Israël en guerre - Jour 400

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Avec l’antisémitisme ambiant, des synagogues hésitent à commémorer la Nuit de Cristal

Des survivants de la Shoah évoquent le pogrom du 7 octobre perpetre par le Hamas, tandis que sont annulées les cérémonies marquant les 85 ans de la Nuit de Cristal

Le matin suivant la Nuit de Cristal, ou "Nuit du verre brisé", des habitants regardent la synagogue d'Ober-Ramstadt, en Allemagne, détruite par un incendie en 1938. (Crédit : CNS photo/United States Holocaust Memorial Museum)
Le matin suivant la Nuit de Cristal, ou "Nuit du verre brisé", des habitants regardent la synagogue d'Ober-Ramstadt, en Allemagne, détruite par un incendie en 1938. (Crédit : CNS photo/United States Holocaust Memorial Museum)

NEW YORK – Les communautés juives d’Amérique du Sud et d’Europe ont décidé d’annuler les commémorations prévues pour le 85e anniversaire du pogrom organisé par l’Allemagne nazie lors de la Nuit de Cristal, jeudi soir, en raison de l’antisémitisme ambiant consécutif aux massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre dernier, a appris le Times of Israel.

Ce jour-là, des terroristes du Hamas se sont infiltrés dans le sud d’Israël par voie terrestre, aérienne et maritime pour mener un assaut barbare durant lequel ils ont tué quelque 1 400 personnes, pour la plupart des civils, dans des actes d’une cruauté effroyable. Plus de 240 personnes ont été prises en otage à Gaza, dont des dizaines d’enfants.

Le lendemain de l’invasion, Israël a déclaré la guerre et promis de détruire le Hamas, qui dirige la bande de Gaza. Le nombre croissant de victimes résultant de l’offensive israélienne a distrait l’attention de la population des massacres du 7 octobre.

Pour commémorer le pogrom généralisé de 1938, des milliers de synagogues avaient prévu de participer à un événement annuel organisé en Israël à l’occasion de la Nuit de Cristal, appelé « Lumière de la synagogue ». Lors de cet événement, les congrégations et organisations juives gardent leurs lumières allumées toute la nuit pour commémorer le massacre allemand au cours duquel 99 Juifs ont été assassinés et 30 000 hommes ont été envoyés dans des camps de concentration.

« Lorsque nous avons commencé à envisager la manière dont nous pourrions amener ce merveilleux projet au Brésil, nous avions prévu un événement interconfessionnel », explique Hana Nusbaum, enseignante spécialisée dans l’étude de la Shoah et basée à Sao Paulo.

« Mais, avec la montée de l’antisémitisme partout dans le monde, il nous semble peu probable que les synagogues et autres institutions juives acceptent une manifestation physique de soutien qui attirerait l’attention sur leur emplacement », a déclaré Hana Nusbaum au Times of Israel.

Les organisateurs des cérémonies de commémoration de la Nuit de Cristal à Los Angeles et à New York ont déclaré au Times of Israel que la sécurité avait été « renforcée » pour les rassemblements prévus dans les synagogues jeudi soir. Aux États-Unis, contrairement au Brésil, aucun rassemblement organisé pour commémorer la Nuit de Cristal n’a été annulé jusqu’à présent.

Dans le cadre des événements commémoratifs de cette année, la Marche des vivants (MOTL) a publié des témoignages de survivants de la Shoah qui s’expriment sur l’antisémitisme au lendemain des massacres du 7 octobre.

« Je n’aurais jamais pu imaginer qu’une chose aussi terrible puisse se reproduire de mon vivant », a déclaré Tirza HaLivni, qui a survécu à la Nuit de Cristal et qui s’est ensuite installée en Israël.

La synagogue de Kvutzat Yavneh lors de la commémoration de la Nuit de Cristal « Lumière de la synagogue » (Crédit : Dalia Yohanan)

« Le 7 octobre, le Hamas est venu et a massacré des enfants, des jeunes et des personnes âgées. Je dois avouer que chaque fois que je donne des conférences, et j’en donne beaucoup, en Israël, en Allemagne et partout où je peux, je repense aux horreurs qui se sont produites il y a 85 ans et que nous vivons à nouveau », a déclaré HaLivni.

Grâce au MOTL, des milliers d’Israéliens et d’adolescents de la diaspora ont visité les sites de la Shoah en Pologne et se sont ensuite rendus en Israël. Cette année, de nombreux survivants contactés par le MOTL se sont montrés réticents à autoriser l’organisation à utiliser leur nom complet, comme l’indique un communiqué de presse du MOTL.

« Ils craignaient pour leur propre sécurité, hésitaient à s’exprimer ou craignaient que la révélation de leur identité ne les mette en danger immédiat », précisait le communiqué.

