Israël en guerre - Jour 470

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Analyse

Diminué par la guerre en Syrie, Nasrallah réchauffe un vieux sujet : Israël

Ayant perdu l’admiration du monde arabe, le dirigeant du Hezbollah n’a pas d’autre choix que de séduire et de menacer l’Etat juif

Avi Issacharoff est notre spécialiste du Moyen Orient. Il remplit le même rôle pour Walla, premier portail d'infos en Israël. Il est régulièrement invité à la radio et à la télévision. Jusqu'en 2012, Avi était journaliste et commentateur des affaires arabes pour Haaretz. Il enseigne l'histoire palestinienne moderne à l'université de Tel Aviv et est le coauteur de la série Fauda. Né à Jérusalem , Avi est diplômé de l'université Ben Gourion et de l'université de Tel Aviv en étude du Moyen Orient. Parlant couramment l'arabe, il était le correspondant de la radio publique et a couvert le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak et l'actualité des pays arabes entre 2003 et 2006. Il a réalisé et monté des courts-métrages documentaires sur le Moyen Orient. En 2002, il remporte le prix du "meilleur journaliste" de la radio israélienne pour sa couverture de la deuxième Intifada. En 2004, il coécrit avec Amos Harel "La septième guerre. Comment nous avons gagné et perdu la guerre avec les Palestiniens". En 2005, le livre remporte un prix de l'Institut d'études stratégiques pour la meilleure recherche sur les questions de sécurité en Israël. En 2008, Issacharoff et Harel ont publié leur deuxième livre, "34 Jours - L'histoire de la Deuxième Guerre du Liban", qui a remporté le même prix

Hassan Nasrallah pendant la procession de l'Achoura à Beyrouth, le 3 novembre 2014. (Crédit : AFP/STR)
Hassan Nasrallah pendant la procession de l'Achoura à Beyrouth, le 3 novembre 2014. (Crédit : AFP/STR)

Le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah est revenu mardi soir à ce qu’il fait toujours de mieux : menacer Israël et tenté de faire dévier la conversation au Liban vers la confrontation mise en attente avec l’Etat juif. Après quelques années problématiques et difficiles impliquant des critiques sans fin de la population libanaise en général, et particulièrement de la communauté chiite, sur l’implication du Hezbollah dans la guerre civile en Syrie, pour une soirée au moins, le cheik souriait à nouveau.

Nasrallah a donné un discours combattant le jour de l’anniversaire de l’assassinat en 1992 de son prédécesseur Abbas Musawi par une frappe israélienne depuis un hélicoptère sur son convoi. Après la mort de Musawi, Nasrallah, qui avait alors 33 ans, a été nommé nouveau secrétaire général du Hezbollah. Il a rapidement utilisé ses qualités rhétoriques, particulièrement quand il s’agissait d’Israël.

Mais depuis mars 2011, et avec l’enlisement en cours du Hezbollah dans la sanglante guerre civile syrienne, Nasrallah n’est plus considéré comme une étoile montante et son statut de dirigeant admiré du monde arabe en a considérablement souffert.

Ses efforts pour aider le régime assiégé de Bashar el-Assad en Syrie a fait de lui une figure profondément haïe par beaucoup de Sunnites du Moyen Orient. Son statut de « bouclier du Liban » – construit pendant la guerre de 2006 avec Israël et même au préalable, quand l’armée israélienne s’était retirée du sud Liban en 2000 – s’est érodé, à la lumière des batailles féroces du Hezbollah aux côtés d’un despote qui a commis d’innombrables crimes contre l’humanité.

Ces derniers mois, Nasrallah a parlé de manière obsessive, quasi hebdomadaire, du sujet syrien et de la situation au Liban. Certes, il n’a pas complètement ignoré Israël, mais l’ennemi réel et éprouvé du sud du Hezbollah est resté en marge. Mardi, il a cependant semblé que les conseillers en communication de Nasrallah l’aient convaincu de reprendre ses attaques rhétoriques contre Israël, quand il invoquait une nouvelle ancienne menace de bombarder les réservoirs d’ammoniaque de Haïfa.

« La bombe nucléaire du Liban », a-t-il appelé une telle attaque dans son discours. Ce n’est bien sûr pas nouveau ; pendant la deuxième guerre du Liban, le Hezbollah avait tenté de frapper ces réservoirs chimiques. Le public israélien a comme d’habitude presque oublié ce danger, mais le dirigeant du Hezbollah l’a remis dans les gros titres, poussant les organisations environnementales d’Israël à lutter frénétiquement.

Des milliers de partisans du Hezbollah participent aux funérailles de l'un des six combattants du groupe terroriste chiite libanais tués dans un raid aérien israélien le 19 janvier 2015 (Crédit : AFP)
Des milliers de partisans du Hezbollah participent aux funérailles de l’un des six combattants du groupe terroriste chiite libanais tués dans un raid aérien israélien le 19 janvier 2015 (Crédit : AFP)

Dans son discours, Nasrallah a semblé sourire plus que d’habitude. A nouveau capable de montrer sa plus grande force, son charme personnel, au moins pour une soirée, il s’est moqué des contacts secrets des états sunnites avec Israël et s’est ouvertement demandé comment ils pouvaient se fier à la même entité qui « a tué des Sunnites en Palestine, en Jordanie et au Liban ». Il a négligé de mentionner les milliers de Sunnites tués des mains des combattants du Hezbollah en Syrie.

Le discours de Nasrallah intervient au bon moment pour son groupe, alors que l’échelle du Hezbollah repenche vers l’axe soi-disant chiite – le Hezbollah, l’armée d’Assad, Gardiens de la révolution iraniens, et bien sûr, les Russes. Nasrallah irradie de confiance et continue de promettre que son organisation est proche de la victoire en Syrie.

Mais la situation en Syrie n’est pas si simple. Certes, l’axe shiite a fait des progrès, comme c’est clairement visible dans la région nord ouest d’Alep, et à Daraa dans le sud. Et pourtant l’axe chiite n’a pas encore commencé à se battre contre l’Etat islamique, qui est situé à des centaines de kilomètres de la scène des batailles actuelles.

Le Hezbollah a déjà perdu 1 500 combattants en Syrie, et les critiques du groupe résonnent fortement au Liban.

Plus de 5 000 hommes de Nasrallah ont été blessés pendant les batailles, et nous pouvons supposer que beaucoup plus seront blessés dans les prochains mois. Mais que peut-il y avoir de mieux, pour voiler les troubles intérieurs, qu’une petite rhétorique explosive contre Israël maintenant que le Hezbollah a finalement une « bombe nucléaire » ?

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