Centenaire de la mort de Proust : Une grande exposition à Paris
Une exposition à la Bibliothèque nationale de France et des livres à profusion saluent à la fois l'homme de lettres et le jeune mondain, mort à 51 ans
À chacun son Proust : le centenaire de la mort de l’écrivain français est marqué par une grande exposition et une profusion de livres mettant en avant aussi bien l’immense romancier aux phrases labyrinthiques que la figure du mondain dans le Paris de la Belle Époque.
Les fans absolus pourront se ruer le 3 novembre sur la réédition de sa correspondance, qui, autrefois de 21 volumes, en compte désormais cinq aux éditions Plon.
Les néophytes peuvent se lancer dans À la recherche du temps perdu par son adaptation en bande dessinée par Stéphane Heuet. Son début, Combray (éd. Delcourt), reparaît le 19 octobre, dans une version « entièrement redessinée, recolorisée, augmentée d’un glossaire et d’une préface ».
C’est le 18 novembre 1922, à 51 ans, que s’éteint cet écrivain qui a marqué l’histoire de la littérature mondiale.
Dans l’exposition « Marcel Proust, la fabrique de l’œuvre », qui ouvre mardi, la Bibliothèque nationale de France (BnF), à Paris, consacre une salle à cette fin, prématurée, d’un homme unanimement apprécié de ceux qui l’ont approché.
Un dessin de Paul Helleu et une photo de Man Ray montrent ce géant des lettres sur son lit de mort. Jusque dans ses derniers jours, où il ne voulait plus se soigner après une vie à se battre contre un asthme tenace, Proust s’est consacré à son chef-d’œuvre. En témoignent ses ultimes écrits, rassemblés là dans la pénombre.
???? Notre exposition « Marcel Proust. La Fabrique de l’œuvre » est ouverte ! A l’occasion du centenaire de la disparition…
Posted by BnF – Bibliothèque nationale de France on Tuesday, October 11, 2022
« Du pain rassis »
La tâche du roman de 3 000 pages fut éreintante. Mais elle combla un écrivain qui s’était longtemps cherché, entre journalisme, essais, premier roman abandonné et écrits autobiographiques épars : Proust inventait des formes nouvelles et il en avait conscience.
Nul besoin d’être un fin proustien pour apprécier ce parcours. Conçue comme accessible, l’exposition peut être, au contraire, une bonne porte d’entrée dans le roman.
Comment est né l’épisode de la madeleine, trempée dans une tasse de thé, qui fait remonter les souvenirs ?
« Au départ, c’est du pain rassis, en 1907, qui devient du pain grillé. Puis une biscotte. Et enfin, elle se transforme en madeleine en 1909 », explique une commissaire de l’exposition, Nathalie Mauriac-Dyer.
Le village aimé de Combray, d’abord situé dans les environs de Chartres, au sud-ouest de Paris, se déplace à la faveur de la Première Guerre mondiale vers Reims et Laon, au nord-est de la capitale française, durement éprouvés par le conflit.
Ce « livre circulaire, où le narrateur devient le héros », selon l’autre commissaire, l’académicien Antoine Compagnon, sert de fil conducteur à la visite, depuis la première phrase du premier tome, Du côté de chez Swann, jusqu’à la dernière du septième, Le Temps retrouvé.
Un autre proustien reconnu, Thierry Laget, publie mercredi une somme qui fera date, Proust et les arts, où l’on retrouve des tableaux que les musées d’Orsay et du Louvre ont prêtés à la Bibliothèque nationale de France, entre autres.
« Ce n’est pas avec la nature que Proust rivalise, mais avec l’art (…) C’est la mémoire qui peint », écrit l’auteur.
Proust a aussi été l’une des têtes d’affiche de la rentrée littéraire. Des essais bien sûr : Le Train de Proust par Bertrand Leclair, Marcel Proust, l’adieu au monde juif par Pierre Birnbaum, ou encore Marcel Proust ‘psychologue original’ dans les dictionnaires par Jean Pruvost. Du roman aussi, avec Clara lit Proust de Stéphane Carlier, où une coiffeuse bourguignonne explore un univers inconnu.