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Des milliers de manifestants à Tel Aviv contre la mauvaise gestion de l’épidémie

Chômeurs, syndicats étudiants et travailleurs indépendants réunis sur la place Rabin pour réclamer un soutien financier alors que le pays enregistre trois nouveaux décès du covid

Des milliers d'Israéliens manifestent sur la place Rabin à Tel Aviv, appelant au soutien financier du gouvernement israélien au milieu de la crise des coronavirus, le 11 juillet 2020. (Crédit : Miriam Alster / Flash90)
Des milliers d'Israéliens manifestent sur la place Rabin à Tel Aviv, appelant au soutien financier du gouvernement israélien au milieu de la crise des coronavirus, le 11 juillet 2020. (Crédit : Miriam Alster / Flash90)

La participation à une manifestation organisée samedi soir à Tel Aviv contre la politique économique du gouvernement pendant la pandémie de COVID-19 grimpe à quelque 10 000 personnes, selon les estimations des médias hébraïques.

Le rassemblement a été organisé par des groupes de travailleurs indépendants, de petites entreprises mais aussi d’artistes, se sentant abandonnés par le gouvernement après la fermeture forcée de leur commerce et des lieux publics pendant la pandémie.

Les syndicats étudiants ont aussi participé au rassemblement pour exprimer leurs inquiétudes dans un contexte où de nombreux jeunes se retrouvent aujourd’hui sans travail.

Une résidente de Tel Aviv, Ruti Arenfeld, a confié au Times of Israël assister à la manifestation sur la place Rabin, traditionnel lieu de rassemblement, pour afficher sa solidarité avec beaucoup de ses amis qui ont perdu leur emploi en raison des restrictions écrasantes prises par le gouvernement pour tenter de contenir la pandémie.

« Je ne suis pas ici pour faire une déclaration politique. Il y en a qui essaient de faire ça sur la corruption de Bibi, mais je pense que c’est une erreur », dit-elle alors qu’un homme passe près d’elle avec une affiche disant ‘Les corrompus rentrent chez eux’, à côté d’une photo du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

« Je suis ici pour appeler le gouvernement à faire ce qu’il a promis. Transférer l’argent aux salariés et aux petites entreprises », poursuit Arenfeld. « Vous leur avez dit de fermer et ils l’ont fait. Maintenant, c’est à vous de les aider avant qu’il ne soit trop tard », ajoute-t-elle.

« Ce n’est pas une protestation politique, c’est une protestation du peuple », a déclaré Ronen Maili, chef de l’Association des bars et clubs d’Israël, à Kan. Commentant le paquet d’aide financière que Netanyahu a dévoilé lors d’une conférence de presse jeudi, Maili le décrit comme une « jolie présentation », mais dit que les manifestants exigent une action immédiate. « Nous voulons voir l’argent à la banque. La période de naïveté est terminée », a-t-il asséné.

Le taux de chômage en Israël a bondi ces derniers mois, passant de 3,4 % en février à 27 % en avril, avant de redescendre légèrement en mai à 23,5 %. Les chiffres de juin n’ont pas encore été publiés.

Si les salariés qui se sont retrouvés sans travail ont pu demander des allocations chômage, les travailleurs indépendants affirment chaque jour que nombre d’entre eux attendent depuis des mois l’aide promise par le gouvernement.

« Il y a une grave crise de confiance entre le gouvernement et nous », a déclaré samedi Shai Berman, un des organisateurs de la manifestation, au micro de la radio publique israélienne. Berman faisait partie d’un groupe de militants invités vendredi par Netanyahu et des responsables du ministère des Finances, dans une tentative de dernière minute visant à éviter la gigantesque manifestation. « Il a essayé », a déclaré Berman, ajoutant que les aides présentées étaient un bon début mais comportaient des défauts. « Nous tiendrons nos engagements », avait de son côté déclaré Netanyahu lors de la réunion selon son bureau. « Comme une grande partie de la population, nous nous sentons de plus en plus en détresse, on veut manifester, on ne croit pas aux promesses », avait ajouté Berman, affirmant que la manifestation serait non partisane.

Cela n’a pas empêché certains des manifestants de scander « Bibi [Netanyahu], rentre chez toi », dans ce qui semble représenter le sentiment de nombreux participants.

Des manifestants du « drapeau noir » se sont également rassemblés samedi à travers Israël contre Netanyahu, l’appelant à démissionner en raison des actes d’accusation pour corruption dont il fait l’objet. Selon Kan, plus de 160 manifestations ont eu lieu dans différents endroits du pays.

A LIRE – Etat d’Israël vs. Netanyahu : détails de l’acte d’accusation du Premier ministre

Les 300 policiers présents sur la place Rabin et ses alentours demandaient aux manifestants de respecter les directives du gouvernement concernant le coronavirus en restant à deux mètres l’un de l’autre et en portant des masques. « Des centaines de policiers seront déployés » pour assurer « la protection des manifestants et préserver l’ordre public », avait indiqué la police israélienne dans un communiqué.

