Buzz Aldrin à « l’inspirante » équipe de Bereshit : « Ne perdez jamais espoir »
Le 2e homme sur la Lune a adressé ses condoléances à l'équipe israélienne ; LunarX va octroyer un prix de 1 million de dollars à SpaceIL malgré l'échec de l'alunissage de la sonde
L’ancien astronaute et deuxième homme sur la Lune Buzz Aldrin a transmis, jeudi sur Twitter, ses condoléances à l’équipe derrière la sonde Bereshit, qui s’est écrasée sur la Lune lors de sa tentative d’alunissage jeudi soir. Il a qualifié le projet « d’inspirant ».
« Mes condoléances à l’atterrisseur Bereshit de @TeamSpaceIL ! La communication a été perdue avec l’engin spatial à seulement 150 mètres (!!!) au-dessus de la surface, et n’a pas pu garantir l’alunissage. Ne perdez jamais espoir – votre travail effréné, collectif et votre sens de l’innovation sont une source d’inspiration pour tout le monde ! » a tweeté Buzz Aldrin, qui faisait partie de la mission lunaire Apollo 11 en 1969.
Israël peut néanmoins s’enorgueillir d’être le septième pays à réaliser une orbite lunaire et le quatrième à atteindre la surface lunaire, bien qu’en plusieurs morceaux malheureusement.
« De ce que nous avons pu voir, nous étions très proches de la Lune », a déclaré le directeur du contrôle des opérations Alex Friedman aux ingénieurs dans la salle de contrôle de SpaceIL à Yehud, à l’est de Tel Aviv, après la perte de la communication avec l’engin spatial. »Nous sommes sur la Lune, mais comme nous l’avions souhaité ».
Le projet est né alors qu’Israël participait au défi Google LunarX devant permettre à des entreprises de lancer un dispositif spatial vers la Lune. Google a mis un terme au concours en 2018 sans désigner de vainqueur, mais l’équipe israélienne a décidé de continuer ses efforts de façon indépendante.
LunarX a annoncé vendredi qu’elle récompenserait l’équipe israélienne d’un prix XPrize de 1 million de dollars pour l’ensemble de son travail.
« Nous sommes incroyablement fiers qu’ils soient arrivés jusque là », a fait savoir Peter Diamandis, le fondateur du prix XPrize.
Le chef de la NASA, Jim Bridenstine, a regretté que la mission ait échoué, mais s’est dit « certain qu’Israël et SpaceIL continueront d’explorer, et je suis impatient de fêter leurs futures accomplissements ».
Le président Reuven Rivlin a accueilli des dizaines de jeunes dans sa résidence officielle, l’un des nombreux événements organisés dans le pays pour l’occasion.
“Nous avons une grande admiration pour ces gens incroyables qui ont envoyé l’astronef sur la Lune », a assuré Reuven Rivlin. « Pas comme nous l’avions espéré, c’est vrai, mais nous y arriverons un jour ».
« Notez bien ça : dans trois ans nous enverrons un autre engin sur la Lune, et celui-ci alunira en un seul morceau », a promis le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Si vous ne réussissez pas la première fois, vous réessayez. Nous réessaierons, et avec plus de douceur ».
Phil Larson de l’Université du Colorado, qui était conseiller spatial au sein de l’administration Obama, a estimé que les efforts israéliens soulignaient que « l’espace est toujours un environnement très compliqué, et que faire atterrir des engins créés par l’Homme dans d’autres mondes est un défi considérable ».
Et d’ajouter : « Bien que son alunissage n’était pas tout à fait réussi, il s’agissait d’un projet innovant et révolutionnaire ».
L »engin spatial a coûté un peu moins de 100 millions d’euros (370 millions de shekels), une petite fraction de ce que les aéronefs américain, russe et chinois ayant aluni ont coûté. Il s’agissait d’un partenariat entre SpaceIL et l’Israel Aerospace Industries, financé presque entièrement par des donations privées de philanthropes juifs, dont le milliardaire sud-africain Morris Kahn, Miriam et Sheldon Adelson, Lynn Schusterman, et d’autres.
« L’espace, c’est compliqué », a confirmé Ehud Hayun, un ingénieur spatial de l’Israel Aerospace Industries. « Je ne suis pas anéanti, je suis déçu, mais très fier de ce que nous avons réussi. Notre chemin a été couronné de succès, jusqu’à l’alunissage. Nous savions que c’était une mission risquée, et étions conscient du risque que nous prenions en le concevant de façon rapide et moins cher. Mais nous avons essayé ».
Le co-fondateur de SpaceIL Yariv Bash a indiqué qu’il faudrait deux ou trois ans pour concevoir un prototype paré à un alunissage. Netanyahu a à nouveau demandé au philanthrope Morris Kahn de le financer, lequel a émis le souhait qu’il coûte moins cher.
Opher Doron, le responsable de la Division spatiale de l’Israel Aerospace Industries, a indiqué que ses ingénieurs étudieraient le problème ayant causé le crash. On suppose pour l’instant que le problème se trouvait dans les unités de mesure télémétriques (altitude), ce qui a déclenché une succession d’événements ayant finalement donné lieu à l’arrêt du moteur à environ 10 kilomètres au-dessus de la surface de la Lune. Sans le moteur principal, l’engin n’a pas pu freiner correctement et à temps pour garantir un alunissage en douceur.
Les trois co-fondateurs de SpaceIL ont fait savoir qu’ils poursuivraient leur mission de sensibilisation à l’espace et à encourager les enfants à se lancer dans la science.
« Je veux m’adresser aux enfants qui nous regardent », a déclaré Yonatan Winetraub lors d’une conférence de presse après le crash. « Nous n’avons pas atteint la Lune en un seul morceau. C’est nul. Mais l’ingénierie et la science, c’est dur. Parfois ça ne marche pas du premier coup, pas la deuxième fois, ou la troisième fois. Mais ça marchera ».
« Je vous encourage à continuer d’étudier ces choses pour que vous puissiez un jour atteindre la Lune, et les étoiles », a-t-il ajouté.
« Ce n’est pas ce que nous espérions, mais je pense que nous sommes entrés dans l’Histoire ces dernières années », a estimé Kfir Damari.
« Nous avons porté Israël là où nous n’aurions jamais imaginé. Ce fut un long périple. Nous avons amené Israël sur la Lune, ensemble, toute l’équipe. C’est maintenant aux enfants de continuer à bâtir le futur aéronef qui se rendra sur la Lune ».
« C’est ce qui se passe avec l’espace, » a admis Morris Kahn. « L’espace a ses dangers, c’est une frontière très difficile à franchir. Nous avons accepté de relever le défi. J’en suis heureux. Nous avons choisi de rêver, nous avons choisi d’agir et n’avons pas eu peur. »
« Nous restons néanmoins le septième pays à aller sur la Lune », a rassuré Winetraub. « Et ça, c’est assez incroyable ».