Contre l’avis des experts, le Premier ministre veut plus de pétrole transitant par Eilat
En novembre 2021, le ministère de la Protection environnementale avait imposé à Eilat une politique "de zéro risque supplémentaire"
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Quelques jours seulement après que des scientifiques de premier plan ont mis en garde contre les risques environnementaux encourus par la faune et la flore marines, le Bureau du Premier ministre a fait circuler parmi les ministères, pour commentaire, une ébauche de décision gouvernementale qui prévoit d’augmenter les quantités de pétrole qui pénétreront dans le pays via le port d’Eilat, dans un environnement particulièrement sensible du sud du pays. Le document porte aussi sur l’approbation de l’importation de distillats de pétrole.
En novembre 2021, le ministère de la Protection environnementale avait imposé à Eilat – un port où se trouvent des coraux qui figurent parmi les plus précieux du monde – une politique « de zéro risque supplémentaire ».
Une politique qui avait suivi la soumission de deux enquêtes environnementales dont les résultats, selon le ministère, avaient été insatisfaisants. Les enquêtes avaient été effectuées par l’entreprise publique Europe Asia Pipeline Company, responsable des oléoducs terrestres qui relient Eilat, sur la mer Rouge, et Ashkelon, une ville située sur la côte méditerranéenne.
Un mois plus tard, trois organisations environnementales avaient retiré une requête déposée devant la Haute cour contre un accord pétrolier majeur qui avait été signé entre l’Europe Asia Pipeline Company et des hommes d’affaires israéliens et émiratis, après que le gouvernement a déclaré qu’il n’y avait aucune interférence entre cet accord et la politique portant sur la limitation des risques qui avait été adoptée par le ministère de la Protection environnementale.
Mais l’EAPC a exercé de fortes pressions sur le gouvernement et au mois de février 2022, le Bureau du Premier ministre a réclamé un réexamen politique.
Le document qui circule actuellement est le résultat de ce nouveau réexamen.
Le ministère de la Protection environnementale interdit actuellement à l’EAPC d’importer plus de deux millions de tonnes de pétrole par an, même s’il a affiché plus de flexibilité pour le pétrole utilisé par les Israéliens seulement depuis le début de la guerre à Gaza.
La décision proposée par le gouvernement propose l’annulation de la politique du zéro risque, d’étendre la flexibilité mise en place dans le cadre de la guerre et qui a permis, jusqu’à présent, d’importer de plus grandes quantités de pétrole et d’annuler la condition précisant que l’or noir importé pendant le conflit ne sera utilisé que par les Israéliens.
En réponse à l’appel, l’EAPC a souligné avoir créé une réserve pétrolière stratégique pour l’État juif, estimant que la guerre actuelle avait mis l’accent sur la nécessité absolue, pour le pays, de disposer de deux ports susceptibles de traiter le pétrole.
« L’EAPC continuera à assurer un approvisionnement continu d’énergie pendant toutes les périodes de l’année, au bénéfice de tous les résidents d’Israël », a noté la firme.
La projet de décision du gouvernement appelle aussi à créer une équipe dirigée par le directeur-général du ministère de l’Énergie qui examinera la possibilité d’importer des produits pétroliers distillés, et notamment du fioul, via le port d’Eilat.
L’équipe comprendra des représentants des ministères des Finances et de la Défense, de l’administration chargée de la planification et de l’armée – mais pas du ministère de la Protection environnementale. Elle devra soumettre ses conclusions dans les 45 jours.