Des comportements déplacés de visiteurs à Oradour-sur-Glane
Le village martyr de Haute-Vienne connait des agissements irrespectueux de visiteurs, comme déjà vus au mémorial de la Shoah de Berlin ou au camp d’Auschwitz
Depuis des années, certains agissements de certains visiteurs du mémorial de la Shoah de Berlin ou encore du musée-camp d’Auschwitz peuvent choquer. En cause : des selfies tout-sourire et des agissements déplacés au sein de ces lieux de mémoire. Il y a quelques années, un artiste israélien vivant en Allemagne, Shahak Shapira, avait ainsi épinglé ces comportements dans une œuvre réalisée à partir de photomontages choc.
Désormais, le président de l’association nationale des familles des martyrs d’Oradour-sur-Glane affirme que le même phénomène peut être constaté dans ce village martyr de Haute-Vienne, où 643 civils ont été massacrés par les SS le 10 juin 1944.
Benoît Sadry regrette ainsi des selfies et des postures en décalage avec le passé du lieu, a rapporté le journal Ouest-France.
« Il y a des selfies de jeunes souriant devant les bâtiments ou dans des positions peu respectueuses. C’est très dérangeant car ils ne prennent pas la mesure de comprendre ce qu’il s’est passé ici. Des jeunes de banlieue parisienne sont aussi déjà venus tourner un clip de rap sur le mémorial. Et on a même eu des messages très provocateurs comme un homme qui a fait une quenelle dans l’église », a-t-il indiqué, en référence au salut antisémite initié par le polémiste Dieudonné.
Il dit néanmoins vouloir différencier les photos prises par les visiteurs sincères et choqués par leur visite des lieux, de celles prises généralement par de plus jeunes générations, sans respect des lieux et des victimes.
« Il faut être honnête, on est à bientôt 80 ans de l’événement historique. Ça n’a plus du tout la même portée pour les nouvelles générations. C’est un sujet de moins en moins abordé dans les cours d’histoire, mais il y a aussi une évolution de la société sur ce type de souffrance, car, aujourd’hui, c’est banalisé par tout ce que l’on voit à la télé. Notamment en ce moment avec ce qu’il se passe en Ukraine. Les auteurs de ces selfies sont essentiellement des jeunes qui sont de plus en plus confrontés tôt à la violence de ces images », théorise Benoît Sadry.
« Il faut revenir sur un apprentissage de certaines valeurs en milieu scolaire et ce n’est pas seulement lié à Oradour. Même si on travaille beaucoup sur la pédagogie pour faire comprendre avec, notamment, un couloir des visages des victimes pour les identifier physiquement et pas simplement lire une liste de noms », pense-t-il.
Une autre initiative permettant de toucher les jeunes générations : il y a peu, le village d’Oradour-sur-Glane a répondu favorablement à des propositions de tournage de vidéo de Youtubeurs comme Tibo InShape, avec la garantie d’un récit respectueux.
« On a reçu Tibo InShape de manière très saine en lui précisant bien quel ton on ne voulait pas dans la vidéo. Il a pris du temps pour se rectifier et la vidéo a fait deux millions de vues. Et ce n’est pas négligeable pour sensibiliser les jeunes », conclut Benoît Sadry.
Tibo InShape a aussi tourné une vidéo dans le camp de concentration de Natzweiler-Struthof, en Alsace.