Des militants de droite manifestent à Jérusalem contre « l’accord Trump »
Israël n'est pas "une étoile de plus sur le drapeau américain", a dit l'organisateur de la manifestation ; trois manifestants ont été interpellés pour dégradation de véhicules et incendies

Un millier de manifestants de droite ont manifesté jeudi soir à Jérusalem contre l’accord de cessez-le-feu conclu par Israël et le Hamas, annoncé la veille.
A l’initiative de familles de victimes ou d’otages issues de la droite politique israélienne, ce « rassemblement d’urgence » s’est voulu une tentative de dernière minute de s’opposer à un accord, qui, de l’avis de nombreux spécialistes, a été rendu possible grâce au nouveau président américain Donald Trump.
La police a procédé à l’arrestation de trois manifestants auxuels il est reproché d’avoir perturbé la circulation, endommagé des véhicules et allumé des feux plus tard lors de la manifestation.
Les manifestants brandissaient des banderoles appelant Israël à poursuivre la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza jusqu’à la victoire ou des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Conquête, expulsion, implantations » dans l’enclave.
Cette manifestation a commencé sans grande organisation: des manifestants se sont rassemblés près du podium, d’autres sous le barnum installé pour prendre un café, un thé ou permettre la prier des femmes. Un groupe d’hommes – des jeunes pour l’essentiel – a bloqué un carrefour un peu plus loin sur le trajet de la manifestation.
Depuis le podium central, des personnes ont pris la parole pour demander aux manifestants qui bloquaient la circulation de se joindre au rassemblement principal : des proches de soldats morts au combat et des dirigeants des mouvements favorables aux implantations ont prononcé des discours.
Berale Crombie, organisateur du forum Gvura, organisation de familles de victimes, a introduit les discours suivants en demandant aux ministres de voter contre l’accord lors du Conseil des ministres de vendredi.
« L’État d’Israël n’est pas une étoile de plus sur le drapeau américain », a-t-il déclaré. « L’accord Trump est mauvais pour Israël. »

Yehoshua Shani, président du forum et dont le fils, Uri Mordechai Shani, est mort au combat le 7 octobre, a expliqué que le seul moyen, selon lui, de libérer les otages était de parvenir à une « victoire militaire totale ».
Il a demandé aux ministres, en particulier ceux du parti Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, de « prendre leur courage à deux mains » et de voter contre l’accord.
La militante des implantations Daniella Weiss s’est insurgée contre Trump et la perspective d’un accord de paix avec l’Arabie saoudite tout en appelant à la constitution d’implantations juives à Gaza.
« Trump a promis l’enfer à Gaza, et il nous donne l’enfer à nous, le peuple juif ! » s’est-elle exclamée, face à la foule.
Dirigeante sioniste religieuse de longue date, très active dans la fondation des implantations de Cisjordanie après la guerre des Six Jours, elle est depuis peu devenue une ardente défenseuse de la réinstallation à Gaza.

Elle a déploré que beaucoup, dans les rangs de la droite israélienne, se soient convaincus que Trump « nous apportera de bonnes choses, comme s’il était le messie ».
« Mais le voilà qui cherche déjà la paix avec l’Arabie saoudite », a-t-elle ajouté, qualifiant cette perspective «d’illusion de paix mondiale ».
« Il faut revenir sur ce qui a été fait et annuler cet accord. C’est une honte, une honte d’en être à ce point, à ramper devant nos ennemis », a-t-elle poursuivi.
La foule a alors commencé à scander « Mort aux terroristes », marquant ainsi une brève pause dans son discours.
Affirmant que le monde arabe se réjouissait de cet accord sur les otages et le cessez-le-feu, Weiss a ajouté qu’il ne s’agissait « pas seulement de joie mais de préparatifs d’attaque, de préparatifs de guerre ».
Elle a par la suite repris une partie de ses arguments en anglais pour se faire entendre des médias étrangers, et a affirmé que le monde entier craignait Trump parce que « tout comme il a récompensé le Hamas pour son attaque d’Israël, il va récompenser la Russie son attaque de l’Ukraine ».
Elle a demandé à Netanyahu et ses ministres de « respecter les valeurs de la Bible, les valeurs de la nation juive » et de voter contre cet accord sur les otages et le cessez-le-feu.
A message in English from veteran religious Zionist activist Daniella Weiss, one of the loudest voices calling now to resettle the Gaza Strip: pic.twitter.com/tRONDVbOIk
— charlie summers (@cbsu03) January 16, 2025
« Nous voulons que le peuple juif soit sur la terre d’Israël… [nous] ne donnerons jamais aucune partie vibrante de la terre d’Israël à qui que ce soit », a-t-elle ajouté. « Nous nous implanterons à Gaza, nous nous implanterons au Liban, nous nous implanterons dans toute la Terre promise ! », a-t-elle conclu sous un tonnerre d’applaudissements.
Lorsqu’elle a quitté la scène, Tzvika Mor, père de l’otage du Hamas Eitan Mor, a dit que son fils avait « fait les frais » de l’accord de 2011 pour faire libérer Gilad Shalit, soldat pris en otage.
Plus tard dans la soirée, des manifestants ont une nouvelle fois bloqué la circulation à un carrefour, un peu plus loin.
Selon un communiqué de la police, les forces de l’ordre ont interpelé trois personnes pour trouble à l’ordre public et dégradation de véhicules.
L’un d’entre eux aurait utilisé du gaz poivre contre les manifestants, a indiqué la police. Des manifestants ont par ailleurs bloqué la circulation, véhicules d’urgence compris, et allumé un feu au milieu de la route, précise le communiqué.