Divisée sur l’antisémitisme, la gauche française dénonce le discours de LFI
Un atelier organisé à l'université d'été des Écologistes a permis de mettre en évidence des fractures au sein de la gauche sur la question de la lutte contre l'antisémitisme
À l’université d’été des Écologistes, organisée du 22 au 24 août, des voix se sont élevées jeudi 22 contre les prises de position de La France insoumise. La question a été soulevée lors d’un atelier autour de l’antisémitisme intitulé « Comment rassembler à gauche contre l’antisémitisme après le 7 octobre ? », rapporte le Journal du Dimanche.
Six intervenants se sont succédés pour exprimer d’une seule voix l’importance pour la gauche de mener le combat contre l’antisémitisme, tout en accusant le parti de Jean-Luc Mélenchon de régulièrement flirter avec cet antisémitisme.
« Ce qui a changé depuis le 7 octobre, c’est la brutalité féroce du discours de LFI », a ainsi exprimé Roxane Kasperski, membre du collectif Golem, un groupe de Juifs de gauche centrés sur la lutte contre l’antisémitisme.
L’eurodéputée socialiste Emma Rafowicz a, elle, dénoncé la « campagne antisémite extrêmement violente » qu’elle a récemment subie sur les réseaux sociaux, et qu’elle impute en partie à Manon Aubry, tête de liste LFI aux élections européennes de juin dernier.
Emma Rafowicz a aussi rappelé des propos frôlant avec l’antisémitisme tenus par certains représentants insoumis comme David Guiraud, qui a notamment déclaré : « Le bébé dans le four, ça a été fait par Israël », ou encore Jean-Luc Mélenchon qui a accusé Éric Zemmour de « reproduire beaucoup de traditions liées au judaïsme ».
Le leader insoumis avait par ailleurs considéré que l’antisémitisme était « résiduel » en France, alors que selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur, les actes antisémites ont triplé par rapport à l’an dernier.
Emma Rafowicz a donc conclu son propos en estimant que : « Oui, il y a un antisémitisme qui s’est installé dans une partie de la gauche. » Et l’élue socialiste a exprimé la solitude ressentie dans son propre camp face aux attaques dont elle est victime. Elle rappelle les « conseils bienveillants » des cadres du parti, qui lui suggéraient de ne pas oublier de « parler aussi de Gaza, quand même ». La députée a eu l’impression qu’on attendait d’elle de se justifier en raison de sa religion, qu’elle devait expliquer en permanence que la guerre menée par Israël à Gaza n’était pas faite « en son nom ».
Elle a par ailleurs accusé LFI de « cynisme paternaliste », qui pousserait les Insoumis à croire qu’une déclaration antisémite satisferait leur électorat. Ce à quoi le député écologiste Steevy Gustave a ajouté que la « haine crée des carrières », tout en regrettant la mise en concurrence des luttes antiracistes, qui pousserait les Insoumis à minimiser l’antisémitisme et à prioriser la lutte contre l’islamophobie.
Également présent à l’événement, le sénateur communiste Pierre Ouzoulias a estimé qu’il existe un « antisémitisme d’inspiration musulmane, qu’il faut dénoncer au même titre que l’antisémitisme d’inspiration chrétienne ».
L’élu rappelle des propos de Jean-Luc Mélenchon qui avait jugé que le socialiste Jérôme Guedj représentait « la gauche du judaïsme ». Il ajoute que « le Nouveau Front populaire ne peut pas accepter de tels propos, nous devons être intraitables ».
L’atelier organisé par les Écologistes montrent ainsi une fois encore que la lutte contre l’antisémitisme constitue depuis le 7 octobre un point de désaccord fondamental entre les différentes composante du Nouveau Front populaire. Tous les partis de gauche ont cette année prévu de parler de la lutte contre l’antisémitisme lors de leurs universités d’été.