Baharav-Miara bloque le projet de baignades séparées dans les réserves naturelles
Selon la procureure générale, une loi est nécessaire pour effectuer ce changement, incitant un député haredi à s'engager à présenter un projet de loi sur la question
La procureure générale Gali Baharav-Miara a opposé son veto au projet du ministère de l’Environnement visant à instaurer la séparation des sexes dans les piscines d’un certain nombre de sources naturelles.
La décision de Baharav-Miara fait suite à la suspension, la semaine dernière, par son bureau et par les conseillers juridiques de l’Autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA), d’un programme pilote annoncé par la ministre de l’Environnement, Idit Silman (Likud), dans deux réserves naturelles au mois d’août.
Le plan de Silman était d’ajouter des plages horaires après les heures de travail dans les deux réserves – Einot Tzukim et Ein Haniya près de Jérusalem – pour les visiteurs religieux juifs et musulmans dont l’observance interdit de se baigner avec des membres du sexe opposé.
« À la suite de l’examen du plan initié par la ministre de l’Environnement pour la baignade séparée par sexe dans les réserves naturelles en été, il a été clarifié que cela nécessitait une autorisation dans la loi. En l’état actuel de la législation, l’autorité chargée de la protection de la nature et des parcs n’est pas habilitée à limiter l’accès à ses installations en fonction du sexe. Cela nécessite une loi explicite et certifiante », a écrit le bureau de la procureure générale.
Alors qu’Israël compte 16 plages dotées d’installations de baignade séparées, aucune des dizaines de réserves naturelles dotées de sources d’eau n’accepte cette contrainte liée à la tsniout – ou règles vestimentaires de la loi juive orthodoxe (halakha).
La question est controversée en Israël, où de nombreux laïcs craignent une coercition religieuse de la part du gouvernement de droite radicale – qui comprend de nombreux partis religieux – du Premier ministre Benjamin Netanyahu. De nombreux Juifs religieux se sentent marginalisés par ce qu’ils considèrent comme une élite libérale au sein du système judiciaire et d’autres centres de pouvoir.
En vertu des lois actuelles, la baignade séparée porte atteinte à l’égalité, même si elle a lieu après les heures de travail, aurait dit Baharav-Miara à Silman lors d’une conversation.
Le chef du parti haredi Yahadout HaTorah, Moshe Gafni, a critiqué cette décision qu’il juge discriminatoire et a ajouté qu’elle donnait de l’élan à un projet de loi qu’il avait soumis au début de l’année pour réglementer la natation séparée par sexe dans les réserves naturelles.
« L’autre partie n’est apparemment pas intéressée par un compromis », a écrit Gafni dans un communiqué, semblant considérer l’interprétation de la loi actuelle par la procureure générale comme une action de l’opposition.
« Mon projet de loi visant à réglementer la question est sur la table de la Knesset et, au lieu du programme pilote prévu, nous devrons le faire avancer afin que les populations intéressées par la natation séparée en Israël puissent également profiter des ressources naturelles du pays », a-t-il ajouté.
Silman n’a pas encore répondu à une demande de réaction à la décision de la procureure générale, mais Israel Hayom a cité des sources proches de Silman. « L’effort en faveur de l’égalité et du pluralisme prend fin lorsqu’il s’agit de répondre aux besoins du public religieux haredi et arabe. En ce qui concerne la procureure générale, il n’y a pas de place pour des accords civiques mesurés et compréhensifs entre les secteurs sur la mise en œuvre des préférences de la population dans toute sa diversité. »
Moriya Litvak, directrice de Yehudit, une organisation conservatrice de défense des droits des femmes, a déclaré dans un communiqué que la décision de la procureure générale était la preuve de la nécessité de la refonte judiciaire du gouvernement, qui vise à radicaliser remanier le pouvoir judiciaire et le système de justice pour renforcer le pouvoir des élus.
« Cela nous montre la nécessité d’une refonte judiciaire qui garantirait les droits des femmes dans l’espace public de manière respectueuse et digne, afin de contrecarrer les actions de la procureure générale, dont la dernière décision est discriminatoire à l’égard des femmes », a estimé Litvak, en faisant référence aux femmes religieuses qui ne peuvent pas se baigner dans des espaces non séparés.
Les féministes libérales, dont Karni Ben Yehuda, qui militent contre la ségrégation dans les piscines, considèrent la dissimulation des parties du corps féminin comme une oppression patriarcale. Litvak, entre autres, contestent ce point de vue, affirmant que les femmes religieuses dévotes sont la force motrice de la tsniout dans leurs cercles.