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Refonte judiciaire : retour sur la grève et le rassemblement devant la Knesset

"Nous ne resterons pas silencieux alors qu'ils détruisent tout ce nous est précieux et sacré", a mis en garde Yair Lapid

Des manifestants contre les plans du nouveau gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à remanier le système judiciaire, à Jérusalem, le 13 février 2023. (Crédit :AP Photo/Ohad Zwigenberg)
Des manifestants contre les plans du nouveau gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à remanier le système judiciaire, à Jérusalem, le 13 février 2023. (Crédit :AP Photo/Ohad Zwigenberg)

Au moins 70 000 personnes se sont rassemblées lundi à Jérusalem dans le cadre d’une grève nationale pour protester contre le projet du gouvernement visant à imposer des changements radicaux et profonds au système judiciaire.

Alors que les organisateurs ont déclaré que 100 000 manifestants s’étaient rassemblés dans la capitale, des estimations indépendantes ont annoncé un chiffre compris entre 70 000 et 90 000.

Les gares du pays étaient bondées, les manifestants tentant de rejoindre la capitale. La compagnie de chemins de fer israélienne a ajouté plusieurs trains vers Jérusalem pour faire face à la demande. En revanche, les compagnies de bus n’ont pas augmenté leur service malgré l’afflux attendu de manifestants, le ministère des Transports – dirigé par une fervente alliée du Premier ministre – aurait refusé.

Des centaines de start-ups high-tech, de cabinets d’avocats et d’autres entreprises du secteur privé ont permis à leurs employés de se joindre à la grève nationale, des bus les amenant à la capitale.

Des milliers d’autres personnes se sont rendues à Jérusalem dans leur propre voiture ; les principales entrées de la ville ont été bloquées alors que les gens essayaient d’entrer.

Un groupe s’est rassemblé au mur Occidental pour un court office avant de se rendre à la Knesset pour le rassemblement. Les quelques dizaines de manifestants ont récité des prières – dont la prière pour l’État d’Israël – et chanté des chansons tout en brandissant des drapeaux israéliens et des drapeaux de fierté.

Des Israéliens enveloppés dans le drapeau israélien pour protester contre les réformes du système judiciaire prévues par le gouvernement, au mur Occidental, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 13 février 2023. (Crédit : Arie Leib Abrams/FLASH90)

Alors que des milliers de médecins et de professionnels de la santé mentale ont rejoint la grève, la fédération syndicale Histadrout, qui représente les syndicats du secteur public, a refusé.

Des milliers de parents et d’étudiants ont défilé à Tel Aviv, bloquant les principales artères de la ville pendant plusieurs heures. Des dizaines de directeurs d’écoles primaires de Tel Aviv avaient déclaré qu’ils autoriseraient les enfants et les enseignants à faire grève.

Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, s’est adressé aux manifestants à Jérusalem, dont beaucoup portaient des drapeaux israéliens. « Nous ne resterons pas silencieux alors qu’ils détruisent tout ce qui nous est précieux et sacré », a-t-il assuré.

« Ils nous entendent, et découvrent soudain que nous ne sommes pas prêts à jouer le jeu comme ils l’avaient prévu. Nous ne sommes pas ici juste pour payer des impôts », a déclaré Lapid, s’adressant au gouvernement de droite radicale composé de partis de droite, d’extrême-droite et ultra-orthodoxe.

« Ce qu’ils entendent n’est pas la voix de l’épuisement, c’est la voix de l’espoir… C’est ce qui rend notre voix claire et forte », a-t-il ajouté.

« Peuple d’Israël, nous nous battrons dans les rues, nous nous battrons jusqu’à ce que nous gagnions », a déclaré Lapid.

Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, prenant la parole lors d’une manifestation contre la réforme judiciaire, à Jérusalem, le 13 février 2023. (Crédit :Arie Leib Abrams/Flash90)

« Nous ne laisserons pas la société s’effondrer de l’intérieur. Netanyahu, vous la détruisez », a déclaré le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, aux manifestants.

« Je veux vous dire, Netanyahu, vous n’incarnez pas toute la nation mais vous mettez toute cette nation en danger », a déclaré Gantz.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu se trouvait à Tel Aviv pendant les manifestations, pour des discussions sur le budget de l’État.

« N’abandonnez pas – continuez, continuez, continuez. Nous n’avons pas d’autre choix ni d’autre pays », a déclaré Gantz aux manifestants, concluant par un couplet d’une chanson populaire de protestation, « Ein li eretez arehet », rédigée par Ofra Fuchs. La même chanson avait été chantée plus tôt dans la journée par les députés de l’opposition lors d’une session houleuse de la commission des Lois de la Knesset.

Pendant ce temps, la cheffe du parti Avoda, Merav Michaeli, a réitéré son opposition à la tenue de négociations avec la coalition sur les propositions de cette dernière visant à remanier le système judiciaire.

« Malheureusement, le mot ‘négociation’ est un piège », a déclaré Michaeli lors d’une conférence de presse conjointe des dirigeants des partis d’opposition. Michaeli a accusé la coalition de « tenter de nous faire taire, nous, les milliers de personnes qui protestent contre le plan de réforme, en utilisant le mot ‘négociation’ comme une fausse incitation ».

Elle a promis d’étendre les protestations jusqu’à ce que « la justice » soit assurée. « Nous ne les laisserons pas prendre notre démocratie », a-t-elle ajouté.

