Une femme juive armée d’un pistolet airsoft abattue à checkpoint en Cisjordanie
Il s'agirait d'un suicide ; Livnat Green aurait crié "Allah Akhbar" près de Beit Yatir ; elle avait séjourné chez Naftali Bennett il y a quelques années, alors qu'elle était sans abri
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Une jeune Juive armée de ce qui ressemblait à un pistolet a été abattue à un checkpoint du sud de la Cisjordanie, mardi soir, a indiqué le ministère de la Défense.
Selon le ministère, la femme – qui était vêtue de noir et qui portait un niqab de la même couleur – est arrivée au carrefour de Metzadot Yehuda, situé à proximité de l’implantation de Beit Yatir. Elle a sorti une arme et elle a couru vers le checkpoint en criant « Allah Akhbar » et les gardes présents sur les lieux, croyant à un attentat terroriste, ont ouvert le feu.
Le ministère a fait savoir que les gardes « ont rapidement réagi et ils ont neutralisé la femme avant qu’elle ne puisse utiliser son arme ». Il s’est ultérieurement avéré qu’il s’agissait d’un pistolet à air comprimé.
Le ministère a fait savoir que la femme était Juive et non palestinienne, comme l’avaient laissé entendre des informations initiales sur l’incident. Elle était une ancienne soldate et elle s’appelait Livnat Green.
Sur des images, la victime gît au sol, touchée par les tirs des forces israéliennes. Une arme se trouve à ses côtés.
Sa mort a été prononcée sur les lieux. Il s’agirait d’un suicide. L’armée israélienne a annoncé que l’incident n’avait pas fait d’autre blessé.

Dans une conversation WhatsApp dont le contenu a fuité auprès des médias, Green demande à un ami : « Si quelqu’un veut mourir – imaginons un Juif ordinaire, un Israélien qui porte des vêtements arabes, qui court avec une fausse arme vers un checkpoint dans les territoires en criant Allah Akhbar parce qu’il veut qu’on lui tire dessus, qu’il veut mourir… Mais qu’en fin de compte, il n’est que blessé à la jambe et qu’il survit : est-ce qu’on va le mettre en prison pour ça ? Et si c’est le cas, combien de temps et sous quel chef d’accusation ? »
ליבנת גרין, חיילת משוחררת הלוקה בנפשה, הגיעה אתמול למעבר יתיר כשהיא לבושה בבגדים שחורים – ורצה לכיוון מאבטחי משרד הביטחון בצעקות "אללה אכבר" עם רובה מאולתר. המאבטחים הגיבו באש. לפני האירוע, רמזה לידיד על כוונה לשים קץ לחייהhttps://t.co/x4hchLZ5jZ | @elishabenkimon pic.twitter.com/Uzobr3BG1u
— ידיעות אחרונות (@YediotAhronot) May 10, 2023
L’ami répond alors : « C’est de toi dont tu es en train de parler ? ». La femme répond : « Peut-être, qui sait ? », avec un émoticône qui hausse les épaules.
Un selfie qui a été apparemment pris peu de temps avant l’incident montre Green habillée d’un niqab et d’une longue robe noire, le pistolet à air comprimé à la main.

L’ami avait prévenu la police de la conversation qu’il venait d’avoir avec la jeune femme et les forces de l’ordre auraient lancé des avertissements à divers checkpoints de Cisjordanie – apparemment trop tard.
« Elle m’a envoyé une photo d’elle portant un hijab et une photo montrant une arme et elle m’a demandé ce qui arriverait si elle était seulement blessée aux jambes – je ne savais pas si elle parlait sérieusement mais j’ai préféré prévenir », a-t-il commenté auprès de la Douzième chaîne.
« Elle m’a dit qu’elle était dans le bus et qu’elle se rendait au checkpoint pour commettre une attaque et pour se suicider », a-t-il ajouté.
« Je me suis dit qu’il ne fallait pas prendre de risque et j’ai appelé la police. Je lui ai envoyé la photo qu’elle m’avait transmise une heure environ avant l’attaque. Peut-être que sa vie aurait pu être sauvée », a-t-il dit devant les caméras de la Douzième chaîne.
L’histoire de Livnat Green a été publiée dans les médias il y a près de trois ans, après qu’elle a indiqué en ligne qu’elle avait été expulsée d’un foyer social de Beer sheba dans un délai très court, 18 mois après la fin de son service militaire obligatoire dans la police des frontières. Elle s’est ensuite installée dans une tente devant le ministère de l’aide sociale en novembre 2020.
Selon le site Ynet, la jeune femme avait été accueillie par le ministre de la Défense de l’époque, Naftali Bennett, et par sa famille il y a quelques années, alors qu’elle était sans-abri.
Elle avait rapidement été contactée par Bennett, qui l’avait invitée à rester chez lui. Elle y a séjourné pendant un certain temps.
« Il m’a réveillée et il m’a préparé une omelette. C’était important pour lui que je ne sois pas à la rue, dehors, parce qu’il faisait froid et qu’il pleuvait. Au début, j’avais honte mais ils m’ont fait vite comprendre que je n’avais aucune raison de l’être », avait raconté la jeune femme en évoquant la période passée dans la famille de Bennett.
Elle avait ensuite déménagé dans un appartement pour les soldats seuls, où elle est restée pendant quelques mois.
Mercredi en fin de matinée, Bennett lui a rendu hommage.
« Nous l’avions chaleureusement accueillie dans notre maison, elle dormait dans la chambre de notre fille Michal et nous avons écouté son histoire complexe », a écrit Bennett sur Twitter, en y ajoutant une photo de Livnat Green aux côtés de sa famille.

« Quelle fille intelligente. Quelle histoire de vie difficile et touchante », a écrit Bennett.
« Après lui avoir trouvé une solution de logement, nous avons également travaillé pour aider Livnat à trouver un emploi à Beer Sheva et nous avons essayé de l’aider d’autres manières, afin qu’elle se remette sur les rails », a écrit Bennett.
« Sa mort est très douloureuse. Son âme n’a pas dû trouver la paix », a-t-il écrit.
« Nous devrions tous être conscients des difficultés des personnes souffrant de troubles mentaux et les aider autant que possible », a écrit Bennett. « Que ta mémoire soit bénie, chère Livnat. Ma famille et moi-même nous souviendrons toujours de toi. »
Selon l’article, la jeune femme, née Sapir Cohen, avait eu une enfance difficile et elle était une amie de Tikva Saban, une femme originaire de Beer Sheva à qui un agent de police avait conseillé « d’aller se suicider sans nous embêter » alors qu’elle avait appelé les forces de l’ordre pour parler de sa détresse psychique, demandant de se faire hospitaliser.
Le corps sans vie de Saban avait été retrouvé un mois plus tard.

Green avait raconté dans des entretiens passés qu’elle avait été hospitalisée pour des problèmes psychiatriques et qu’elle avait tenté de se suicider à un certain nombre d’occasions. Elle avait indiqué souffrir du syndrome de stress post-traumatique suite à son service militaire au sein de la police des frontières et elle avait raconté avoir des difficultés à trouver un travail.
« Il n’y a pas de suivi des jeunes les plus vulnérables. Plus de 90 % d’entre eux ne font pas l’armée. Les rares qui font leur service militaire sont des soldats seuls et ce qui leur arrive, lorsqu’ils quittent l’armée, est catastrophique. Personne ne les attend. Ils sont simplement exploités », avait fait savoir une source en contact avec Green à l’époque au site Ynet, une source qui avait témoigné sous couvert d’anonymat.