Deri savait que le journal du Shas était financé par des fonds public – média
La procureure générale enquête sur un ministre du Shas après que de l'argent destiné à un réseau éducatif lié au parti aurait été utilisé pour payer les salaires du canal de communication du Shas, HaDerech

Le président de Shas, Aryeh Deri, savait que des fonds publics étaient acheminés vers HaDerech, le journal de son parti ultra-orthodoxe, à partir d’un réseau d’écoles affilié au parti, ce qui pourrait constituer une infraction à la loi, a rapporté dimanche la chaîne publique Kann.
Une lettre de février 2022 publiée par le réseau d’écoles – qui a été envoyée quelques semaines seulement après que Deri eut été condamné à une peine avec sursis par le tribunal du district de Jérusalem pour fraude fiscale – semble montrer que Deri avait été informé des allégations selon lesquelles l’argent destiné au canal de communication du parti provenait de fonds publics.
Des SMS ultérieurs de Deri, publiés par Kann, semblent le montrer en train de déclarer qu’il s’est renseigné sur la question et qu’il n’est pas sûr de la marche à suivre.
Un porte-parole du Shas n’a pas répondu à une demande de commentaire du Times of Israel.
La semaine dernière, Kann a rapporté que la procureure générale Gali Baharav-Miara avait ouvert une enquête sur le député Haïm Biton (Shas), un responsable du ministère de l’Education et d’autres personnes associées au journal.
Selon les médias israéliens, des fonds publics destinés au réseau scolaire Maayan Hachinuch Hatorani de Shas auraient été acheminés vers HaDerech par diverses méthodes détournées pendant que Biton était à la tête du réseau. Le journal aurait utilisé ces fonds publics pour payer les salaires de la rédaction et des journalistes.

Dans une déclaration datant de la semaine dernière, le Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël, un groupe qui a fait pression pour qu’une enquête soit menée sur cette affaire, a salué l’enquête.
Il existe « de sérieux soupçons d’utilisation de fonds publics à des fins politiques », ce qui peut porter « gravement atteinte à la confiance du public », a déclaré le groupe de surveillance, qui s’est engagé à « continuer à suivre de près l’évolution de l’enquête ». Deri a été impliqué dans de nombreux scandales financiers au cours de sa longue carrière politique.
En 2022, il a été condamné à une peine avec sursis après avoir plaidé coupable de délits fiscaux dans le cadre d’un accord avec les procureurs qui l’a également amené à démissionner de la Knesset.
L’accord de plaidoyer comprenait l’admission de cinq délits liés à l’impôt sur le revenu et d’un délit de violation de l’impôt foncier.
Deri avait déjà purgé 22 mois de prison entre 2000 et 2002, après avoir été reconnu coupable d’avoir accepté des pots-de-vin alors qu’il était ministre de l’Intérieur. En 2013, il est revenu en politique et a repris la direction de Shas, est redevenu ministre de l’Intérieur de 2016 à 2021, date à laquelle son parti est entré dans l’opposition.
Après son retour au pouvoir à la suite de la chute du gouvernement Bennett-Lapid en 2022, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a tenté de renommer Deri à ce poste, mais a été bloqué par la Haute Cour, qui a jugé que la nomination de ce vétéran de la politique ultra-orthodoxe en tant que ministre de l’Intérieur et de la santé était « déraisonnable à l’extrême » au vu de ses condamnations pénales.

(Crédit photo: Flash90)
Dans une décision prise à 10 voix contre 1, la Cour a accepté l’avis de la procureure générale Baharav-Miara selon lequel la nomination de Deri ne satisfaisait pas au critère de « raisonnabilité » auquel les tribunaux peuvent recourir pour évaluer les décisions du gouvernement.
Les pétitions contre la nomination de Deri, déposées par le Mouvement pour un gouvernement de qualité, le Mouvement pour un comportement éthique et un groupe de particuliers, faisaient valoir que sa condamnation en 2022 pour fraude fiscale, ainsi que sa condamnation en 1999 pour corruption, le rendaient inapte à exercer les fonctions de ministre.
En avril dernier, le quotidien Haaretz avait rapporté que des dizaines de milliers de shekels avaient été déposés mensuellement sur un compte partagé par Deri, sa fille et son gendre au cours de l’année 2022.
Le gendre de Deri avait alors déclaré que les paiements correspondaient à des loyers d’appartements situés dans le sud de Tel-Aviv.
Répondant à Haaretz, un conseiller de Deri avait qualifié l’article de « biaisé et manipulateur » et a déclaré qu’il était « infondé »
Jeremy Sharon et l’équipe du Times of Israël ont contribué à cet article.