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Cinq personnes mises en examen après la séquestration d’une famille juive en Seine-Saint-Denis

Un cinquantenaire et quatre jeunes ont été mis en examen pour vol avec arme, séquestration et extorsion en bande organisée et en raison de la religion des victimes

Roger Pinto, président de l’association Siona a été agressé ainsi que sa femme et son fils à leur domicile dans la nuit du 7 au 8 septembre (Crédit: capture d'écran CNews)
Roger Pinto, président de l’association Siona a été agressé ainsi que sa femme et son fils à leur domicile dans la nuit du 7 au 8 septembre (Crédit: capture d'écran CNews)

Près de trois mois après l’agression et la séquestration d’une famille juive de Seine-Saint-Denis, la justice a mis en examen vendredi quatre hommes, dont le commanditaire présumé, et une jeune femme dans cette affaire qui avait provoqué l’émoi.

Le 8 septembre au petit matin, à Livry-Gargan, des cambrioleurs avaient pénétré par effraction dans le pavillon du militant associatif Roger Pinto, âgé de 78 ans, où se trouvaient également sa femme et son fils. Ils avaient d’abord séquestré le fils de la famille puis, au petit matin, s’en étaient pris à la mère et au père, qui avait reçu plusieurs coups de pied au thorax et à la tête. La famille avait été ligotée et séquestrée pendant plusieurs heures, jusqu’à ce que la femme parvienne à alerter la police.

Selon les victimes, leurs agresseurs leur auraient lancé : « Vous êtes juifs donc vous avez de l’argent. »

Mardi matin, au terme d’un long travail d’exploitation de vidéo-surveillance, de téléphonie et de traces ADN, cinq personnes avaient été placées en garde à vue. Parmi elles, un homme de 50 ans, incarcéré courant septembre dans une affaire de recel de cartes bleues et présenté comme le commanditaire, et trois jeunes âgés de 20 à 23 ans, soupçonnés d’être les auteurs de l’agression.

Les enquêteurs de la Sûreté territoriale du département avaient également interpellé en Seine-Saint-Denis une jeune fille de 19 ans, « complice » présumée, qui se serait rendue à un distributeur automatique au matin du 8 septembre pour retirer de l’argent avec les cartes bancaires des victimes, auxquels les malfaiteurs avaient aussi dérobé bijoux et espèces.

Vendredi, tous les cinq ont été mis en examen pour vol avec arme, séquestration et extorsion en bande organisée et en raison de la religion des victimes.

Selon les premiers éléments de l’enquête, l’équipe aurait « repéré » Mme Pinto en raison « des bijoux qu’elle portait ». « Ils auraient ensuite vu dans la maison des objets laissant à penser que la famille était de confession juive », a expliqué à l’AFP une source judiciaire.

‘Agressés car juifs’

L’enquête, désormais entre les mains d’un juge d’instruction, devra notamment établir si le pavillon a été préalablement « ciblé » en raison de l’appartenance religieuse de ses occupants, selon une source policière.

Les victimes « pensent, au regard des propos tenus par les agresseurs, qu’ils ont été agressés car juifs », avait dit à l’AFP Marc Bensimhon, leur avocat, au moment des faits.

Gérard Collomb, ministre français de l’Intérieur, devant l’Elysée, le 2 août 2017. (Crédit : Stéphane de Sakutin/AFP)

Mardi, le préfet de police de Paris Michel Delpuech avait estimé que les conditions de l’agression « laissaient peu de doute quant au caractère antisémite de cette action crapuleuse ».

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui avait à l’époque dénoncé une « odieuse agression » semblant « directement liée à la religion des victimes », a affirmé cette semaine que « la lutte contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme est une priorité des services de police et de gendarmerie ».

L’affaire avait provoqué un vif émoi dans la communauté juive, où Roger Pinto, président de l’association « de défense du peuple juif et de l’État d’Israël » Siona, a occupé de nombreuses fonctions au sein d’institutions.

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait appelé « à une vigilance renforcée et à des sanctions exemplaires et dissuasives ». D’autant que l’affaire intervenait quelques mois après la mort de Sarah Halimi, une femme juive de 65 ans défenestrée par un voisin musulman en avril à Paris.

Pour la Licra, cette affaire rappelait « évidemment celle de Créteil », qui avait vu un couple séquestré et la femme violée en 2014 lors d’une agression pour laquelle cinq hommes devront être jugés aux assises avec la circonstance aggravante de l’antisémitisme.

« Onze ans après le meurtre antisémite d’Ilan Halimi, le fantasme du juif riche continue à faire ses victimes », avait déploré SOS Racisme, en allusion au jeune juif décédé en 2006 après avoir été séquestré et torturé par le « gang des barbares ».

Ilan Halimi, enlevé et assassiné en 2006. (Crédit : autorisation de Stephanie Yin/JTA)

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