Deborah Lipstadt refuse un poste à Columbia, dénonçant sa gestion de l’antisémitisme
L’ex-envoyée américaine pour l’antisémitisme dit qu’elle ne veut pas être instrumentalisée par la fac, et critique son traitement des manifestations anti-Israël

Deborah Lipstadt, ancienne envoyée spéciale des États-Unis pour la surveillance et la lutte contre l’antisémitisme sous la présidence de Joe Biden, a révélé qu’elle avait refusé un poste à l’université Columbia, en raison de la manière dont l’établissement a géré les récentes manifestations pro-palestiniennes sur son campus.
Dans un essai publié dimanche par The Free Press, Lipstadt explique qu’elle doutait de la sincérité de Columbia quant à ses efforts pour améliorer le climat sur le campus. Elle craignait aussi de devenir la cible de harcèlement si elle venait y enseigner.
Lipstadt, actuellement professeure à l’université Emory, précise qu’elle s’inquiétait également du rôle qu’aurait pu jouer sa présence à Columbia, redoutant d’être instrumentalisée pour améliorer artificiellement l’image de l’établissement et de son collège affilié, Barnard, en pleine crise.
« Je crains que ma présence ne serve à convaincre le monde extérieur que ‘oui, nous, à Columbia/Barnard, nous luttons contre l’antisémitisme. Nous avons même invité l’ancienne envoyée spéciale chargée de surveiller et de combattre l’antisémitisme’ », a-t-elle écrit. « Je ne veux pas être utilisée pour couvrir une situation totalement inacceptable. »
Columbia est devenue un épicentre des manifestations contre la guerre à Gaza depuis son déclenchement, après le pogrom perpétré par le groupe palestinien du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. L’année dernière, l’université a été le berceau du mouvement national des campements.
Les étudiants israéliens et juifs ont déclaré que les manifestations et la rhétorique, y compris de la part de certains enseignants, avaient créé un environnement hostile et dangereux pour eux sur le campus.

Face aux tensions croissantes, l’administration de Columbia a tenté de calmer les esprits en adoptant plusieurs mesures, dont la création d’un groupe de travail sur l’antisémitisme.
Lipstadt s’était d’abord déclarée encouragée par la décision de Barnard d’exclure deux étudiantes ayant perturbé un cours d’histoire israélienne lors d’une manifestation anti-Israël. Mais elle s’est ensuite dite consternée lorsque l’université a permis à des étudiants protestataires, qui occupaient un bâtiment du campus la semaine dernière, de quitter les lieux sans aucune sanction.
« Voir Barnard céder face à la pression et renoncer à appliquer ses propres règles m’a convaincue que je ne pouvais pas venir enseigner à Columbia, même pour un seul semestre », a-t-elle écrit.
Lipstadt ajoute que la présidente par intérim de Columbia, Katrina Armstrong, l’a personnellement appelée après avoir été informée de sa décision vendredi.