En Autriche, controverse autour d’hymnes régionaux oeuvres de nazis
Le débat agite l'Autriche après la demande d'un collectif d'auteurs, indignés par la découverte du profil nazi de leurs compositeurs et paroliers
Faut-il ou non réécrire les hymnes régionaux ? Le débat agite l’Autriche après la demande d’un collectif d’auteurs, indignés par la découverte du profil nazi de leurs compositeurs et paroliers.
Cet organisme appelé IG a épinglé ces dernières semaines cinq chants associés aux huit provinces du pays alpin.
Dans une lettre ouverte consultée mercredi par l’AFP, il s’en prend à celui du Burgenland, une région de l’est de l’Autriche dont l’hymne a été composé par Peter Zauner, « membre actif du parti nazi ».
Ce fonctionnaire agricole « a mis sa musique au service de la propagande nazie », dénonce la société d’auteurs qui appelle le gouverneur social-démocrate à changer de chant pour « se tourner vers l’avenir ».
« Ce serait un geste exemplaire si vous vous décidiez à choisir un nouvel hymne tenant compte des artistes nés et ayant grandi dans le Burgenland d’aujourd’hui », écrit le collectif.
L’historien Herbert Brettl est à l’origine de recherches sur ce chant patriotique adopté en 1936, quand l’Autriche était un régime autoritaire, la dictature Dollfuss-Schuschnigg, avant d’être annexée par le Troisième Reich.
« On a la confirmation que Peter Zauner était actif au sein du parti nazi », a-t-il indiqué à l’AFP.
Si lui-même ne réclame pas l’abandon de l’hymne, il estime que « la région se doit maintenant de faire un travail historique » pour le « mettre en perspective » et le « replacer dans le contexte » de l’époque.
En avril, le collectif d’auteurs avait épinglé d’autres hymnes jugés problématiques sur un plan historique en Basse-Autriche, Haute-Autriche, Salzbourg et Carinthie, leurs auteurs ou compositeurs ayant eux aussi joué un rôle durant l’époque nazie.
Le parti d’extrême droite FPÖ, fondé par d’anciens nazis, s’est opposé à tout changement.
« Notre hymne est un bien culturel dont la contribution exceptionnelle au maintien de notre fière histoire justifie la protection », a réagi le chef du FPÖ de la région de Carinthie (sud), Erwin Angerer.
Au niveau national, le FPÖ figure en tête dans les sondages en vue des législatives de l’automne 2024.