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Reportage

Dans un orphelinat éthiopien, des enfants atteints du VIH font de grands rêves

S’éclipsant du marathon africain de Netanyahu, des journalistes ont visité le centre AHOPE d’Addis Ababa soutenu par Hadassah et l’Ambassade israélienne

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Une fille lit la Bible dans son lit au Centre d'Addis-Abeba AHOPE pour les orphelins séropositifs, le 7 juillet 2016 (Crédit : Raphael Ahren / Times of Israel)
Une fille lit la Bible dans son lit au Centre d'Addis-Abeba AHOPE pour les orphelins séropositifs, le 7 juillet 2016 (Crédit : Raphael Ahren / Times of Israel)

ADDIS ABABA, Ethiopie — Au début, Kalkidan Tesfaye a ignoré les visiteurs étrangers et a simplement continué à jouer avec ses deux amies. Mais quelques minutes plus tard, sans même être présentée aux journalistes israéliens qui sont arrivés, elle s’est confiée.

« J’ai su que j’avais le VIH quand j’avais six ans », a-t-elle déclaré dans un anglais remarquable.

A l’époque, il y a dix ans, Tesfaye ne comprenait pas vraiemnt les implications de tout cela. Aujourd’hui, elle sait exactement ce que cela signifie d’être porteuse du dangereux virus, mais elle a décidé de ne pas se laisser abattre.

« Maintenant, je suis une femme libre. Je vis ma vie comme tout le monde, a-t-elle déclaré en se tenant à côté d’une ambulance qui semblait venir tout droit d’un film de années 1970.

Tesfaye, qui veut être psychologue lorsqu’elle sera grande, est l’un des 30 orphelins séropositifs au VIH qui reçoivent diverses aides sociales et médicales à la branche éthiopienne d’AHOPE pour les Enfants. Niché dans un petit bâtiment entouré de fils barbelés sur la Rue Mekanissa, près des ambassades du Vatican et des Emirats Arabes Unis, ce centre fournit aux enfants, dont la plupart ont perdu leurs deux parents, un foyer accueillant et un soutien professionnel psychologique et social.

Le centre s’assure, et c’est le plus important, que les enfants vivant ici prennent les médicaments anti-retroviral qu’ils doivent prendre tous les jours. Les pilules des enfants, des soi-disant cocktails, sont conservées dans un grand placard bleu clair avec des grandes vitres, qui se situe dans le bureau principal du centre.

« Certains d’entre eux en prennent une fois par jour, certains deux fois par jours, en fonction du type de médicaments qu’ils prennent, a déclaré Mengesha Shibru, le directeur du centre. Ils doivent le prendre pour le reste de leur vie ».

Danavoit Tedla, Rahel Nunu et Kalkidan Tesfaye au Centre AHOPE pour les orphelins séropositifs à Addis-Abeba, Ethiopie (Crédit : Raphael Ahren / Times of Israel)
Danavoit Tedla, Rahel Nunu et Kalkidan Tesfaye au Centre AHOPE pour les orphelins séropositifs à Addis-Abeba, Ethiopie (Crédit : Raphael Ahren / Times of Israel)

Jeudi dernier, Shibru a accueilli un groupe d’environ six journalistes israéliens qui ont décidé spontanément de s’éclipser de la couverture de la visite du Premier ministre Benjamin Netanyahu en Afrique, qui avait lieu principalement dans de splendides palais présidentiels et des chambres d’hôtel de luxe. Shibru, portant un costume bleu sombre, a guidé les invités surprise pour une visite du centre et a patiemment répondu aux questions sur la tache sensible de traiter les enfants qui sont contaminés par le VIH.

L’un des aspects les plus difficiles de son travail est d’expliquer aux enfants le virus qu’ils ont, a-t-il précisé. AHOPE, qui reçoit un soutien financier et global de la part de l’Ambassade israélienne à Addis et de l’Hôpital Hadassah de Jérusalem, dispose de ce qu’il qualifie de « modèle d’explication » spécial pour guider les processus d’information des enfants quant à leur condition.

