Bennett : les pourparlers ne menaient pas à la paix
Le ministre de l'Économie incite les Palestiniens à se tourner vers l'ONU, où Israël pourra les poursuivre pour crimes de guerre
Les pourparlers à l’agonie avec les Palestiniens ne conduisent pas à la paix, mais sont guidés par la crainte que sans négociations, les Palestiniens poursuivront leurs tentatives de se faire reconnaître par l’ONU, a estimé dimanche matin le ministre de l’Économie Naftali Bennett (Habayit Hayehudi).
« Les négociations se sont terminées parce qu’Abou Mazen [le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas] les a terminées il y a déjà deux semaines lorsqu’il a annoncé qu’il n’accepterait jamais de reconnaître Israël comme État juif », a affirmé Bennett dans un interview à la radio israélienne.
« Ensuite [Abbas] s’est porté candidat auprès de l’ONU de manière unilatérale », a ajouté Bennett, en référence aux demandes d’adhésions à 15 traités internationaux, formulées par l’Autorité palestinienne le mois dernier.
Les négociations de paix ont connu un coup d’arrêt ces deux dernières semaines après que l’AP a refusé d’accepter l’accord-cadre américain pour poursuivre le dialogue au-delà du délai initial du 29 avril.
Dans le même temps, Israël a refusé fin mars de libérer un quatrième et dernier contingent de prisonniers palestiniens, condamnés pour terrorisme, en échange de négociations dont la pérennité était incertaine.
L’échec des pourparlers démontre qu’ils étaient basés sur « un concept » fallacieux, a dénoncé Bennett.
« A chaque fois, juste pour continuer des négociations qui ne mènent nulle part, nous devons relâcher des assassins, encore et encore. Et à chaque fois, ils [les Palestiniens] disent ‘si vous ne négociez pas, nous irons à l’ONU.’ Il y a un concept qui s’est répandu en Israël au cours des dernières années et qui dit, ‘Nous devons faire de plus en plus de sacrifices, non pas pour la paix, mais pour que les Palestiniens n’aillent pas à l’ONU.’ »
« Je suis contre ce concept », a ajouté Bennett. « Si [Abbas] veut aller à l’ONU, je lui achète son billet. Pourquoi donc ? Parce qu’il découvrira qu’il y a là-bas des poursuites judiciaires intentées contre lui pour crimes de guerre en raison de ses transferts de fonds pour le Hamas qui tire des roquettes sur nous, et des transferts de fonds pour les assassins de civils israéliens. »
La négociatrice en chef des pourparlers côté israélien, la ministre de la Jusice Tzipi Livni, a accusé samedi le ministre du Logement Uri Ariel, membre du parti de Bennett, de tout faire pour « torpiller » les efforts de paix avec les Palestiniens.
Livni a aussi laissé entendre que les Etats-Unis étaient trop impliqués dans le processus et que davantage de temps devait être consacré aux contacts directs entre Israéliens et Palestiniens.
La ministre de la Justice a également condamné sévèrement Abbas pour avoir enfreint les accords passés et s’est montrée très dubitative quant au sauvetage des pourparlers.
Épuisée, et parfois en colère, Livni a annoncé dans une interview à la deuxième chaîne de télévision qu’Ariel avait « délibérément » renouvellé mardi des appels d’offres pour 708 nouvelles maisons dans le quartier de Gilo à Jérusalem Est, à un moment particulièrement sensible des négociations. Cela aurait été fait pour « torpiller les actions que je mène de concert avec le Premier ministre », a accusé Livni.
Ariel « doit être maîtrisé », a-t-elle réclamé.
Si une part écrasante de la crise actuelle est à mettre sur le compte de l’AP, « l’annonce de construction d’implantations fera toujours rejeter la faute sur nous », a-t-elle estimé. « Le monde entier nous condamnera. »
Ariel a répondu samedi que la ministre de la Justice avait « misérablement échoué et cherche désormais quiconque qu’elle peut condamner, hormis elle-même. »
« Je suggérerais à la ministre Livni de s’en remettre aux conseils des sages : le silence est une preuve de sagesse », a indiqué Ariel dans un communiqué.
Ariel a ajouté que Livni avait reçu « une autorité sans limite pour faire la paix, comprenant notamment la libération d’assassins abjects… Ses sanglots et ses pleurnichages sur les constructions à Jérusalem et en Judée-Samarie ne sont rien d’autre que des larmes de crocodile d’une personne qui connaissait en avance (les projets), tout comme les Palestiniens et les Américains. »
Bennett a pris la défense d’Ariel dimanche. « Je suggère qu’on ne se condamne pas nous-mêmes à chaque fois. Même quand nous libérons des assassins, ce n’est pas suffisant pour l’autre camp. Parfois, il est acceptable de n’être qu’avec son propre camp. »