Billy Crystal revient sur sa carrière, son enfance privée de père et ses 47 ans de mariage
A 68 ans, le comédien juif reste alerte et est en tournée pour son nouveau one-man show dédié à son père mort, alors qu'il n'avait que 15 ans
JUF News via JTA — L’inimitable Billy Crystal est de retour. L’acteur, comédien, producteur, réalisateur, auteur – a d’ailleurs écrit récemment un livre d’essais non traduit en français, « Still Foolin’ ‘Em: Where I’ve Been, Where I’m Going, and Where the Hell Are My Keys » — il a été six fois lauréat des Grammy Awards, et est actuellement en tournée aux Etats-Unis avec son nouveau spectacle intitulé « Spend the Night with Billy Crystal ».
Le spectacle, qui sera en tournée pendant le mois d’avril, promet de ressembler à une conversation intime avec le public – un mélange de stand-up et entretien avec Crystal, animé pour certaines représentations par la comédienne et actrice Bonnie Hunt.
Crystal, qui vit à Los Angeles, racontera des histoires, parlera du monde tel qu’il l’envisage, réfléchira sur son existence et montrera certains clips extraits de sa longue carrière.
Bien sûr, l’acteur populaire, neuf fois présentateur vedette aux Oscars, a participé à de nombreux films et rôles emblématiques : le personnage principal de la comédie romantique par excellence dans « When Harry met Sally », le personnage ronchon Miracle Mex dans « The Princess Bride »; mais aussi Mitch, un habitant de New York au bord de la crise de la quarantaine qui se retrouve à réunir du bétail avec ses copains dans « City Slickers »; enfin dans “Analyze This,” il joue le rôle du psy du chef de la pègre interprété par Robert de Niro.
Mais avant de charmer des millions de personnes, Crystal, 68 ans, s’est longtemps contenté de divertir sa famille et ses amis lors de son enfance et de son adolescence passées dans la ville côtière de Long Beach, à New York.
Crystal qualifie encore cette ville majoritairement peuplée, à l’époque, par les communautés juive et italienne, « d’endroit parfait pour grandir ». Il se réfère souvent à ce lieu bien-aimé dans son spectacle et, lors de la tragédie de l’Ouragan Sandy à New York, en 2012, Crystal et son épouse Janice (ensemble depuis près de 47 ans) ont aidé à collecter plus d’un million de dollars pour aider à la reconstruction de Long Beach et à sa renaissance.
L’enfance de Crystal, dans les années 1950, était pleine de musique et de rires. Sa mère, Hélène, était une danseuse de claquettes et chanteuse de talent. Son père, Jack, travaillait six jours par semaine, assumant deux emplois différents – promoteur de jazz et gestionnaire du magasin de disques familial dans un quartier populaire de New York. De grands noms du Jazz comme Billie Holiday – qui était une amie de ses parents – fréquentaient leur maison.
Crystal et son père passaient la majorité de leurs dimanches à regarder des matchs de base-ball. Leur relation a été décrite dans le spectacle « 700 Sundays », one-man show récompensé aux Tony Awards (qui a été également adapté en livre et racontée dans une émission spéciale de HBO).
Le titre faisait référence tout naturellement aux journées du dimanche passées avec son père avant que ce dernier ne meurt d’une attaque cardiaque alors que Crystal n’avait seulement que 15 ans.
Outre la comédie, la seule chose que Crystal aurait aimé faire avec autant de passion, est le base-ball pour jouer aux côtés de ses bien-aimés New York Yankees — Il considère que l’apogée de sa carrière fut en 2008, le jour où il a signé un contrat de vingt-quatre heures avec l’équipe, en l’honneur de son 60e anniversaire.
Dans une interview téléphonique accordée à JTA, Crystal a accepté de parler de sa famille, de son identité juive, de sa longue carrière et de « ce truc » qui lui permet de continuer.
Vous semblez être une célébrité qui porte son judaïsme comme une marque d’honneur, et non comme une forme d’auto-dérision. Etes-vous d’accord ?
Oui. Je veux dire que je m’en amuse, mais je ne m’amuse pas des Juifs – je parle plutôt des Juifs qui sont autour de moi, je parle de mes proches. Je ne fais pas de généralisation.
Que préférez-vous dans votre identité de Juif ?
Vous voulez dire : A part ma circoncision ?
Vous vous souvenez de ça, hein ?
Oui, oh oui. C’est pour ça que j’ai des insomnies. Je m’attends toujours à voir ce type revenir dans la pièce.
Qu’aimez-vous d’autre dans votre identité juive ?
La narration, la chaleur, le sens de l’humour. Mon père était strict concernant les fêtes. Nous les célébrions, nous allions au temple. J’aime le rituel, et l’attention portée à notre planète, qui se trouve dans tant de livres que j’ai eu l’occasion de lire à l’école hébraïque.
Quelle comparaison établissez-vous entre le moment où vous avez tout juste commencé votre carrière dans le show-biz, il y a quarante ans, et la tournée que vous entamez aujourd’hui avec votre nouveau spectacle ?