Israel Katz, alors ministre des Affaires étrangères, à Jérusalem le 22 octobre 2019. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

« Les manifestants n’ont aucune raison de protester, nous n’avons pas perdu le contrôle de ce qui se passe dans l’économie », a estimé le ministre des Finances, Israel Katz à la Treizième chaîne. Concernant les plaintes selon lesquelles l’aide gouvernementale promise a été lente à arriver, Katz dit : « l’argent arrivera à la banque mardi et vous le verrez dans votre compte mercredi. »

Une quinzaine de manifestants, qui s’étaient réunis en début de soirée devant les studios de télévision de la Douzième chaîne à Neve Elan, ont été arrêtés après avoir troublé l’ordre public en pénétrant à l’intérieur des locaux. La chaîne allait interviewer Katz.

Certains à Tel Aviv ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Laissez-nous respirer » en hébreu. Un écho au « Je ne peux pas respirer », repris dans les manifestations contre les violences policières dans le monde entier depuis la mort sordide de George Floyd, un Américain noir de 46 ans, décédé le 25 mai lorsqu’un policier blanc a appuyé son genou sur son cou pendant près de neuf minutes.

En fin de soirée, certains manifestants tentaient de bloquer l’accès à l’autoroute Ayalon :

Le ministre de la Défense, Benny Gantz, avait exprimé son soutien aux Israéliens qui protestent et semble appeler au vote d’un budget sur deux, qui s’étendrait donc jusqu’en 2021 – un point de discorde avec Netanyahu.

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« Les citoyens qui sont descendus dans la rue expriment une détresse réelle et justifiée et ils ont le droit de le faire, et nous en tant que gouvernement avons la responsabilité d’écouter et de travailler pour trouver des solutions », a écrit Gantz sur sa page Facebook.

« Le coronavirus nous a apporté l’une des plus grandes crises sanitaires, sociales et économiques de l’histoire de l’État. Ensemble, nous pouvons la surmonter en préservant la vie et les moyens de subsistance », avait-il ajouté.

Gantz a dit avoir déclaré à Netanyahu et à Katz que, avec le paquet d’aide financière qu’ils avaient annoncé jeudi, le parti Kakhol lavan qu’il dirige, insisterait sur le fait qu’une « politique budgétaire beaucoup plus large soit bientôt présentée pour encourager la croissance à aller de l’avant » et aille au-delà des trois prochains mois.

« Les manifestants expriment une détresse réelle et justifiée », avait de son côté écrit le ministre de la Justice Avi Nissenkorn (Kakhol lavan) sur Twitter. Nissenkorn, ancien chef du syndicat de la Histadrout, a déclaré que le paquet d’aide financière dévoilé jeudi par Netanyahu et Katz est un « pas dans la bonne direction, mais nous devons présenter un budget qui apportera la sécurité économique et des moteurs de croissance. »

Dans le cadre de l’accord de coalition conclu entre Kakhol lavan et le Likud de Netanyahu, les parties avaient convenu d’adopter un budget sur deux ans. Citant la pandémie, Netanyahu veut désormais un budget d’un an seulement, ce qui pourrait potentiellement lui permettre de déclencher de nouvelles élections sans avoir à remettre le poste de Premier ministre au ministre de la Défense Benny Gantz, comme convenu.

« Nous insisterons pour que le budget se tourne vers 2021 et fournisse un filet de sécurité aux entreprises, aux travailleurs indépendants et aux chômeurs », a déclaré Nissenkorn.

Le député Ram Shefa (Kakhol lavan) avait aussi exprimé son soutien à la manifestation. « Chaque manifestation est importante, mais la manifestation d’aujourd’hui est cruciale. Avant les décisions budgétaires, notre rôle ici est de veiller à ce qu’aucun membre de la coalition ne continue à oublier quelles sont les bonnes priorités nationales en ce moment », a-t-il tweeté.

Des milliers d’Israéliens manifestent sur la place Rabin à Tel Aviv, appelant au soutien financier du gouvernement israélien au milieu de la crise des coronavirus, le 11 juillet 2020. (Crédit : Miriam Alster / Flash90)

Le ministère de la Santé a de son côté signalé 1 198 nouveaux cas de coronavirus survenus pendant Shabbat, portant le nombre total d’infections en Israël depuis le début de la pandémie à 37 464.

Sur les 18 296 cas actifs, 134 personnes sont dans un état grave, dont 49 sous respirateurs. 102 autres personnes sont dans un état modéré et les autres présentent de légers symptômes ou sont asymptomatiques.

Le ministère enregistre également trois autres décès, portant le bilan à 354. Il indique que 25 265 tests ont été effectués hier.

Israël avait imposé mi-mars un strict confinement. Seuls les professionnels exerçant des métiers jugés essentiels étaient autorisés à travailler. Le gouvernement a levé certaines restrictions à la fin du mois de mai. Le nombre de contaminations est toutefois reparti à la hausse, entraînant le rétablissement de restrictions comme la fermeture des bars, des boîtes de nuit, des salles de sport et des piscines publiques.

Le pays, qui compte environ 9 millions d’habitants, a enregistré le premier cas de Covid-19 sur son sol le 21 février.

L’AFP a contribué à cet article.

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