Des « pavés de la mémoire » scellés à Bruxelles devant des écoliers
La cérémonie, à l'initiative de l'Association pour la mémoire de la Shoah établie à Bruxelles, se tenait le jour du 80e anniversaire de la libération d'Auschwitz
Trois nouveaux « pavés de la mémoire » rendant hommage à des Juifs raflés à Bruxelles en septembre 1942, déportés puis assassinés dans le camp nazi d’Auschwitz ont été dévoilés lundi dans la capitale belge.
La cérémonie, à l’initiative de l’Association pour la mémoire de la Shoah établie à Bruxelles, se tenait au jour du 80e anniversaire de la libération de ce camp d’extermination construit par l’Allemagne nazie en Pologne et où plus d’un million de Juifs ont été assassinés entre 1940 et 1945.
Devant plusieurs dizaines d’élèves d’écoles belges, qui ont chacun déposé une rose blanche sur ces pavés en laiton, elle a donné aux organisateurs l’occasion d’insister sur l’importance d’enseigner ce qu’a été la Shoah, à travers les visages, noms et histoires personnelles de ces victimes « réduites à des numéros et à des cendres ».
« Chaque souvenir partagé, chaque témoignage entendu est une barrière contre la répétition de ces crimes », a déclaré Meyer Zalc, président de l’Association pour la mémoire de la Shoah. « Enseigner cette mémoire c’est préparer un avenir où la dignité humaine est respectée, où la diversité est célébrée et où les tragédies de cette ampleur ne peuvent plus se reproduire », a ajouté cet octogénaire, descendant de Juifs polonais, qui a échappé de peu aux rafles en Belgique occupée.
À ses côtés, une élue de la ville de Bruxelles, Faouzia Hariche, a tenu à évoquer le « courage » de certains enseignants craignant d’évoquer le génocide des Juifs par les nazis devant leur classe, mais qui décident de surmonter cela et de ne « pas se taire ».
« Une toute petite minorité d’enseignants craint d’aborder ce sujet et il faut les outiller pour cela », a dit à l’AFP Mme Hariche, adjointe au maire chargée de l’instruction publique.
Début janvier, deux directrices d’école d’Anderlecht avaient refusé de participer au scellement de pavés de la mémoire dans cette commune bruxelloise, prétextant l’extrême sensibilité du sujet en pleine guerre menée par Israël dans le territoire palestinien de Gaza.
Le prétexte était « qu’on ne pouvait pas imposer cela aux élèves et aux parents », selon l’association mémorielle. Le différend s’est réglé après l’intervention du bourgmestre d’Anderlecht et ces deux écoles étaient finalement représentées lors de cette cérémonie il y a une quinzaine de jours.
Au total, au moins 1 500 pavés de la mémoire ont été scellés sur des trottoirs en Belgique devant les lieux où vivaient des déportés. Cette pratique commémorative s’est développée à partir de la fin des années 1990 en Allemagne, avant de s’étendre en France et en Belgique notamment. Près de 100 000 « Stolpersteine » sont recensés dans toute l’Europe.