Dalia Yohanan, organisatrice de l’événement « Illuminez les synagogues« , a déclaré avoir été profondément bouleversée par les e-mails qu’elle a reçus, des synagogues qui avaient peur de commémorer la Nuit de Cristal cette semaine.

Des passants regardant une synagogue brûler dans la matinée qui avait suivi la nuit de Cristal, à Graz, en Autriche, le 10 novembre 1938. (Crédit : Domaine public)

« Je voulais pleurer quand j’ai lu que de nombreuses synagogues avaient peur de communiquer leur emplacement », a déclaré Yohanan au Times of Israel.

« Nous pensions que ces jours étaient à jamais révolus », a continué Yohanan, qui vit au kibboutz Tirat Tzvi.

Si aux Etats-Unis aucune cérémonie commémorative n’a été annulée, il n’en va pas de même en Europe. Ainsi, à Groningen, aux Pays-Bas, la « marche silencieuse » qui a lieu chaque année à l’occasion de la Nuit de Cristal a été annulée de peur qu’elle ne soit jugée provocante par les sympathisants palestiniens.

« Nous ne voulons pas que cette marche soit perçue comme une manifestation, car ce n’est pas le cas », a déclaré Geert Volders, directeur de la synagogue Stichting Folkingestraat de la ville.

La « Nuit de cristal » qui a eu lieu les 9 et 10 novembre 1938 est considérée par les historiens comme un prélude à la Shoah, et comme un « test » qui a permis à Hitler d’évaluer la réaction du monde entier à ses plans concernant les juifs d’Europe.

Les Juifs ne sont pas en sécurité

En dehors de l’État hébreu, les survivants hésitent aujourd’hui à porter des symboles juifs, comme l’explique Manya Wallenfels, une survivante d’origine polonaise qui vit aux États-Unis.

« Je réfléchis à deux fois avant de porter mon étoile de David », a expliqué Wallenfels. « Ce qui se passe aujourd’hui est une catastrophe : non seulement le Hamas, mais aussi l’antisémitisme dans les universités. Avant, je sortais avec une Magen David sur ma chemise, maintenant j’y réfléchis à deux fois », dit-elle.

« L’attaque terroriste du 7 octobre a ravivé tant de souvenirs de ce que j’ai vu lorsque j’étais enfant », a confié Maud Dahme, une survivante qui vit à San Diego.

« Lors des événements du 7 octobre, je n’arrivais pas à y croire. Je n’arrive plus à dormir depuis ; cela fait remonter tellement de souvenirs. Je ne sais pas comment gérer la situation », a déclaré Dahme.

Un homme juif tombe au sol après avoir été frappé avec un mégaphone par un manifestant anti-israélien à Los Angeles le 5 novembre 2023. (Crédit : Screen capture/X)

Certains survivants ont déclaré que les massacres perpétrés par le Hamas avaient ébranlé un certain sens d’équilibre intérieur qu’ils s’efforçaient d’atteindre depuis des décennies.

« Je suis dévasté de voir les attaques contre les Juifs aujourd’hui. Les Juifs ne sont pas en sécurité », a déclaré Nate Leipciger, un survivant vivant au Canada.

« Tout cela me perturbe énormément et j’ai du mal à rester serein », a ajouté Leipciger, qui a été attaqué dans la rue parce qu’il était juif pendant son enfance.

« Mon optimisme en a été ébranlé. Nous avons le devoir de ressentir collectivement la douleur des parents dont l’enfant a été enlevé et menacé de mort. La barbarie du Hamas égale et dépasse presque ce que j’ai vécu pendant la Shoah », a déclaré Leipciger, dont la plupart des membres de la famille ont été assassinés à Auschwitz-Birkenau.

La barbarie du Hamas égale et dépasse presque ce que j’ai vécu pendant la Shoah

« Cela a commencé par des mots et a continué avec des actes. Je suis atterré de voir les attaques contre les Juifs aujourd’hui. Les Juifs ne sont pas en sécurité. J’ai vu où l’antisémitisme peut mener et je suis très inquiet », a déclaré Leipciger.

Alors que des centaines de synagogues américaines s’apprêtent à organiser des cérémonies à l’occasion de la Nuit de Cristal, certaines se sont engagées à garder les lumières allumées toute la nuit, conformément à l’initiative israélienne.

À Young Israel of Sharon, dans le Massachusetts, par exemple, un programme de 90 minutes intitulé « Lumière de la synagogue » mettra l’accent sur le fait que « notre lumière » n’a pas été « éteinte » pendant la Shoah ni après les massacres perpétrés par le Hamas.

Selon Young Israel, de nombreux fidèles de Sharon, situé à l’extérieur de Boston, n’ont même pas entendu parlé de l’événement commémorant la Nuit de Cristal cette année en raison de l’actualité. La synagogue espère, en rassemblant le plus grand nombre possible de Juifs, manifester « la continuité de notre présence et de notre vitalité », peut-on lire dans un prospectus.

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