En 2100, le stress thermique dû au réchauffement pourrait tuer 330 Israéliens par été
Les chercheurs préviennent que les vagues de chaleur dans l'est de la Méditerranée risquent d'être 7 fois plus fréquentes et de durer 3 fois plus longtemps d'ici 2100
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Des chercheurs israéliens affirment dans une nouvelle étude que quelque 330 personnes pourraient mourir de stress thermique chaque été d’ici la fin du siècle, si aucune mesure significative n’est prise pour réduire les émissions de gaz responsables du réchauffement climatique.
Cette estimation, qualifiée de « prudente », représenterait une multiplication par 11 du chiffre annuel actuel de 30 décès liés à la chaleur, selon la recherche, publiée dans le dernier numéro de Science of The Total Environment.
Les personnes âgées de 65 ans et plus, seraient les plus durement touchées par les fortes chaleurs et leur fréquence accrue.
Selon le Centre de recherche en épidémilogie des catastrophes (CRED), basé à Bruxelles, les vagues de chaleur ont causé plus de 16 000 décès en Europe l’année dernière, suite à au moins cinq vagues de chaleur record enregistrées sur le continent, au cours desquelles les températures estivales ont atteint les 47° Celsius.
La région méditerranéenne dans son ensemble est un foyer du dérèglement climatique, avec une hausse de température d’environ
1,5° Celsius depuis l’ère pré-industrielle, soit 20 % de plus que la moyenne mondiale.
Ce phénomène, qui se remarque surtout pendant l’été israélien, est lié à des changements complexes dans les systèmes de circulation de l’air.
Selon des recherches existantes, les durées des vagues de chaleur dans la région, qui comprend Israël, l’Égypte, la Syrie, la Jordanie et le sud de la Turquie, sont six fois plus longues que celles observées entre 1960 et 2010.
Les chercheurs, Assaf Hochman, de l’Institute of Earth Sciences à l’Université hébraïque de Jérusalem et deux universitaires de l’Institute of Meteorology and Climate Research du Karlsruhe Institute of Technology en Allemagne, où Hochman travaille également, prévoient que les vagues de chaleur en Méditerranée orientale seront probablement sept fois plus fréquentes et dureront trois fois plus longtemps d’ici à 2100.
En fait, selon eux, une seule vague de chaleur pourrait durer tout l’été.
Le document cite des recherches selon lesquelles le nombre de journées caniculaires dans la région côtière du Levant (où les températures diurnes culminent à 35° Celsius ou plus) pourrait dépasser deux mois jusqu’à la fin du 21e siècle. Il note que de tels changements se produiront là où la croissance démographique est importante, où les niveaux socio-économiques sont instables et où l’urbanisation peut aggraver la situation parce que les infrastructures, telles que les bâtiments et les routes, absorbent et réémettent la chaleur du soleil plus que les environnements naturels.
Le rapport conclut que « de véritables collaborations régionales interdisciplinaires sont nécessaires pour parvenir à adapter la santé publique aux événements météorologiques extrêmes dans un climat changeant. »
En septembre 2021, une conférence sur le changement climatique et la santé publique à l’université Ben Gurion du Néguev, dans le sud d’Israël, révélait que les chaleurs extrêmes pouvaient provoquer non seulement des décès, mais aussi des naissances prématurées et l’éclampsie, une grave complication de la grossesse, mais aussi augmenter les risques d’accident vasculaire cérébral et les réactions allergiques violentes.
De plus, en raison du réchauffement climatique, les parasites porteurs de maladies se répandent dans des régions où ils n’ont pas de prédateurs naturels. Les inondations provoquées par de fortes pluies peuvent entraîner des polluants dans le réseau hydrographique. Il s’agit notamment de l’urine des animaux, qui peut transmettre la leptospirose, une maladie potentiellement mortelle, et dont le risque de contamination a déjà entraîné la fermeture temporaire de cours d’eau dans le nord d’Israël.
La Dre Tamar Berman, toxicologue environnementale de l’Université hébraïque, qui conseille le ministère de la Santé israélien, a évoqué l’augmentation de la pression sur les services d’urgence, la hausse des maladies pathogènes, ainsi que des maladies physiologiques et mentales, l’augmentation de la pollution dans l’air (par exemple à cause des tempêtes de sable) et la contamination des aliments (les bactéries se développent à des températures chaudes et les agriculteurs pourraient être poussés à utiliser davantage de pesticides).
Selon Tamar Berman, qui a étudié les données officielles, les visites aux urgences en Israël s’étaient multipliées par six entre 2010 et 2019, suite aux vagues de chaleur.
Un plus grand nombre de personnes souffrant de maladies cardiaques et hématologiques ont été hospitalisées pendant l’été, a poursuivi M. Berman.
En outre, en raison de la sécheresse croissante, l’augmentation des tempêtes de sable est également préoccupante, car elles peuvent provoquer des lésions pulmonaires, a-t-elle ajouté.