Ben Rhodes: Netanyahu favorable au report des frappes US sur la Syrie en 2013
"Votre décision était juste", aurait dit le Premier ministre après la décision de demander l'approbation du Congrès, selon un ancien membre de l'administration Obama
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait soutenu la décision prise en 2013 par le président américain de l’époque, Barack Obama, de demander l’approbation du congrès avant de lancer des frappes militaires en Syrie, a déclaré un ex-haut responsable à la Maison Blanche.
Après l’utilisation par le régime du président Basher el-Assad d’armes chimiques et la mort de centaines de civils aux abords de Damas, Obama était déterminé à attaquer des positions gouvernementales en Syrie. Mais il avait réclamé le feu vert du Congrès, reportant cette initiative, qui n’aura finalement jamais été menée à son terme.
Selon Ben Rhodes, qui était le conseiller-adjoint à la sécurité nationale pour les communications stratégiques, le président avait appelé plusieurs dirigeants du monde pour les informer de sa décision de ne pas lancer de frappes militaires contre le régime d’Assad en riposte à son usage d’armes chimiques contre des civils jusqu’à la tenue d’un vote au congrès. Netanyahu était l’un de ces derniers.
« Votre décision était bonne », avait dit Netanyahu, « et l’histoire sera plus aimable à votre égard que l’opinion publique », a écrit Rhodes dans un nouveau livre de mémoires dont un extrait a été publié au début de la semaine par The Atlantic.
Un responsable israélien a indiqué au Times of Israel en réponse que Netanyahu avait « été surpris par sa décision d’aller au Congrès », sans toutefois noter que le Premier ministre ait fait part d’une quelconque désapprobation. « Le président l’a présenté comme un « fait accompli et le Premier ministre a pensé que la meilleure chose était de le faire », a précisé le responsable qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat.
Obama avait précédemment déclaré que l’utilisation d’armes chimiques contre des civils était une « ligne rouge » qui, si elle était franchie, serait sanctionnée militairement par les Etats-Unis. Suite à une attaque de ce type commise le 21 août 2013 dans la province de la Ghouta, qui avait tué des centaines de non-combattants, l’administration américaine s’était dite favorable à des frappes militaires. Mais lorsqu’il était clairement apparu que les législateurs ne voteraient pas l’approbation d’une telle initiative, un accord avait été souscrit avec la Russie prévoyant la suppression des armes chimiques en Syrie. Le vote planifié au Congrès n’a jamais eu lieu.
Depuis, les responsables israéliens ont souvent dépeint la décision prise par Obama de demander l’approbation du Congrès avant de lancer des frappes – et le fait qu’il ait échoué à respecter sa propre ligne rouge – comme une faiblesse face aux régimes moyen-orientaux qui aura permis à d’autres acteurs régionaux de s’enhardir dans leurs activités hostiles.
« Nous avions été choqués et déçus d’apprendre la décision du président de s’en remettre au congrès », a déclaré mardi au Times of Israel Michael Oren, qui était à l’époque ambassadeur israélien à Washington.
« Nous étions craignions que l’inaction américaine face à l’usage par Assad d’armes chimiques établirait un précédent qui, d’une certaine manière, compromettrait notre capacité à nous défendre contre les armes non-conventionnelles en Syrie », a-t-il ajouté.

Oren, qui a indiqué ne pas avoir pris part à l’appel téléphonique durant lequel Obama avait informé Netanyahu de sa décision de se tourner vers l’approbation du congrès, a expliqué avoir été stupéfiait en apprenant la nouvelle alors qu’il écoutait le discours prononcé par le président américain à la télévision.
Dans ses mémoire parues en 2015, « Ally », Oren se souvenait avoir été choqué de ne pas avoir été informé d’une décision susceptible d’avoir des implications majeures pour la sécurité israélienne.
« Même si le Congrès avait donné le feu vert à Obama, Assad aurait eu des jours pour préparer sa défense », a-t-il écrit. « Et tandis que le président bénéficiait de la protection du congrès pour ses actions, Israël restait pour sa part exposé. Le Moyen-Orient tout entier, et en particulier l’Iran, savent dorénavant que l’Amérique hésiterait avant de faire respecter un ultimatum ».
L’administration de Donald Trump a jusqu’à maintenant lancé deux frappes limitées contre des cibles du régime syrien suite aux attaques à l’armé chimique, qui ont toutes deux été saluées par Jérusalem.