Et c’est une mauvaise chose ».

Begin s’est rendu au rassemblement en compagnie de son fils et de son petit-fils.

Begin, qui a pris sa retraite politique l’année dernière, avait déjà quitté le Likud pour rejoindre les rangs du parti Tikva Hadasha, une faction en rupture avec la formation de Netanyahu qui s’est depuis fondue au sein de HaMahane HaMamlahti, placé sous la direction de Benny Gantz.

En 1988, Begin était entré à la Knesset. Il devait y rester pendant 18 ans au total, sur des périodes fractionnées. Il avait aussi été ministre. Il avait été élu jusqu’en 2019 sous l’étiquette du Likud mais il avait déclaré, cette année-là, qu’il ne soutiendrait plus le parti, citant sa rhétorique incendiaire et les accusations de corruption pesant sur le Premier ministre. Il avait rejoint Tikva Hadasha lors du scrutin de 2021, une faction largement composée d’anciens membres du Likud ayant perdu toute confiance en Netanyahu.

(Dans un livre écrit en 1952, un quart de siècle avant l’arrivée, par ses soins, du Likud au pouvoir, Menachem Begin avait écrit en évoquant l’équilibre des pouvoirs entre la majorité politique et la Haute-cour indépendante : Pourquoi « cinq, sept ou onze personnes non-élues sont-elles en mesure d’invalider… une loi votée par les représentants de l’électorat ? » Parce que, continuait Begin, avocat de formation (il avait fait ses études à l’université de Varsovie vers 1935), une majorité parlementaire « peut être utilisée par un groupe de dirigeants comme couverture de leur tyrannie ». Et le peuple, par conséquent, « doit ancrer ses droits… de manière à ce qu’ils ne puissent pas être ôtés par une majorité parlementaire. Ce qui n’est faisable que par le biais de la ‘suprématie judiciaire’. »)

Par ailleurs, la radio militaire a aussi indiqué que des ténors et des ministres du Likud s’inquiétaient de ce que Netanyahu ne cède à la pression publique, ce qui l’amènerait à faire des compromis sur la réforme.

Citant des députés et « d’importants ministres » qui n’ont pas été identifiés, la radio a fait savoir que les inquiétudes étaient croissantes face au silence de Netanyahu suite à l’appel lancé par le président Isaac Herzog qui a réclamé des négociations et des compromis sur la refonte.

Lundi, les médias israéliens ont annoncé que les avocats de Netanyahu s’étaient tournés vers la procureure-générale Gali Baharav-Miara pour lui demander la permission de parler en public du projet de réforme judiciaire, ajoutant que cette requête avait été rejetée à l’issue de plusieurs heures de discussion.

Netanyahu est soumis à un accord sur les conflits d’intérêt qui, selon la procureure-générale, lui interdit d’intervenir, d’une manière ou d’une autre, dans le plan de refonte dans la mesure où certaines des composantes de ce dernier sont susceptibles d’avoir un impact direct sur son procès actuel pour corruption.

Le Premier ministre israélien Menachem Begin pendant un débat à la Knesset, le 20 mars 1979. (Crédit : AP Photo/Max Nash)

Toutefois, certains, au sein du Likud, craignent que le silence de Netanyahu n’indique l’envie d’examiner la possibilité d’un compromis. Selon la radio militaire, ces membres du Likud auraient averti le Premier ministre que « si Netanyahu devait partir à gauche après avoir parlé à droite, il n’aura plus ni de coalition, ni de faction ».

Citant des conversations entre les députés du Likud et les ministres, la Radio militaire a indiqué qu’ils avaient menacé de quitter les rangs du parti si le Premier ministre ne menait pas à bien ces réformes radicales.

Ils ont aussi affirmé que d’autres partenaires de la coalition feraient de même.

Les efforts livrés pour ouvrir des négociations semblent être dans l’impasse.

Le ministre de la Justice, Yariv Levin, et le président de la Commission de la Constitution, du droit et de la justice, le député Simcha Rothman, ont indiqué qu’ils souhaitaient rencontrer l’opposition sans condition préalable mais ils ont rejeté l’appel lancé par le président de faire une pause dans le processus législatif de l’adoption du projet de loi pendant ces éventuels pourparlers.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, avec le ministre de la Justice, Yariv Levin à ses côtés, présidant la réunion hebdomadaire du cabinet à Jérusalem, le 12 février 2023. (Crédit : Amit Shabi/Pool)

Une proposition qui a été rejetée par les leaders de l’opposition qui ont estimé qu’il était malhonnête de proposer l’ouverture du dialogue tout en menant un processus législatif effréné sur un texte de loi qui, selon eux, détruira la nature démocratique d’Israël.

L’échange a eu lieu après que la législation qui accorderait la majorité automatique au gouvernement au sein de la Commission de sélection judiciaire, chargée de nommer les juges, et qui interdirait à la Haute-cour de réexaminer des Lois fondamentales a été approuvée en vue d’une première lecture à la Knesset, une première lecture qui devrait probablement avoir lieu lundi prochain.

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