Edelstein à Moscou : Les tirs syriens qui débordent des frontières, une « ligne rouge » pour Israël
Lors d’une rencontre avec Lavrov, le président de la Knesset affirme que Jérusalem ne tolérera pas les tirs sur son territoire et demande au Kremlin de l'aider à récupérer les restes des soldats qui sont aux mains du Hamas
Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël

MOSCOU – Le président de la Knesset, Yuli Edelstein, a prévenu jeudi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qu’Israël ne tolérerait pas les tirs perdus continus de la guerre civile de la Syrie sur le plateau du Golan, en les qualifiant de « ligne rouge » pour l’Etat juif.
Au cours de la semaine passée, les tirs perdus en provenance de Syrie ont atteint le plateau du Golan à quatre reprises, poussant les soldats de l’armée israélienne à cibler les installations de l’armée syrienne, y compris lors d’une frappe samedi qui aurait tué deux soldats syriens.
Israël tient le régime d’Assad – qui est soutenu par la Russie et l’Iran dans le conflit – pour responsable de tous les incidents provenant du pays déchiré par la guerre.
Lors d’une réunion organisée au ministère des Affaires étrangères de Moscou, Edelstein a déclaré que « les tirs, ou ce qu’on appelle un ‘tir perdu’, sur le territoire israélien est une ligne rouge que nous ne permettons en aucun cas d’être franchie et que nous ne tolérerons pas la présence iranienne à la frontière ».
Israël craint que la République islamique, avec ses intermédiaires, enracine ses forces sur sa frontière nord, ce qui lui donne un meilleur accès pour attaquer l’État juif.
Edelstein n’a pas précisé quelles autres mesures Israël serait prêt à prendre. Jérusalem a pris soin de rester hors des combats syriens, en dehors des frappes de représailles et des attaques aériennes signalées sur les présumés transferts d’armes au groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
Lavrov a exprimé sa « compréhension » sur les problèmes de sécurité d’Israël, a déclaré Edelstein après la réunion, bien que « tous les fossés n’aient pas été comblés » au cours de la réunion.
Edelstein a également demandé à Lavrov d’aider Israël à récupérer les corps de deux soldats de l’armée israélienne tués pendant la guerre de Gaza en 2014, qui sont entre les mains du groupe terroriste du Hamas dans l’enclave côtière. Il a laissé de nombreuses informations à Lavrov au sujet des soldats Hadar Goldin et Oron Shaul – ainsi que le soldat de l’armée israélienne Guy Hever, disparu en 1997 dans les hauteurs du Golan.
Le président de la Knesset a exprimé ses préoccupations au sujet des tensions accrues entre Washington et Moscou, ce qui, a-t-il suggéré, pourrait affecter Israël.
« Les bonnes relations entre Moscou et Washington sont essentielles pour la paix dans le monde et certainement pour l’Etat d’Israël », a-t-il déclaré.
Accueillant Edelstein avant la réunion, Lavrov a noté le « contact constant » entre le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Israël se coordonne avec la Russie pour mener des attaques ponctuelles sur les convois d’armes du Hezbollah en Syrie.
Lavrov et Edelstein ont reconnu qu’il y avait des liens qui se réchauffaient entre Moscou et Jérusalem sur les affaires économiques, l’éducation et la coopération parlementaire.

Le président de la Knesset était à Moscou pour une visite officielle de trois jours sur l’invitation de la présidente Valentina Matviyenko, présidente du Conseil de la Fédération.
Un ancien prisonnier en Sibérie pour avoir enseigné de l’hébreu, Edelstein est devenu mercredi le premier Israélien à s’adresser à la chambre haute du Parlement russe.
Dans son allocution aux législateurs russes, le président de la Knesset a souligné les menaces sécuritaires auxquelles est confronté Israël, du Hezbollah au nord au Hamas au sud.
« Derrière le Hezbollah et le Hamas se trouve l’Iran », qui aspire à l’expansion régionale et « répand ses idéologies de la haine contre l’humanité, qui menacent toutes les nations du monde », a-t-il déclaré.