Depuis leurs cellules, les jeunes pro-implantations appellent à la défiance face aux ordonnances administratives
Alors que le Shin Bet défend sa tactique, l'estimant nécessaire pour prévenir le terrorisme, les militants d'extrême droite affirment que leurs droits sont ignorés
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Suite à une récente recrudescence des ordonnances administratives du ministre de la Justice pour empêcher les violences commises par les mouvements pro-implantation, un groupe de jeunes militants d’extrême-droite a commencé à désobéir délibérément aux décrets à leur encontre, a rapporté mardi la Deuxième chaîne.
Quatre jeunes ont récemment été placés en détention pour avoir violé leurs ordonnances administratives. Ces dernières peuvent inclure l’interdiction d’entrer en Cisjordanie, l’interdiction d’entrer en contact avec certains individus ou une détention à domicile pendant la nuit, a fait savoir le reportage.
Le ministère de la Défense, conseillé par les services de sécurité du Shin Bet et la police israélienne, a souscrit à cette pratique, affirmant qu’elle a aidé à réduire de manière substantielle le nombre de crimes de haine et, de manière plus notable, celui des attaques de type « prix à payer ». Ces dernières se réfèrent aux délits commis en représailles des politiques israéliennes considérées comme défavorables aux activistes pro-implantation les plus radicaux.
Mais de jeunes militants, qui se trouvent poursuivis une fois encore par le Shin Bet, et qui font l’objet des 30 ordonnances administratives les plus récentes, affirment que leurs droits ont été piétinés dans la mesure où ils n’ont pas été soumis aux procédures normales.
Parmi les quatre activistes d’extrême-droite actuellement emprisonnés pour avoir contrevenu à une ordonnance administrative qui a été renouvelée figure Moshe Shahor.
« Ils abusent d’un individu sans aucune raison », a déclaré ce dernier en évoquant les forces de sécurité israéliennes durant un entretien avec la Deuxième chaîne. « [Ces ordres] ne concernent pas six mois, mais une longue période. Moi, par exemple, je fais l’objet d’une ordonnance administrative de trois ans et demi. Si vous pensez que j’ai fait quelque chose, alors inculpez-moi. »
Shahor a appelé les autres militants d’extrême-droite à ne pas se soumettre à leurs ordonnances administratives respectives en signe de protestation.
Alors que cette méthode est utilisée depuis longtemps pour les détentions de Palestiniens en Cisjordanie, elle a été de plus en plus employée au cours des dernières années contre de jeunes Israéliens, notamment après une attaque meurtrière, en juillet 2015, commise dans le village de Duma, au cours de laquelle Ali Dawabsha, âgé de 18 mois, et ses parents, Saad et Riham, avaient été tués.
Les ordonnances administratives contre des Israéliens ont majoritairement ciblé les militants connus sous le nom de « Jeunes des Collines », des jeunes qui s’installent dans des avants-postes d’implantation, résistent aux tentatives des soldats de les évacuer et sont impliqués dans les attaques de type « prix à payer » et autres crimes de haine.
L’avocat de Shahor, Itamar Ben Gvir, a estimé que les techniques mises en œuvre par le Shin Bet vont bien au-delà de ce qui est équitable, et qu’elles sont antidémocratiques. « Lorsque vous lancez des ordonnances d’un caractère si radical et arbitraire, cela vous revient finalement au visage comme un boomerang », a-t-il indiqué dans une déclaration.
Le Shin Bet a défendu ces mesures.
« Dans le cadre des efforts visant à déjouer les activités terroristes extrémistes et violentes ces derniers mois, des restrictions administratives ont été imposées à des militants connus afin de les empêcher de mener des activités contre les Palestiniens et les forces de sécurité », a déclaré le Shin Bet à la Deuxième chaîne.