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Björn Höcke, un provocateur de l’extrême-droite allemande galvanisé par sa victoire en Thuringe

Le candidat de l'AfD, condamné à de multiples reprises par la justice notamment pour usage de slogan nazi, et surveillé par les renseignements allemands, vient de remporter les élections régionales

Bjöern Höecke, candidat principal du parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), s'exprime lors d'un rassemblement de campagne électorale à Suhl, en Allemagne, le 13 août 2024. (AP Photo/ Markus Schreiber)
Bjöern Höecke, candidat principal du parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), s'exprime lors d'un rassemblement de campagne électorale à Suhl, en Allemagne, le 13 août 2024. (AP Photo/ Markus Schreiber)

Sourire aux lèvres, bras en l’air, Björn Höcke savoure la victoire devant un restaurant d’Erfurt, non loin du parlement régional de Thuringe où il a imposé son parti d’extrême-droite comme première force de cette région de l’est de l’Allemagne.

« Rempli de fierté », Höcke qui dirige l’AfD dans ce Land d’ex-RDA, se dit « prêt à prendre des responsabilités pour gouverner » après avoir largement remporté le scrutin régional de dimanche.

Originaire de l’ouest de l’Allemagne, ancien enseignant d’histoire au lycée de 52 ans, il s’est bâti une réputation de tribun provocateur au sein de la formation, dont il anime la frange la plus radicale.

En Thuringe, qui fut la première région où des nazis arrivèrent au pouvoir, en 1932, M. Höcke a prévenu ses adversaires : « traditionnellement, on invite le parti le plus fort à discuter ».

Mais celui qui se dit « prêt à des coopérations » avec d’autres partis s’expose à une fin de non-recevoir de la part de toutes les forces politiques qui ont exclu de gouverner avec l’AfD.

Sa personnalité clivante y est aussi pour quelque chose.

Quelques mois avant les élections, M. Höcke a été condamné à deux reprises, en mai et juillet, pour avoir délibérément utilisé, dans des occasions distinctes, le slogan national-socialiste « Alles für Deutschland » (en français, « Tout pour l’Allemagne »).

Il s’agissait d’une devise utilisée par les SA, formation paramilitaire du parti nazi qui a joué un rôle essentiel dans la conquête du pouvoir d’Adolf Hitler.

En Allemagne, la loi interdit formellement l’utilisation de slogans nazis ou l’exhibition de symboles du IIIe Reich.

M. Höcke avait affirmé ignorer que cette phrase était un slogan nazi, mais les juges ont estimé qu’il le savait parfaitement.

Un manifestant regarde une bannière représentant le leader régional de Thuringe du parti d’extrême-droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), Björn Höcke, lors d’une manifestation contre le racisme et la politique d’extrême-droite, le 5 février 2024, à Francfort-sur-le-Main. (Photo de Kirill KUDRYAVTSEV / AFP)

Sous surveillance

Né le 1er avril 1972, il a grandi au sein d’une famille convaincue par des thèses d’extrême-droite, sous l’influence de grands-parents paternels, expulsés de Prusse-Orientale conquise par l’Armée rouge en 1945.

Raie sur le côté, cet homme svelte au regard bleu acier plaide pour rompre avec la culture de repentance des crimes nazis, fondement de l’après-guerre dans le pays.

En janvier 2017, il avait qualifié le Mémorial de la Shoah, au cœur de Berlin, de « monument de la honte », lors d’un discours à Dresde, en Saxe, et son exclusion du parti avait été envisagée.

Le printemps 2013 a marqué le point de départ de l’ascension politique de ce père de quatre enfants : il a été membre fondateur de la section régionale de l’AfD en Thuringe, où il avait déménagé cinq ans plus tôt.

En août de la même année, il en est devenu le président. Après les élections régionales de 2014, où l’AfD est entrée au parlement de Thuringe (avec 10,6% des voix), il en est devenu le chef du groupe parlementaire, fonction qu’il occupe toujours.

En raison de positions très radicales, l’AfD de Thuringe, comme celle de Saxe-Anhalt, ont été placées sous la surveillance des services de renseignement.

Même s’il n’a pas grandi dans l’est de l’Allemagne, il sait parfaitement s’adresser aux citoyens de l’ex-RDA, cultivant leur nostalgie.

La veille du scrutin, il a posté sur son compte X une vidéo le montrant en train de chevaucher avec des jeunes de la région une motocyclette de la marque culte de l’ex-Allemagne de l’Est, une Simson.

Après avoir signé des autographes, il affirmait : « c’est un morceau de liberté, un morceau d’ancienne culture et nous nous battons pour les traditions ».

Une « Ostalgie » qu’il cultive à travers des positions pro-russes assumées : opposé à la poursuite des livraisons d’armes à l’Ukraine, il est favorable à des négociations avec la Russie, « un pays en difficulté » et qui « veut la paix », disait-il lors d’un récent débat de campagne électorale

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