Biens juifs: marche de l’extrême droite polonaise contre la loi américaine 447
Une figure du Camp National-Radical affirme que "cette loi est une menace pour la Pologne et pour sa sécurité, "les organisations juives réclamant trois cents milliards de dollars"
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Varsovie à l’appel de l’extrême droite sous le mot d’ordre « Stop 447 » contre la loi américaine portant ce numéro et destinée à appuyer la restitution de biens juifs tombés en déshérence après la Shoah.
« Non aux revendications » et « Honte », ont clamé les manifestants, au nombre d’environ quatre mille selon une journaliste de l’AFP, portant des drapeaux européens et arborant des chemisettes ornées de symboles nationaux. Ils se sont rassemblés devant le bureau du Premier ministre et terminé leur marche devant l’ambassade américaine.
Tant les conservateurs au pouvoir en Pologne que l’opposition centriste et libérale ont minimisé l’importance de cette loi signée par Donald Trump en mai 2018 et baptisée JUST (Justice for Uncompensated Survivors Today), et assuré qu’elle n’aurait aucun effet en Pologne.
Mais, à l’approche des élections au Parlement Européen, une alliance ad hoc de plusieurs partis et groupuscules nationalistes et d’un syndicat paysan a lancé une importante campagne de propagande à ce sujet.
Un de ses animateurs, Robert Bakiewicz, figure du Camp National-Radical (ONR) a réaffirmé lors de la marche de samedi la thèse selon laquelle « cette loi est une menace pour la Pologne et pour sa sécurité, puisque les organisations juives lui réclament trois cents milliards de dollars » (267 milliards d’euros).
La loi 447 « stipule que le président des Etats-Unis doit appuyer des revendications qui sont illégales, car en vertu des principes de notre civilisation les biens en déshérence appartiennent au Trésor public », a déclaré un autre orateur, Marek Wawrzyszko, venu de Cracovie.
« On nous taxe d’agents russes, mais cette loi est un cadeau à Vladimir Poutine », a-t-il ajouté, prédisant qu’elle aura un effet néfaste sur les relations polono-américaines.
Le syndicat paysan AGROunia qui s’est joint à cette marche a soutenu de son côté que les agriculteurs craignaient d’éventuelles revendications concernant leurs terres.
Le mouvement anti-système Kukiz’15, qui compte actuellement 26 députés au parlement polonais, ainsi qu’une coalition ultra-nationaliste créée en vue des élections au Parlement européen, ont préparé chacun un projet de loi déclarant officiellement que la Pologne refusera la restitution des biens en déshérence.