Manifestants contre le remaniement judiciaire devant la Knesset, à Jérusalem, le 13 février 2023. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Eliad Shraga, fondateur de l’ONG Mouvement pour un gouvernement de qualité, qui a été l’une des organisations les plus actives dans les protestations, a déclaré au Times of Israel qu’il ne s’attend pas à ce que le changement vienne de la Knesset.

« La seule aide viendra des héros de la Cour suprême », a-t-il prédit.

Parmi les manifestants figurait également l’ancien chef de l’agence de renseignement du Mossad, Tamir Pardo, qui a déclaré craindre que le projet de refonte judiciaire du gouvernement ne transforme Israël en « un pays dans lequel je ne voudrais pas vivre ».

Tout en précisant qu’il ne quittera pas Israël et qu’il n’encourage personne à émigrer, Pardo a déclaré qu’il pensait que le vaste programme de réformes ferait évoluer Israël vers une « dictature ».

« Nous sommes en train de trahir nos valeurs fondamentales » telles que décrites dans la Déclaration d’Indépendance, a affirmé l’ancien espion en chef. « La défense de ces valeurs a coûté beaucoup de sang, les vies de beaucoup de soldats », a-t-il ajouté.

Un manifestant a déclaré qu’Israël « connaît la plus grande menace depuis la guerre de Yom Kippour » en 1973.

« J’ai assisté à plusieurs manifestations le samedi à Jérusalem. Et aujourd’hui, j’ai l’impression que Tel Aviv est venu à Jérusalem », a déclaré David, 73 ans, un thérapeute familial de Jérusalem qui vit en Israël depuis 50 ans, originaire de Cincinnati aux États-Unis.

« Il faudra une pression suffisamment forte de la part de la population locale et de l’étranger et du secteur de la high-tech pour changer ce qui se profile. Dans un premier temps, il serait bon que tout le monde accepte les recommandations du président [Isaac Herzog]. »

« Je m’inquiète de la corruption générale, des droits civils en Israël et du système démocratique », a-t-il déclaré. « Quel pays allons-nous laisser à nos petits-enfants ? Nous ne sommes pas venus en Israël pour cela. »

Des manifestants contre les plans du nouveau gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à remanier le système judiciaire, à Jérusalem, le 13 février 2023. (Crédit : AP Photo/Ohad Zwigenberg)

Deux employées du centre hospitalier Ichilov à Tel Aviv ont déclaré qu’ils protestaient dans l’espoir que cela « arrête la folie ».

« Nous avons été autorisées et même encouragées à participer à la grève de Jérusalem. Nous avons décidé de prendre le train alors que d’autres personnes de l’hôpital étaient censées se rendre à Jérusalem en bus », a déclaré l’une d’elles, sous couvert d’anonymat, au Times of Israel.

« Nous espérons apporter un changement pour mettre fin à cette folie », a-t-elle ajouté, debout dans le train bondé.

« Je suis inquiète pour l’avenir de mes trois petits-enfants. Ce sera une dictature comme la Hongrie ou la Pologne », a déclaré Etty Pass, 74 ans, de Ramat Gan.

Les manifestations de Jérusalem et les manifestations simultanées dans d’autres villes ont coïncidé avec les premiers votes des projets de loi à la commission de la Constitution, de la Loi et de la Justice de la Knesset, lors d’une session animée au cours de laquelle un certain nombre de députés de l’opposition ont été expulsés de la salle.

Des députés de l’opposition expulsés de la réunion de la commission de la Constitution, de la Loi et de la Justice de la Knesset, le 13 février 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La commission a avancé le projet de loi un jour après que le président Isaac Herzog a exhorté les responsables à accepter un compromis sur les projets du gouvernement visant à remanier de manière radicale le système judiciaire. Il a néanmoins ajouté que les « changements » et les « réformes » étaient des objectifs légitimes et a proposé un plan en cinq points comme base générale d’un accord de compromis.

Dans son allocution télévisée, Herzog a déclaré que le pays était au bord d’un « effondrement sociétal et constitutionnel » et a imploré les citoyens des deux bords de s’abstenir de toute violence, « a fortiori contre les représentants officiels et élus ».

Pour sa part, l’ancien ministre de la Défense et leader de la contestation, Moshe Yaalon, avait déclaré qu’il avait trouvé la proposition de compromis du président Isaac Herzog « décevante ».

Quelques instants avant de monter sur scène pour s’adresser à la manifestation de Jérusalem, Yaalon a déclaré au Times of Israel que le discours de dimanche soir de Herzog n’avait pas réussi à ancrer la conversation dans les principes de la Déclaration d’Indépendance d’Israël.

« C’était décevant. Je pense que le président doit dire que notre principe directeur est la Déclaration d’Indépendance. » Yaalon a également déclaré qu’il était « contre toute négociation » avec la coalition, qui, selon lui, « a balayés, les dirigeants de l’opposition, d’un revers de la main ».

Le projet de refonte du ministre de la Justice Yariv Levin, qui est soutenu par Netanyahu, prévoit de restreindre de manière importante la capacité de la Haute-cour à invalider des lois et des décisions gouvernementales avec l’adoption d’une clause dite « dérogatoire » qui permettrait au Parlement de surseoir aux décisions de la Cour suprême avec un vote à la majorité simple de 61 députés.

Les critiques affirment qu’en plus d’autres projets de loi prévus, ces réformes radicales auront un impact sur la nature démocratique du pays en bouleversant son système de contre-pouvoirs, accordant presque tous les pouvoirs à l’exécutif et laissant sans protection les droits individuels et ceux des minorités.

Netanyahu et d’autres membres de la coalition ont rejeté ces critiques.

Judah Ari Gross et Jeremy Sharon ont contribué à cet article.

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