Bennett: l’accord irano-saoudien est un échec des efforts israéliens
L'opposition rejette la faute sur Netanyahu, affirmant qu'il a négligé l'Iran en se concentrant sur la refonte judiciaire ; un député du Likud a appelé à des pourparlers internes
L’ancien Premier ministre Naftali Bennett a sévèrement critiqué vendredi le rétablissement des liens entre l’Arabie saoudite et l’Iran, affirmant qu’il représentait l’échec des efforts israéliens visant à créer une alliance régionale contre Téhéran et rejetant la responsabilité sur le gouvernement Netanyahu.
« Le rétablissement des relations entre les Saoudiens et l’Iran est un événement grave et dangereux pour Israël, qui représente une victoire diplomatique iranienne. C’est un coup dur pour les efforts visant à construire une coalition régionale contre l’Iran », a écrit Bennett sur Twitter, après l’annonce de l’accord.
« Il s’agit d’un échec retentissant du gouvernement Netanyahu, qui résulte à la fois d’une négligence diplomatique, d’une faiblesse générale et du conflit interne dans le pays », a déclaré Bennett, qui s’est retiré de la vie politique après la dissolution du dernier gouvernement.
« Les pays du monde et de la région voient Israël divisé, avec un gouvernement qui ne fonctionne pas et qui se concentre sur l’auto-destruction en série. Et ces pays ont choisi un camp », a déclaré Bennett, faisant référence aux manifestations et aux troubles généralisés en Israël contre la reforme du système judiciaire du gouvernement, qui, selon ses détracteurs, vise à instaurer un régime autoritaire.
« Le gouvernement Netanyahu est un échec retentissant sur le plan économique, diplomatique et sécuritaire, et chaque jour qui passe met en danger l’État d’Israël. Nous avons besoin d’un vaste gouvernement d’urgence national qui s’efforcera de réparer les nombreux dommages qui ont été causés », a déclaré Bennett.
Le chef de l’opposition et ancien Premier ministre Yaïr Lapid a également qualifié l’accord « d’échec intégral » pour Israël, le qualifiant « d’effondrement des murs défensifs régionaux que nous avions construits contre l’Iran ».
« C’est ce qui arrive lorsque l’on se concentre sur la folie judiciaire au lieu de travailler contre l’Iran et de renforcer les liens avec les États-Unis », a déclaré Lapid.
Ces commentaires sont survenus après que l’Iran et l’Arabie saoudite, deux rivaux régionaux, ont accepté vendredi de rétablir leurs liens et de rouvrir leurs missions diplomatiques dans le cadre de pourparlers organisés sous l’égide de la Chine, sept ans après la rupture de leurs relations.
Cet accord intervient alors même que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait part ces derniers jours de son espoir de parvenir à un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite.
Même les députés du Likud, le parti de Netanyahu, ont exprimé des critiques voilées.
« Le monde ne s’arrête pas pendant que nous nous concentrons sur les luttes de pouvoir et les coups de tête, et surtout pas sur les pires de nos ennemis », a déclaré Yuli Edelstein, député du Likud de longue date.
Edelstein, qui a été une rare voix d’opposition à Netanyahu au sein du Likud depuis qu’il a été mis sur la touche, a déclaré que l’accord était « très mauvais pour Israël et pour l’ensemble du monde libre ».
« Le temps est venu de s’asseoir, de parler et de résoudre les différends qui nous opposent afin de nous unir face à la menace existentielle qui pèse sur nous », a-t-il déclaré.
Netanyahu, en déplacement en Italie, n’a pas encore fait de commentaire.
L’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite avaient rompu leurs liens en 2016, après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique à la suite de l’exécution par Ryad d’un célèbre religieux chiite, Nimr al-Nimr.