« Nous avons ce que nous appelons une explication partielle, parce qu’ils ne peuvent pas pleinement comprendre ce qu’est le VIH et comment il va affecter leur corps, a déclaré Shibru. Chaque enfant est différent, mais ils apprennent tous leur condition par étapes. Lorsqu’ils ont l’âge de dix ans, nous leur expliquons leur statut [mais] cela dépend aussi de leur niveau de curiosité. Lorsqu’ils posent beaucoup de questions, cela signifie qu’ils sont prêts à en savoir plus ».

Le Centre AHOPE à Addis-Abeba, Ethiopie (Crédit : Raphael Ahren / Times of Israel)
Le Centre AHOPE à Addis-Abeba, Ethiopie (Crédit : Raphael Ahren / Times of Israel)

Pour l’heure, aucune plaque n’informe les visiteurs de la contribution israélienne au centre, même si elle est assez importante. Le professeur Dan Engelhard, chef du Département des maladies infectieuses pédiatriques et du Centre pédiatrique du SIDA à Hadassah, est impliqué dans AHOPE depuis plus d’une décennie, offrant des soins, des conseils et une assistance concrète au centre. Selon l’organisation médicale Hadassah, Engelhard a « sauvé les vies de milliers d’enfants africains ».

Plus récemment, Hadassah a aidé le centre à créer une zone d’art et de métier manuel, permettant aux enfants de créer des œuvres d’art qu’ils exposent et vendent au public. L’ambassade israélienne à Addis Ababa réalise aussi de fréquentes contributions financières pour le centre.

Rahel Nunu montrant son art à des journalistes israéliens au Centre AHOPE pour les orphelins séropositifs à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 7 juillet 2016 (Crédit : Raphael Ahren / Times of Israel)
Rahel Nunu montrant son art à des journalistes israéliens au Centre AHOPE pour les orphelins séropositifs à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 7 juillet 2016 (Crédit : Raphael Ahren / Times of Israel)

« Nous avons des chambres consacrées à l’art là-bas, parce que la plupart de nos enfants sont traumatisés, a-t-il déclaré, montrant du doigt une tente située dans la cour principale du centre. Ils ont dû surmonter de nombreux traumatismes. Nous pensons donc que la musique, le sport et le dessin sont des façons de surmonter ces traumatismes ».

Aussi difficile que la vie puisse être pour les orphelins porteurs du VIH, la situation globale en Ethiopie s’améliore lentement, a déclaré Shibru.

La sensibilisation du public et des projets soutenus pour le gouvernement ont aidé à réduire de moitié le nombre de personnes qui sont séropositives. Aujourd’hui, on estime que 700 000 Ethiopiens portent le virus.

« Auparavant, c’était normal de perdre un enfant, tout particulièrement en 2004, 2005 et 2006, se souvient Shibru d’un ton grave. Les enfants mourraient comme des mouches. Mais depuis lors, la situation s’est nettement améliorée. « Je suis à AHOPE depuis sept ans et je n’ai encore jamais vu d’enfant mourir du VIH. Il y a d’autres cas. Cette année, par exemple, nous avons perdu un enfant parce qu’il a eu un infarctus qui n’était pas directement lié au VIH ».

Les orphelins pris en charge savent que leur condition n’est plus aussi grave que beaucoup de personnes le pensent encore. « Ils ont de grands rêves, a déclaré Shibru, se tenant à côté de trois filles qui ont donné des petits entretiens aux journalistes. Ils veulent être comme tout le monde ».

Le directeur AHOPE Mengesha Shibru, le 7 juillet 2016 (Crédit : Raphael Ahren / Times of Israel)
Le directeur AHOPE Mengesha Shibru, le 7 juillet 2016 (Crédit : Raphael Ahren / Times of Israel)

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