Dans le nord d’Israël en guerre, une « ville fantôme » aux airs de Covid
Une poignée à peine de commerces ouverts et un ballet de véhicules militaires : la ville de Kiryat Shmona a été vidée de ses habitants au profit des soldats sur le pied de guerre

Une poignée à peine de commerces ouverts et un ballet de véhicules militaires: dans le nord d’Israël, la ville de Kiryat Shmona a été vidée de ses habitants au profit des soldats sur le pied de guerre.
Dans les rues de cette ville perchée dans les montagnes du nord d’Israël, il y a ces jours-ci plus de chats que d’humains. Sauf, à bien y regarder, dans une ruelle, où des employés d’un centre d’appels sont rassemblés à la fenêtre de leur bureau, café et smartphone en mains, comme pour guetter un signe de vie.
« Je n’ai jamais vu Kiryat Shmona comme ça (…). C’est comme si nous étions dans une ville fantôme », souffle Hosam Willie, chef de l’équipe technique de cette société de télécoms.
« En fait, ça me rappelle le Covid-19. Mais au moins en ce temps-là, vous pouviez voir des gens marcher dehors ou sur le balcon de leur appartement. Mais là, il n’y a vraiment personne », dit-il.
Depuis l’attaque du groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre, la frontière nord d’Israël s’est aussi embrasée.
Les tirs de roquettes du groupe terrorise islamiste libanais du Hezbollah, membre comme le Hamas de « l’axe de la résistance » mené par l’Iran contre Israël et les frappes aériennes israéliennes en représailles, sont quasi quotidiens. Une situation qui a forcé l’évacuation des populations israéliennes vivant à la lisière de la frontière et le départ volontaire de milliers d’autres vivant un peu plus profondément dans les terres comme à Kyriat Shmona.

Jeudi, des roquettes tirées depuis le Liban se sont écrasées sur place. Les frappes n’ont pas fait de victimes ou de dégâts majeurs mais sont un rappel clair du danger qui court tout autour dans les collines à l’apparence paisible.
Le long de la frontière, les soldats israéliens se préparent d’ailleurs à une possible guerre avec le Hezbollah, un ennemi doté d’arsenal militaire plus important que celui du Hamas dans la bande de Gaza.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 253 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Plus de 29 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé dirigé par les terroristes du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. L’armée israélienne affirme avoir tué plus de 12 000 membres du groupe terroriste à Gaza, en plus d’un millier de terroristes à l’intérieur d’Israël le 7 octobre.
« Dans nos esprits »
De crainte de l’ouverture d’un second front avec le Hezbollah, plusieurs collègues de Hosam Willie ont préféré télétravailler à Tibériade, sur les abords du majestueux lac éponyme, ou dans des grandes villes comme Jérusalem ou Tel-Aviv, voire tout au sud d’Israël, dans la station balnéaire d’Eilat.

Celle-ci a été depuis le 7 octobre la cible de tirs de roquettes des rebelles yéménites Houthis, autre membre de « l’axe de la résistance ».
Mais Hosam Willie, membre de la minorité druze, préfère rompre son isolement et travailler depuis le bureau malgré les checkpoints qu’il doit traverser quotidiennement depuis son village dans les hauteurs du plateau du Golan.
Sur la route et au travail, une question le hante: la possible guerre à venir. « Nous ne savons pas si cela va arriver ou non. Personne ne sait (…), l’attente est vraiment dure », souffle ce père de deux jeunes garçons.
« C’est toujours dans nos esprits », renchérit sa collègue Miliah Hasbani, 27 ans, qui fait 100 kilomètres quotidiennement depuis Tibériade pour se rendre au travail à Kyriat Shmona.
« Au moins, quand je suis ici, au bureau, la situation me semble plus normale », dit-elle à l’AFP.
Pour les employés, la décision de rester dans les parages ou non dépend souvent de leurs responsabilités à l’égard de leur famille immédiate ou de parents plus âgés. D’autres craignent de rester enfermés avec leurs familles pendant des mois dans des chambres d’hôtels.
« L’atmosphère est beaucoup plus agréable au boulot. Cela nous permet de voir des gens », assure Miliah. Blagueur, Hosam tente de voir le positif dans cette crise: le parking gratuit: « Et en plus, on peut se garer où on veut ».
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