Des pilotes américains de la Guerre de Yom Kippour retrouvent leurs « frères d’armes » israéliens
10 pilotes américains qui s'étaient portés volontaires pour livrer des avions de chasse à l’armée israélienne reviennent dans le pays qu’ils ont aidé à défendre il y a 44 ans
TEL AVIV (JTA) – L’arrivée d’avions de chasse en Israël, dans le cadre de livraisons d’armes avait duré un mois et avait été cruciale pour renverser la situation en faveur de l’Etat juif lors de la guerre de Yom Kippour.
Mais pour les pilotes américains qui s’étaient portés volontaires pour livrer les avions de chasse, ce n’était rien d’autre qu’une mission. Alan Chesterman, qui faisait partie d’un escadron de l’US Navy et qui avait livré quelques avions en Israël, a déclaré qu’il n’avait qu’une vague connaissance d’Israël ou de sa situation sécuritaire lorsqu’il y a atterri en octobre 1973.
« Nous savions que nous volions dans une zone de combat, mais nous n’avions pas d’autres informations, a-t-il précisé. J’étais dans l’état d’esprit de me dire, je suis jeune, j’aime l’aventure et je n’ai peur de rien, mais on pourrait dire que j’étais jeune et stupide. Piloter c’était ma vie ».
Chesterman, âgé de 72 ans, était un des deux pilotes qui ont retrouvé récemment les Israéliens à qui ils avaient remis les Douglas A-4 Skyhawks. Avec neuf autres pilotes américains accompagnés de leurs femmes, ils ont eu le droit à une visite VIP d’Israël pour voir ce qu’était devenu le pays qu’ils avaient aidé à défendre après l’attaque surprise de ses voisins arabes il y a 44 ans.
Les Américains ont atterri à l’aéroport Ben-Gurion samedi sur des vols commerciaux, et, depuis lors, ils voyagent dans le pays et reçoivent des briefings de militaires de haut rang. Ils ont visité la base aérienne de Tel Nof mercredi, où ils ont échangé des histoires de guerre avec plus d’une dizaine de pilotes israéliens qui ont volé sur les Skyhawks américains et ont refait une photo avec plusieurs d’entre eux, y compris le pilote américain à la retraite Roy « Bubba » Segars, âgé de 76 ans, et l’ancien pilote israélien Jacob « Booby » Daube, à l’identique de celle prise pendant la guerre.
Jeudi, les pilotes américains ont participé à une cérémonie de fin d’étude de pilote à la base aérienne d’Hatzerim, où ils ont pu voir leur Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Reuven Rivlin s’exprimer.
Rami Lothan, âgé de 65 ans, est un pilote de l’Armée de l’Air israélienne qui a accueilli les Américains en 1973 et a piloté un des Shyhawks pendant la guerre. Il a participé à un show aérien lors de l’événement, pilotant un avion d’entraînement à hélice. Il a aidé à organiser le voyage après avoir rencontré des membres du groupe dans un show aérien aux Etats-Unis.
Lothan a déclaré que pendant la guerre de Yom Kippour, dans laquelle une coalition d’armées arabes menée par l’Egypte et la Syrie a attaqué Israël non préparé le jour le plus saint du calendrier juif, les pilotes israéliens n’avaient pas pu apprécier l’arrivée des Américains, qui combattaient au Vietnam à l’époque. La visite de cette semaine, a-t-il souligné, a été une occasion d’y réfléchir.
« Je ne pense pas que nous ayons eu assez de temps pour nous poser et apprécier ce qui se passait. Tout ce que nous faisions était de piloter des avions qui pouvaient larguer des bombes, a-t-il déclaré. Mais voir ce gars ; c’est comme des frères disparus. J’admire ces pilotes qui n’avaient aucun lien avec le Moyen Orient ; ils venaient de finir une mission au Vietnam, et ils se sont tous portés volontaires pour venir ici nous aider ».
Chesterman s’est souvenu qu’il était stationné sur la base aérienne en Californie du sud lors que le commandant de l’escadron a demandé des volontaires pour une mission dangereuse et sans donner plus d’informations. Ils ont presque tous levé leurs mains. En l’espace de deux jours, ils sont arrivés en Israël, en effectuant plusieurs escales, y compris en Espagne, le seul pays européen à les avoir acceptés alors qu’ils se rendaient en Israël.
Segars, l’autre pilote de la mission qui se trouve maintenant en Israël, a tiré quelques munitions vers la Libye en chemin.
Même si les Américains sont restés en Israël seulement pour quelques heures, Chesterman a compris que le pays était totalement mobilisé pour l’effort de guerre. Il s’est souvenu avoir vu la femme et les enfants d’un soldat camper dans une tente sur une piste de la base aérienne, avec leurs vêtements qui séchaient sur une batterie de défense aérienne.
« C’est à ce moment là que ça m’a frappé : je me suis dit qu’ils ne se battaient pas uniquement pour un territoire. Ils combattaient littéralement pour leurs vies, a déclaré Chesterman. Toute la famille était appelée pour servir et elle est restée pendant tout le conflit. Cela ne se passait pas comme ça aux Etats-Unis ».
Chesterman a déclaré que les Israéliens ont accueilli les pilotes américains avec un repas amical sur la base, au cours duquel lui et ses camarades pilotes « ont fait de leur mieux pour boire tout l’alcool ». Un des pilotes israéliens qui avait bu avec eux s’est soudain excusé en déclarant qu’il devait retourner au combat. Ce n’est qu’à ce moment-là que les Américains ont compris qu’il avait bu du thé, et pas de la bière.
Segars – le pilote qui a « tiré sur Mouammar Kadhafi », comme l’a dit Chesterman, a sincèrement tenté de convaincre les Israéliens de le laisser participer au combat. Mais les quelques bières qu’il venait de boire « l’ont privé de l’opportunité d’aller faire la guerre pour un autre pays », a dit Chesterman.
Jusqu’à récemment, Chesterman avait peur de revenir en Israël parce qu’il pensait que ce n’était pas sûr. Mais durant ce voyage, le deuxième dans le pays en deux ans, il s’est détendu en sachant que « les gentils ont toutes les armes ». Il a aussi appris à apprécier le rôle qu’il a joué pour aider Israël dans un moment de crise profonde et à aimer ce que le pays est devenu.
« Je suis vraiment impressionné par la manière dont les Israéliens se comportent, a-t-il déclaré. Ils sont fiers de leur pays. Un pays si jeune, des personnes si intelligentes, de la technologie, et aussi tellement d’histoire. C’est un endroit incroyable. Si je n’avais pas mes enfants et mes petits enfants aux Etats-Unis, Israël serait en tête de liste des endroits où j’aimerais vivre ».
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