‘Je ne pense pas avoir arrêté de travailler depuis la quatrième’
C’est la même chose pour moi. Je ne pense pas avoir arrêté de travailler depuis la quatrième. Les coulisses, quand j’étais à Broadway, étaient les mêmes que lorsque je me préparais à monter sur les planches pour une pièce au lycée. C’est la même énergie, faite de confiance, de nervosité aussi… Ce moment où vous sortez, vous lâchez prise et vous vous dites : « OK, je suis prêt, j’y vais ». C’est une sorte de sentiment enivrant : se montrer et aller distraire les gens.
C’est pourquoi après toutes ces années, je repars sur les routes avec ce spectacle… A mon âge et à ce moment de ma carrière, avoir encore la même envie que celle que j’avais lorsque j’étais jeune est un sentiment formidable.
En plus d’avoir signé un contrat d’une journée avec les New York Yankees, quel est l’accomplissement d’ordre professionnel qui vous rend particulièrement fier ?
J’ai été le premier comédien américain à jouer en Union soviétique en 1989 lors d’une émission spéciale de la HBO appelée « Midnight Train to Moscow ». Le public était russophone avec quelques Américains. Gorbachev était au pouvoir, le mur de [Berlin] n’avait pas été encore détruit, et [je me suis senti honoré] que HBO m’ait fait confiance. J’ai découvert tous ces proches dont j’ignorais l’existence. Mais jouer là-bas et être un ambassadeur, si vous voulez, pour un humoriste américain dans ce pays, c’est quelque chose que dont je suis très fier aujourd’hui.
Qu’est-ce que votre père vous a appris pendant « 700 dimanches », avant son décès ?
‘Le label de ma famille — Commodore Records — a produit « Strange Fruit »,” la chanson épique de Billie Holliday consacrée au lynchage’
Au-delà du fait de m’avoir donné l’amour de la comédie, l’amour de la lecture, l’amour du base-ball, il m’a également appris à agir avec justice. Mon père était un géant des droits civils à sa manière, discrètement, et en cela il a été l’un des premiers promoteurs à vouloir intégrer des groupes de jazz.
Alors la maison, oui, était remplie de proches juifs mais assis à côté d’eux, il y avait Zutty Singleton, un formidable batteur de jazz, ou Tyree Glenn, le trombone de Louie Armstrong, ou n’importe quel autre de ces merveilleux musiciens.
Ils étaient tous amis. Le label de ma famille — Commodore Records — a produit « Strange Fruit », la chanson épique de Billie Holliday consacrée au lynchage et qui avait été composée à l’origine en poème par . Il a fallu une famille juive pour produire ce disque, pour écrire cette chanson.
Comment la mort prématurée de votre père a-t-elle modelé votre existence et votre relation avec votre mère ?
J’avais 15 ans et les mauvaises cartes. Vous ne pouvez pas vous empêcher d’être en colère mais j’ai appris à vivre avec ça, et à gérer ma relation avec ma mère, devenue soudainement veuve et obligée de réintégrer le marché du travail. Etre à la maison avec elle, tout seul, tandis que mes frères étaient au collège, cela m’a fait très vite grandir. J’ai admiré sa force – à l’âge de 50 ans, il a fallu qu’elle retourne travailler.
Elle avait trois fils dans le système scolaire et on a tous obtenu nos diplômes de l’université grâce à elle ! Vous apprenez ce qu’est vraiment être parent, et ce que signifie vraiment être un fils. Ma mère m’a donné envie de tenter de faire ce qui est juste au cours de ma vie et de profiter aussi de chaque moment de votre vie.
Quel est le secret de votre long mariage heureux et prospère ?
On a encore le sentiment d’en être au moment de nos premiers rendez-vous. Après toutes ces années et tout ce que nous avons dû traverser, et toutes les joies et les tristesses que nous avons partagées – et ce dès le début : Imaginez, vous avez dix-huit ans et vous devez dire à vos futurs beaux-parents que vous allez devenir comédien.
Mais la foi que Janice a toujours eu en moi, sa confiance, sa force quand les choses ne se passaient pas bien… L’un des éléments essentiels, c’est qu’on continue à rire, qu’on continue à discuter et qu’on continue à aimer.
Je voudrais vous rappeler une scène de votre propre film, « City Slickers ». Curly, un cowboy, demande à votre personnage, Mitch, si vous connaissez le secret de la vie. Là, Curly lève le doigt et répond : « Un truc ». Ce que disait Curly, il me semble, c’est que nous devons tous trouver ce « truc » particulier qui donne une signification à l’existence. Quel est ce « truc » pour vous, ou peut-être deux trucs, qui vous font avancer ?
Ce sont Janice et les enfants, et réussir avec eux, réussir aussi par rapport à moi. C’est le plus important… Et dans mon boulot, j’ai un objectif. Je garde un esprit créatif et j’y suis profondément attaché.
Cindy Sher est directrice générale du JUF News de Chicago.
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